Au travail, on me perçoit comme un optimiste, un homme empreint de positivisme. C’est certain que cela ne nuit pas lorsque tu es en poste de direction où ton leadership doit être resplendissant et à l’avant-plan. Comme de raison, tu ne peux pas rester dans ton bureau à attendre que la journée passe en te disant que tout va bien aller. Non, tu dois être sur le terrain, te promener dans les corridors et venir à la rencontre de tes enseignantes, de ton personnel, les parents mais surtout, tes élèves. Je ne veux pas être perçu comme le directeur qui se veut bête, rabougri et sévère. Je suis juste, approchable et surtout compréhensif pour mes élèves car, pour être franc, certains ont besoin de mon optimisme car leur situation n’est pas très enviable, disons…
Reconnu pour mon attitude qui dirige l’équipe vers l’excellence, plusieurs se demandent si mon attrait pour les arts métalliques les plus sombres et morbides peuvent nuire à mon enthousiasme quotidien. Aucunement. Et de toute façon, je n’écoute pas que des groupes qui nous plongent vers les abimes ou des formations qui nous imposent des scènes horrifiques en guise de paroles et de visuels sur la pochette. Cela n’influence aucunement mon attitude, au contraire.
Et de toute façon, dans la panoplie de groupes que je consomme de manière hebdomadaire, il y en a qui demeurent teintés de joie de vivre, comme Howling Giant, justement. Groupe que j’avais vu en ouverture de Elder, je me souviens avoir embarqué dans le buzz immédiatement car c’était, justement, débordant de hop la vie comme stoner rock, pratiquement emo-skateboard, soleil et très peu de nuage, ce qui vient à l’encontre de ce que je vous raconte depuis des semaines au sujet de mon amour pour l’automne!
Avec Crucible & Ruin, Howling Giant prouve une fois de plus qu’il est possible de faire du stoner rock massif sans jamais sombrer dans la lourdeur étouffante. L’album frappe fort, mais il le fait avec un grand sourire cosmique et une bonne dose d’autodérision, exactement comme ces maisons de farfadets (comme les publicités de biscuits Keebler!) à la base d’un arbre qu’on aperçoit sur la pochette: un univers fantastique, mais bien ancré dans le rock le plus organique qui soit.

Dès Canyons, le quatuor fait rugir les amplis et la fête commence. La rythmique roule à plein régime, les riffs sont gras mais lumineux, c’est une invitation immédiate à se perdre dans le groove des lutins. Hunter’s Mark prend ensuite le relais avec une approche plus robuste, presque combative, sans jamais perdre cette chaleur vibrante propre au groupe. Les harmonies vocales de Archon viennent ensuite planer au-dessus du magma sonore, amenant une touche presque psychédélique qui évoque les meilleurs moments de Torche et de Lo-Pan.
Au fil des écoutes, on réalise qu’un amateur de Ghost pourrait très bien s’y reconnaître avec le son de Howling Giant, même goût pour le mélange entre la mélodie accessible et la puissance occulte. Lesser Gods creuse le sillon plus introspectif du disque, plus posé, presque contemplatif, avant que Beholder I: Downfall ne vienne écraser tout sur son passage. Elle demeure une pièce lourde, lente, et redoutablement efficace. Melchor’s Bones remet un peu d’équilibre dans la marmite avec une belle dynamique, et l’épopée Beholder II: Labyrinth clôt le tout en beauté, dans un registre progressif, plein de détours et de surprises.
Avec une sortie le jour de l’Halloween, Crucible & Ruin se savoure comme un festin sabbatique. Entre humour et sérieux, magie et métal, Howling Giant réussit à fusionner la lourdeur du doom et l’énergie du rock psychédélique sans jamais perdre son sens de la fête. Parfait pour les lutins, les farfadets et autres créatures de la nuit qui souhaitent danser autour d’une marmite en ébullition… guitare à la main et gobelet de Sang de Lutin dans l’autre!
Disponible le 31 octobre sur Magnetic Eye Records.
http://www.facebook.com/howlinggiant/
Photo : Magnetic Eye Records.