Selon ma planification métallique, cet article devrait être en ligne mercredi le 15 octobre. Pour plusieurs qui se veulent payés le 30 et le 15, ça signifie jour de paye. Pour d’autres, c’est juste un autre mercredi, le nombril de la semaine. Nous sommes deux jours après l’Action de Grâce, et j’en ai profité pour écrire de nombreux textes et j’ai écouté de nombreux albums en faisant mon gazon, en fermant le terrain et en fermant ma piscine. Par contre, je me suis rendu compte que la toile était trouée. Oui, une fente d’environ 5 centimètres de long. Je me demande bien comment cette déchirure ait pu se produire. Est-ce un animal qui a creusé? Une colonie de fourmis qui s’est insérée sous la toile ou des ongles d’orteils trop longs? Va savoir!
Je vais aller me chercher un kit pour obturer cette fente, une histoire de rien! Elle pourra être opérationnelle pour l’été 2026 quoiqu’en y repensant, plus les années avancent, moins elle se veut utilisée. Les enfants sont maintenant des ados. Il y a l’école, le sport, le travail, les copains et copines. Selon mes calculs, il a dû y avoir 3 longues sessions de baignade, cet été. Côté rentabilité, on repassera.
Par contre, je n’ai pas pu me faire de feu à l’extérieur. J’adore cette activité chaleureuse mais malgré l’automne entamé avec les couleurs qui viennent avec, je n’ai pas senti assez de fraicheur pour me donner le droit de faire un feu, dehors. Dans la maison, nous gardions les fenêtres ouvertes, ce qui confirme que dehors, c’est plutôt chaleureux. Pourtant, j’avais une bonne provision de bières et surtout de stouts et porters qui auraient bien accompagné mes écoutes de la fin de semaine, dont Dissonance Theory, nouveauté de Coroner.
Après plus de trois décennies de silence sur disque, Coroner revient avec cette fantastique galette, un album massif, réfléchi et tranchant comme l’acier le plus pur. Les Suisses confirment ici qu’ils ne sont pas simplement des vétérans de la scène thrash technique, mais bien des architectes du son moderne, capables de fusionner précision clinique et sensibilité mélodique.
Dès l’intro Oxymoron, le ton est donné : tension, mystère, et un brin d’angoisse. Mais c’est Consequence qui fait véritablement éclater la tempête métallique. Un morceau plutôt dense, aux lignes des guitares qui se veulent chirurgicalement exécutées et à la section rythmique d’une efficacité redoutable. La basse, toujours aussi nette et expressive, agit comme un fil conducteur, alors que les percussions martèlent avec une rigueur implacable. On entend même une voix robotique pendant le refrain, ce qui ajoute une dose de modernisme-cybernétique à la pièce.
La preuve est dans le pudding, et c’est du solide!
Ensuite, Sacrificial Lamb s’impose comme un moment de tension dramatique. La guitare vrombit comme un essaim d’abeilles et la voix de Ron Royce est plus poignante. Lors du refrain, lorsqu’il hurle « Fear not, little flock. The kingdom is yours until I will come!” on croit au personage et ce, grandement. Crisium Bound explore les zones plus progressives du son de Coroner qui a toujours été en mesure de proposer un thrash metal technique et aéré. Sur celle-ci, les arrangements sont complexes mais on ne perd pas en effet punitif. On retrouve même des teintes sur les cordes qui rappellent Voïvod et quelques soupirs aux claviers englobent le tout.

Justement, tout au long de l’album, les claviers se veulent discrets mais omniprésents. Ils ajoutent une dimension atmosphérique subtile, presque cinématographique au son de Coroner. Cette touche donne à l’album une chaleur inattendue, une aura mélancolique qui colle bien à son titre et à son époque.
Symmetry est probablement la pièce la plus équilibrée du lot. Elle brille amplement par sa construction plutôt raffinée et ses émotions bien maîtrisées. En ce qui concerne les ténèbres métalliques, The Law nous plonge dans les eaux les plus épaisses de cet album tandis que Transparent Eye propose une ligne directrice bien large, épaisse mais remplie de technicité. Question de faire un pont avec l’album Mental Vortex, celle-ci me fait penser à Metamorphosis lors du refrain. Discordante, il est intéressant d’entendre l’effet de torsion venant des guitares et de la basse, comme si les musiciens de Coroner se faisaient aplatir sous le poids d’un mastodonte.
Trinity et Renewal sont les deux grosses pièces d’artillerie qui clôturent l’album. Si Trinity se veut plus oppressante dans sa livraison, il reste que Renewal (premier extrait de l’album) est fichtrement rapide avec son galop à la Blackened de Metallica. La guitare est bien contenue sur celle-ci et le tout explose lors des refrains. Stratégique, cette pièce se verse explosivement dans Prolonging, ce qui fait que les deux entités ferment le tout avec grandeur, cette dernière demeure portée par un orgue qui élève le propos vers une forme d’éternité sonore.
Dissonance Theory n’est pas qu’un retour : c’est un manifeste métallique! Celui d’un groupe qui refuse la nostalgie pour embrasser la maturité, sans jamais trahir sa signature. Cet album est une preuve que nos vieux pionniers en ont encore dedans, beaucoup même. Coroner joue ici avec l’expérience et la maîtrise d’artisans qui auraient pu être à la retraite, à cueillir l’edelweiss au sommet des montagnes mais qui choisissent plutôt de forger encore une fois le métal avec intelligence.
C’est un disque parfait pour accompagner l’automne québécois, l’automne de chez-nous: les feuilles tombent, le vent se lève, on sort le veston à carreaux, on monte l’abri Tempo, et pendant que les matchs des Canadiens jouent en sourdine sur TVA Sports, Dissonance Theory tourne à plein volume au sous-sol. Un album à la fois cérébral et viscéral, qui mérite sans conteste sa place dans le Top 10 des meilleures parutions de l’année 2025.
Disponible le 17 octobre sur Century Media Records.
Photo : Manuel Schütz
Laisser un commentaire