Je tape cette série de mots en ce 30 juillet, date de la procession funéraire d’Ozzy Osbourne. Je dois avouer que je suis vraiment sous le choc, face à ce décès. Oui, j’étais à Birmingham pour le concert de Back to the Beginning et je me sens vraiment choyé. Vraiment, mais je commence à comprendre pourquoi je suis autant atteint par la mort du Prince des Ténèbres. La raison se veut plutôt simple. Oui, il était un personnage coloré en plus d’être une bête de scène. Mais à la base, c’est surtout qu’Ozzy est l’un des inventeurs face à la chose que j’aime le plus au monde : le metal.
Je sais, certains diront qu’en tant que père de famille, je devrais dire que ce sont mes enfants et mon épouse, mais j’ai bel et bien dit « la CHOSE » et aux dernières nouvelles, les humaines ne sont pas des choses. À l’âge vénérable de 50 ans, j’estime être un amateur de metal depuis 45 ans, c’est beaucoup et c’est surtout, une passion que je nourris encore.
Sinon, pourquoi écrirais-je encore sur ce sujet? Pourquoi aurais-je investi l’équivalent du montant d’une vacance familiale sur un périple métallique, pour moi-même?
Effectivement, Black Sabbath et Ozzy ont créé le genre qu’est le metal, ce qui veut dire que toutes les sous-couches qui en découlent retrouvent cette troupe de Birmingham, au niveau des racines. Que ce soit une formation hard rock, un groupe power metal ou de crasseux death métalleux, la source primale demeure celle qui nous amène vers cette sonorité produite par Osbourne, Iommi, Ward et Butler. C’est un fait indéniable, aucune obstination à avoir ici!
Il n’est pas nécessaire que le tout soit produit dans la langue de Shakepseare, l’important demeure le cœur qui est mis à l’ouvrage et c’est pourquoi nous retrouvons du metal chanté en espagnol, en allemand, en cantonais et aussi, en français! Et pas besoin de chercher bien loin pour trouver du metal en français. Chez nous, au Québec, nous avons Anonymus qui propose son metal principalement en français et ce, depuis des décennies!
Lors de la dernière dizaine d’années, nous avons vu pousser quelques formations québécoises qui ont décidé d’utiliser la langue de Molière pour passer leur message… morbidement fétide! Effectivement, avec Sedimentum, Outre-Tombe et Saccage, on passe au tordeur la parcelle métallique tout en utilisant un français, bien maitrisé!
Groupe en parallèle mis au monde par des membres d’Outre-Tombe et de Saccage, il nous arrive une toute nouvelle entité qu’est Décryptal et c’est bien important de garder l’accent aigu sur le E, question de garder le fait français… bien frais!

Premier album pour Décryptal qui nous arrive chez Rotted Life Records, un album plutôt ténébreux du nom de Simulacre. Pour se dissocier totalement de leur formation principale, chaque membre de Décryptal porte un nom de scène plutôt long et morbide, à l’exception du guitariste de Saccage, Nath Botch, qui utilise le nom Iconoclaste tandis que Marasme, guitariste chez Outre-Tombe mais bassiste et chanteur chez Décryptal, sévit sous le pseudonyme de, attention c’est long en cibole : Apothicaire typhonien de l’entropie subsismique.
Et pour les autres? Nous avons Pentécorcheur des poutres célestes aux percussions et Haruspice originel des cérémonies nécrobachiques à la voix et guitare. Ouff….
Sur une sonorité étrange arrive donc La Bête Lumineuse. Les plus féroces férus de cinéma pensent au documentaire de l’ONF du même nom mais avec Décryptal, on met plutôt en place cet album; ce sera caverneux, sombre et peu de possibilité lumineuse demeure… possible. Un death metal avec une voix abyssale, guitares bien affutées, une basse rondouillarde et c’est gris foncé comme ambiance.
Par la suite, ça mitraille beaucoup plus sur la suivante, Ombre Hantant les Ombres. Avec son introduction plus complexe à la Death, on sent que la technicité a sa place avec Décryptal. Lors de la transition, ça éclate un peu plus pour retrouver un autre pont plus noirci. Chanson crapuleuse, je visualisais amplement mon bras vers le haut, poing fermé et canette houblonnée tiède dans l’autre.
Avec Horde d’Invertébrés, les musiciens de Québec nous replongent dans les méandres mystérieux en ouverture pour ensuite nous laisser sur une montée à la guitare, pratiquement black métallique. Un lien se fait vers des mouvements plus explosifs et Décryptal reprend en mode death métallique qui allie « crapulosité » et technicité. Par contre, avec Dendrites, le groupe n’offre aucune subtilité et c’est drette sec, dès le début et la caisse claire de Pentécorcheur des poutres célestes est plutôt punitive sur certaines mesures. Flétrissement nous replace une introduction mystérieuse lors de son ouverture. Portion plus balourde pour la continuité, j’ai grandement apprécié ce morceau pour son solo précis et par la capacité à bien entendre les paroles car, elle se veut plus lente au niveau rythmique, ce qui permet d’entendre plus clairement les mots caverneux de Haruspice originel des cérémonies nécrobachiques.
Côté cadence qui reçoit immédiatement mon approbation, je dois y aller avec D’Autres Corps qui y va grandement dans l’impétuosité rythmique tout en plongeant dans l’adipeux death métallique par la suite. Zisurru débute aussi avec un entrain empreint d’étrangeté, ce qui permet au groupe de mieux entamer la spirale sonore qui se présente par la suite. Les transitions sont intéressantes et complexes, me laissant Gorguts et Incantation sur le rond du fond.
Pour fermer le chapitre, c’est la pièce titre qui se retrouve en guise de finale. Plus grasse dans son approche, elle se veut onctueuse, bien viandée et ce ragoût death métallique se veut près des recettes originales, comme celle de ce délicieux plat concocté par grand-maman, que tu allais manger chez elle en ce jour du sabbat…
Avec cet album de Décryptal, nous ne pouvons que confirmer que tous les genres et autres sous-genres métalliques proviennent tous de cette même source maligne qui se retrouve dans nos oreilles depuis 55 ans, celle instaurée par ce quatuor de Birmingham qui voulait faire de la musique qui effraie les gens.
Et avec Décryptal, cette tradition continue! Et en français, sivouplaît!
Disponible sur Rotted Life Records/Me Saco un Ojo Records.