Pour plusieurs amateurs de musique, il y a toujours des items sur notre « wantlist » de Discogs que nous vénérons sans croire mettre la main sur un exemplaire à court terme, soit en raison d’un prix exubérant ou une disponibilité presque nulle. Toutefois, il arrive que des occasions qui ne peuvent essuyer un refus se présentent. C’est exactement, dans mon cas, ce qui s’est passé avec l’album qui sera traité dans les prochaines lignes.

Pour ceux qui ne connaissent pas Csejthe, il s’agit d’une formation québécoise de Black Métal active depuis 2006 et qui a comme créneau la Comtesse Bathory et tout ce qui l’entoure. En 2009, le groupe a fait paraitre La mort du prince noir via Mankind’s Demise Records et Les Productions Hérétiques. Malgré le succès et l’appréciation de la sortie, ce n’est qu’en 2018 que l’œuvre a eu le traitement vinyle tant attendu sur l’étiquette Stress Hormones Records (100 copies noires, 100 copies rouges ainsi qu’une autre version limitée à 100 copies en 2019). Évidemment, tout s’est écoulé et le prix de vente se situe entre 130 et 145 $ au moment d’écrire ces lignes. C’est donc avec empressement que je me suis garoché lorsqu’un brave mélomane l’a mis en vente sur un groupe Facebook à une fraction du prix attendu. 

Tout d’abord, je crois qu’il est important de préciser que La mort du prince noir est paru dans une période charnière de l’histoire du Black québécois. Dans l’espace de quelques années, des acteurs importants comme Monarque, Forteresse, Chasse-Galerie, Hiverna (et j’en passe) on sorti des galettes qui demeurent pertinentes et excellentes à ce jour. De plus, nous assistions également au summum en terme d’occasions d’observer ces talents locaux sur scène. J’ai encore des frissons juste à repenser au spectacle de Csejthe au Bar Octobre en 2010 avec Alcest et Monarque alors que la formation nous a livré une performance mémorable à travers d’une épaisse couche de brouillard et avec comme seul éclairage quelques chandeliers sur scène. 

Cela étant, musicalement, l’album dont il est présentement question demeure dans mes écoutes régulières pour une multitude de raisons. En effet, en tant que premier long jeu du groupe, il vient consolider tout ce qui était en gestation dans les deux premières parutions de 2007 et 2008 et est venu solidifier les bases menant aux excellents Transcendance (EP 2010) et Réminiscence (2013). Dans cette période, Csejthe dégageait une noirceur et une ambiance glaciale qui traduisaient à merveille les propos poétiques hurlés avec une hargne pétrifiante par Morne (éventuellement remplacé par Strigat). Les mélodies stridentes et hypnotiques se mariaient bien avec le côté plus ambiant / classique, créant un ensemble totalement malsain qui nous plongeait dans l’univers machiavélique de la légendaire Comtesse avec brio. Malheureusement, le dernier effort qui a vu le jour en 2019 n’est pas venu me chercher profondément comme l’ont fait les sorties précédentes, mais ce qui est beau avec la musique, c’est que les oeuvres demeurent figées dans le temps et il est toujours possible de les revisiter à souhait. 

De nos jours, il est primordial de prendre du temps pour soi. Je vous conseille donc fortement de vous ouvrir une bonne bouteille de rouge, d’allumer quelques chandelles et vous laisser envahir par La mort du prince noir

Jeune fille, sotte…

Ton corps servira, en laissant couler ta vie sur moi…

Ma jeunesse, fleurira…