Il m’aura fallu 50 ans pour apprécier le football. Pas le soccer, non. Le vrai, celui avec des épaulières, des casques, des commotions cérébrales, de la Coors Light et des collisions où la ligne offensive devient un champ de bataille. J’ai longtemps trouvé ça très confus, trop technique, plein de règles inutiles que je ne comprenais vraiment pas. Puis, depuis que mon fils s’y est mis, tout a pris son sens. J’ai compris la beauté du chaos organisé, de la violence structurée, du jeu qui ne laisse aucune place à la faiblesse. Ce sport se veut très death metal, mais pas autant que le hockey ou le rugby car ce sport, c’est du death metal très brutal!

Je n’y comprenais que dalle! Rien, zéro pis une barre et le monde m’énervait avec leurs célébrations du Super Bowl. Je me suis tout le temps dit que je n’avais pas besoin d’un évènement d’envergure très ‘Murica pour me gaver d’ailes de poulet, de nachos grassouillets et de bières cheap. Non, je peux le faire à chaque fin de semaine, sauf que je ne vais pas me clancher de la Bud Light, oh que no!

En secondaire 1, mon fils se promenait dans les corridors de son collège de l’époque et c’est la directrice de niveau qui l’a remarqué. Barraqué avec une shape de gars de secondaire 3 pour un secondaire 1, elle lui a demandé s’il était dans l’équipe de football. Il a répondu par la négative et ensuite, il a reçu une invitation à se joindre à l’équipe de son école. Avec cette étincelle, il s’est mis à mettre le focus sur ce sport plutôt brutal, tout en cultivant son intérêt pour le metal, ce qui se veut un plus! 4 années plus tard et une commotion cérébrale, il est un passionné de ce sport et d’aller le voir jouer pendant la saison, il a bien fallu que j’apprennes les règles et les rudiments de ce sport excessivement viril.

Et tant qu’à aller voir des parties, autant en regarder à la télévision, étant donné que la NFL a débuté sa saison. Je suis même allé voir une partie des Alouettes mais ça, c’est le football canadien. C’est un peu la même affaire, mais avec une couple de différences. Je ne m’embarquerai pas sur les différences car d’un, ce n’est pas le but de cet article et de deux, je ne suis pas certain que je pourrais l’expliquer correctement.

De toute façon, le football est un sport brutal, calculé et viril, tout comme le death metal. Qu’il soit américain ou canadien (pas européen sinon on parle de soccer…) ce sport est véritablement à l’image du death metal. Et, d’une étrange manière, c’est exactement ce que propose Scorching Tomb avec leur premier album, le colossal Ossuary.

Ce groupe québécois, qui se veut encore le secret le mieux gardé de la scène death metal locale, livre ici un album aussi brutal qu’efficace. Du death old school pur, dans la veine du Cannibal Corpse époque Vile ou Gallery of Suicide, mais avec cette touche de technique discrète qui rend chaque ligne de guitare plus tranchante, chaque portion plus croustillante sous la dent.

Dès les premières notes de Stalagmite Impalement, on sait tout de suite à quoi s’en tenir car ça cogne, ça gronde, et ça ne s’excuse pas d’être cromagnonesque. Le son est sec, dense, avec cette texture presqu’analogique qui rappelle les productions des années 90. D’ailleurs, la pochette d’Ossuary en dit long. C’est un véritable hommage visuel au death metal d’antan des labels comme Relapse et Roadrunner, dans le temps qu’ils produisaient du bon stock.

Le sommet crapuleux arrive sans doute avec Skullcrush, où Devin Swank de Sanguisugabogg vient prêter sa voix de caverne à un morceau d’une lourdeur tectonique. On imagine aisément les têtes rouler dans le fossé, en plus de quelques mailloches laissées dans le trou. Puis Diminished to Ashes confirme la rigueur du groupe, c’est précis, méthodique, mais jamais froid. Feel the Blade, avec la participation d’Alex Cloutier de Primal Horde, ajoute une dimension plus thrashée dans son énergie plutôt brute.

Le reste de l’album, passant de Bloodlust Sacrifice à Expired Existence, on enfonce le clou profondément. Effectivement, Scorching Tomb ne cherche pas à réinventer le genre, mais à le maîtriser. Et ils y arrivent avec brio! Pas d’artifices, pas de fling flang, seulement du death metal honnête, musclé et sans compromis.

Comme au football, où les joueurs se battent pouce par pouce pour avancer sur le terrain, cet album qu’est Ossuary progresse avec une discipline qui se veut sauvage. Chaque morceau est une poussée vers la zone des buts, chaque riff se veut un plaquage sonore et métallique. On termine l’écoute haletant, couvert de bouette et de sang, mais avec le sourire de l’accomplissement.

Verdict mon cher amateur de football métalloïde : Ossuary est un album à écouter fort, casque vissé sur la caboche, bière en main avec ton chandail de ton équipe préférée. Scorching Tomb propose ici un « touché » death métallique, et confirme que le death metal québécois sait encore frapper au centre du terrain!

Disponible le 24 octobre sur Time To Kill Records.

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