C’est encore le temps de se faire du barbecue. Effectivement, le changement de température n’est pas aussi drastique. Même si les nuits demeurent plus fraiches, nous n’avons pas à nous mettre des mitaines pour flipper les boulettes, c’est encore très chaud. Oui, c’est chaud sur l’heure du souper et le fait de pouvoir rester près du poêle, dehors avec une canette tout en écoutant un peu de musique, ça demeure un moment d’une grande sérénité.

Question de bien terminer notre dimanche, je me suis mis devant mon fidèle Sterling (qui en est à son dernier été, c’est certain) pour apprêter de délicieuses boulettes que j’avais préparées selon quelques reels vus sur Instagram. Je feelais un peu influenceur, un peu plus pimpant, je me devais d’y ajouter certaines épices et quelques petits cubes de fromage. Un pur délice!

Après le repas, je me devais d’aller prendre une marche pour faire passer tout ce bon gras, bien juteux. Je me suis enligné avec mon iPod antique, mes écouteurs, souliers de marche et hop, les rues de Terrebonne allaient me servir de moyen de digestion. Avec un pas de marche plutôt rapide pour l’occasion, je profitais de la brunante pour y aller avec un instant solennel qui impliquait une tentative de digestion.

Impossible de passer le reste de la soirée aussi bourré, je marchais au pas du nouvel album de Castle Rat du nom de The Bestiary. En prenant le sentier pédestre qui longe un boisé terrebonnois, je voyais au travers des branches des feuillus des effets lumineux. Croyant que c’était probablement les feux d’une voiture de police, je me suis ravisé car il n’y avait pas d’effets bleus. Plus j’avançais, plus je commençais à comprendre ce qui se passait.

Non, ce n’était pas un DJ amateur qui testait son kit de lumières à l’extérieur car la luminosité se voulait plutôt stable et immuable. Pas faisant et avançant, le tout devenait de plus en plus clair. Sur le bord de la légère falaise, j’avais vision sur la série de maisons du quartier et j’ai bien vu ce que je croyais voir.

Effectivement, c’était la même maison que l’année précédente avec son sapin extérieur, amplement illuminé. En 2024, le sapin resplendissait lors de la soirée du 25 octobre, ce que j’estimais être tôt car nous n’avions même pas fêté Halloween. Mais là, en plein 14 septembre, c’est très précoce comme festivité!

Par contre, je me suis dit que c’était probablement des gens qui avaient besoin d’un peu de gaieté. Submergés par les mauvaises nouvelles, ils se sont dirigés vers le garage, dans la boîte du haut sur l’étagère et ont sorti la boîte de lumières des Fêtes, ont passé la journée du dimanche à les installer et en soirée, tout en se grillant des steaks sur le BBQ, ont profité de la vision féérique.

Chacun trouve son bonheur à sa façon. Le bedon bien rempli, moins intense que celui du Père Noël mais en mode digestion active, j’ai repris le chemin tout en continuant ce qui m’apportait mon instant de bonheur, cette nouveauté de Castle Rat.

Le groupe était en spectacle la semaine dernière mais j’ai procrastiné solidement sur l’achat du billet, ce qui fait que c’était à guichet fermé. Je me devais donc de me garocher sur l’album, que j’ai écouté tout au long de la semaine et de la fin de semaine.

Un doom metal rempli de fantaisie, la couverture frappe l’œil amplement avec la chanteuse du groupe, The Rat Queen, bien assise sur le dos d’une licorne. Oui, ça fait penser à She-Ra, ce dessin animé des années ’80 qui se voulait une réplique face à Masters of the Universe quoiqu’avec la parcelle métallique proposée, je pense aussi à Lee Aaron, à l’époque du clip pour Metal Queen.

Et le fun ne s’arrête pas là, oh que non! Chaque musicien dans le groupe porte un nom qui va à merveille avec le personnage qu’il représente et c’est tout à l’avantage de Castle Rat qui semble sortir tout droit de ce qui aurait pu être une suite au film The Beastmaster, sorti en 1982!

C’est pourquoi vous avez des « personnages musicaux » comme The Plague Doctor à la basse, The Druid aux percussions, The Count à la guitare et sur scène, il y a aussi The Rat Reaperess, qui fait de la performance scénique envoutante. Tous ces « personnages » se joignent donc à la Reine des Rats pour cette aventure doom métallique!   

Si l’esthétique visuel de Castle Rat rappelle amplement (visualisez le clip, en bas!) les années ’70 et ’80, musicalement, nous tombons aussi dans les mêmes périodes en ce qui concerne les influences. Leur doom est très enivrant, parfois plus ténébreux mais toujours hypnotisant. Immédiatement après l’introduction du nom de PHOENIX avec ses lignes de guitares célestement électriques, ça devient sérieux avec WOLF I. La voix est puissante, envoutante et le son est fuzzé. La batterie roule en masse et le tout est vraiment rassembleur.

WIZARD est un gros rock d’aréna, le genre de chanson qui aurait pu se retrouver sur le premier album de Ghost, quoique chantée par une dame. Cette parcelle vocale féminine sur un fond musical doom permet amplement de faire des rapprochements avec Lucifer et Ruby the Hatchet, quoique The Rat Queen semble être capable de pousser la note encore plus loin. Plus saligaude, SIREN (oui, chaque titre est en lettres majuscules) est celle qui martèle le plus sur l’album et UNICORN nous replonge en mode abyssal mais avec une teinte soyeuse au niveau de la voix.

Le chemin devient plus tortueux par la suite, offrant un effet élévateur pour ce morceau, tout en étant vertigineux. En guise d’interlude, quelques lignes de guitares gonflées au flanger meublent PATH OF MOSS qui se verse dans la guitare acoustique de CRYSTAL CAVE, nous permettant d’apprécier la puissance vocale de la Reine Ratte, quelques cordes bien insérées dans les arrangements gonflent le tout pour donner un effet épique plutôt grandiose. C’est clinquant sur SERPENT, WOLF II est dans un esprit molletonneux et DRAGON représente la dimension plus chaotique de Castle Rat.

L’album se termine à merveille avec un trio plutôt excentrique. Dans un premier temps, SUMMONING SPELL avec sa livraison sonore digne des chansons d’Enya, SUN SONG avec sa teinte doom plutôt lumineuse et finalement, PHOENIX II termine l’album avec les mêmes lignes de guitares que sur l’originale mais en mode acoustique. C’est d’une simplicité, mais c’est efficace en cibole!  

C’est certain que le côté clinquant du groupe, la dimension visuelle plutôt éclatante et l’imagerie héroïque peuvent être quétaines pour de nombreuses personnes. De mon bord, après avoir vu un sapin de noël illuminé un 14 septembre, il n’y a plus grand-chose qui ne puisse me faire fondre la rétine!

The Bestiary est un album bombé du torse qui carbure aux bons riffs, à la voix puissante et alimente ton côté barbare… sans avoir la bédaine gonflée!

Disponible le 19 octobre sur King Volume Records.

www.facebook.com/castleratband

Photo : Courtney Hall