Cette semaine, j’étais en réunion de direction. Nous préparons déjà la prochaine année, ça demande du temps, des ajustements et des stratégies. À un moment donné, nous parlions du fait que, pour un/e enseignant/e, il demeure essentiel d’avoir de bonnes connaissances générales. Quand tu es titulaire d’une classe, c’est bien plus qu’être devant la classe, en train d’expliquer ce qu’il y a dans le livre. Tu dois aussi animer ta matière, amener des éléments qui ne se retrouvent pas dans ton cahier et y aller avec des éléments additionnels qui se retrouvent enfouis dans ta caboche, question d’alimenter les débats et nourrir ta matière.

L’exemple le plus intéressant demeure celui d’une enseignante, chez nous. Elle est excellente, grande pédagogue mais elle nous avouait, d’emblée, que pour elle, donner les leçons sur l’histoire du Québec, c’est plus difficile. Originaire d’un pays du Moyen-Orient et au Québec depuis peu, elle m’expliquait qu’elle trouvait difficile d’enseigner cette matière car elle n’a pas les connaissances générales liées à l’histoire de la province.

Elle n’a pas eu de cours, alors qu’elle était jeune, sur ce sujet précis. Comme elle me disait, elle apprend en même temps que les jeunes et ce qui la titille est de devoir rester trop collée sur le livre, sans pouvoir en sortir. Elle apprécie lorsque je fais irruption dans sa classe lors d’une leçon d’histoire pour y aller de quelques anecdotes sur les coureurs des bois, le troc, le poste de Tadoussac et sur les relations avec les autochtones de l’époque. C’est certain qu’au primaire, il faut savoir doser sur les anecdotes et ne pas trop donner de détails sur les Saints-Martyrs-Canadiens lorsque ce thème est au sujet de la discussion en ce qui concerne la présence des hommes d’église, à cette époque. Mais les enfants demeurent captifs quand je me mets à jaser « histoire », dans leur classe.

Je dois l’avouer, quand j’étais un élève, j’étais à l’écoute. J’ai eu la chance d’avoir d’excellents enseignant/es, autant au primaire qu’au secondaire. La curiosité et la soif d’apprendre m’ont toujours permis d’emmagasiner des connaissances et ce, à tous les niveaux. Donc, d’arriver un peu random dans une classe du primaire où l’on parle de la Grande Paix de Montréal, je peux attraper la balle au bond et filer pour une vingtaine de minutes à parler de wampum, de signatures des chefs qui étaient des dessins d’animaux et surtout, d’expliquer pourquoi.

C’est bien de pouvoir parler des Premières Nations sans tomber dans tous les clichés habituels. J’ai toujours eu un intérêt pour le sujet, du fait qu’ils étaient présents avant les Européens, de leur communion totale avec la nature en plus des techniques face à la survie en hiver et du respect lors de la chasse.

Est-ce que le fait d’avoir des ancêtres venant des Premières Nations se retrouve comme un incitatif? Peut-être…

Fanatique de metal depuis des décennies, il est agréable de voir que plusieurs peuples et cultures entremêlent le style métallique avec des éléments de la culture qu’ils jugent pertinents. Ce n’était qu’une question de temps avant que nous retrouvions les éléments typiques de la culture des Premières Nations en fusion avec le black metal. Ici, au Québec, nous avons Ifernach qui utilise les thématiques des Premières Nations et maintenant, au pays du Donald, nous retrouvons Blackbraid.          

Projet d’un seul homme qui porte le nom de scène de Sgah’gahsowáh, ce multi-instrumentiste en est à son troisième album qui porte tout simplement le nom de Blackbraid III. Artiste indépendant, il sort ses albums par lui-même et fait environ tout sur ses productions, sauf la batterie qu’il laisse à Neil Schneider. Sur scène, il s’entoure de musiciens triés sur le volet, mais on comprend que Blackbraid, c’est son projet.

Avec sa couverture digne d’un t-shirt de loup acheté dans une boutique de souvenirs du Vieux-Québec, ma curiosité était piquée, aucun doute là-dessus. Après l’introduction typique avec sa guitare acoustique, Blackbraid ne lésine pas et enligne un gros coup de canon du nom de Wardrums at Dawn on the Day of My Death. Et c’est précis, englobant comme sonorité et si le style Uada et/ou MGLA est dans votre palette de couleurs sombres, je sens que ce sera pour toi.

La voix est juste assez serpentaire, juste assez grogneuse pour que l’on puisse en apprécier la présence, et même le phrasé, surtout que c’est livré avec une certaine subtilité. Ce premier morceau propose des transitions, ce qui se veut un plus dans le genre et même si c’est plutôt impétueux comme offrande musicale, la balance proposée par les ponts musicaux permet d’apprécier la profondeur qui en émane.

Ensuite, une guitare acoustique ouvre The Dying Breath of a Sacred Stag et le tout se décharge vers une mélodie beaucoup plus ouverte, avec des guitares bien béantes qui se transformeront en un barrage massif, pour mieux reprendre en mode ouverte. Celle-ci amène l’approbation immédiate car sa cadence demeure invitante. Instrumentale, la pièce The Earth Is Weeping donne un effet feu de camp à cette portion de l’album, surtout avec les cris du loup et autres sonorités animales qui s’invitent dans les accords de guitare.

C’est avec un râlement plutôt rêche que débute God of Black Blood. Suivi par un bourdonnement sur les guitares, le vocal est plus envenimé et la proposition musicale est plus contemplative mais bien vilaine. Autre structure instrumentale avec Traversing the Forest of Eternal Dusk où, une fois de plus, une guitare acoustique avive le feu de camp. Sauf que celle-ci, vers le premier tiers, propose une ligne musicale qui me rappelait Edie (Ciao Baby) de The Cult en accord avec une flute très Amorphis pour ensuite être dominée par une guitare qui vient s’infiltrer avec ténacité.

Très variée comme proposition, cette production de black metal me surprend par sa richesse et je n’en suis qu’à la première moitié.

C’est martelant sur Tears of the Dawn quoique par la suite, on retrouve un rideau de guitares plutôt opaque, suivi par le feulement de Sgah’gahsowáh. La tradition se continue avec l’interlude instrumental à la guitare acoustique qu’est Like Wind Through the Reeds Making Waves like Water, pièce de près de trois minutes qui nous dirige lentement vers la dernière partie de l’album qui sera, plus tonitruante.     

C’est avec And He Became the Burning Stars… que le tout s’achève. Morceau bien grassouillet pour le genre, on sent le bass drum nous rentrer dedans et les guitares sont plutôt dodues. Attaque musicale de grande précision, le tout s’enveloppe avec une reprise de Lord Belial qu’est Fleshbound.  

Variée comme proposition black métallique, le tout est bien assimilé avec le concept des Premières Nations et il est facile d’embarquer dans ce projet qu’est Blackbraid III. Blackbraid est un groupe qui offre un metal noirci qui se veut agréable et pas trop féroce pour le néophyte et qui peut plaire aisément à celui qui s’y connait dans les arts musicaux les plus noircis.

Artiste indépendant, il faut se rendre sur les plateformes de l’artiste pour pouvoir faire un achat des produits, aller sur les plateformes d’écoute pour entendre sa musique ou attendre la venue de Blackbraid le 1er octobre au Café Campus de Montréal pour inonder la table de merch et y acheter des produits dérivés.

J’imagine que certains y seront, d’autres viennent probablement de découvrir un nouvel artiste tandis que d’autres doivent se demander encore, ce qu’est un wampum…

https://blackbraid.us/fr