Tout le monde le sait, le samedi est une journée fantastique pour assister à un concert. C’est spécial, enivrant et participatif. Plus de gens se présentent car tu as tout ton dimanche pour t’en remettre, à moins d’avoir une pratique de hockey du plus jeune à 7h00 le lendemain matin à l’aréna de ta localité. C’est rough un brin sur la levée du corps. Samedi soir de septembre, on parle donc de la venue des légendaires Dark Angel avec la formation mythique qu’est Hirax et des jeunes vampires de Void. Par contre, changement de salle dans les derniers instants, passant du copieux Club Soda à la petitesse des Foufounes Électriques. Particulier mais régulier, n’est-il pas?
Selon le communiqué officiel, c’était un événement hors du contrôle du promoteur, ce qui veut dire, selon une traduction libre, que la vente de billets n’a pas été extraordinaire. Ce qui est possible, probablement que les plus vieux d’entre nous, AKA les métalleux et métalleuses du Québec, avons passé nos derniers bidous « divertissement » sur des billets pour Korn et Deftones (car le nu metal est redevenu tendance) et d’y amener les plus jeunes se voulaient l’activité à faire, juste au retour d’une virée aux pommes au mont St-Hilaire et/ou l’ile d’Orléans pour les gens au bout de la 20 et de la 40.
Bien attablé à la terrasse des Foufs, j’ai pu profiter d’une fin de journée superbe à m’enligner des pintes de Nord-Est, sans attendre au niveau du refill de la pinte. Effectivement, je me suis rendu compte, et confirmé par la demoiselle au service sur la terrasse, que les gens boivent beaucoup moins et même, plus du tout…
Moi qui ai toujours trouvé que le service aux Foufs se voulait excessivement lent, je me retrouvais à ne plus attendre pour une pinte et, en toute honnêteté, on me tourbillonnait autour pour pouvoir remplir mon verre.
Ouverture des portes prévues pour 17h30, le tout a été retardé. Nous entendions American Idiot à tue-tête, jouée par une formation à l’étage et on se demandait ce qui se passait. En allant à la salle de bain, j’ai remarqué que la soirée se voulait en deux volets : au Cabaret des Foufs, donc à gauche, c’était un hommage à Green Day et à la salle principale, ce qui se veut à droite, le concert de Dark Angel, Hirax et Void.
« Changez de côté, vous vous êtes trompés et swingez votre compagnie! » disait la chanson…
Par contre, Montréal a pris une fichue décharge de thrash metal et les murs des Foufs s’en souviennent probablement encore. Trois noms, trois claques sur les babines, trois raisons de se péter la nuque sur le bord de cette scène très élevée que celle des Foufs. Une soirée plus que mémorable pour les quinquagénaires présents, pratiquement en majorité, mais un peu plus loin du pit.
Void a ouvert le bal avec un métal puissant et juste assez poisseux, enraciné dans la vieille école, avec les musiciens habillés façon « vampires d’Anne Rice » mais avec des hi-top vintage. Ils étaient beaux et chics, le chanteur Jackson Davenport, avec ses 19 printemps, hululait à tout rompre et son pied de micro en chaine arborait un drapeau du Canada.
PSPP n’aurait pas tripé…
Décors ténébreux avec de la rocaille en plastique du Home Depot qui recouvraient les amplis, look de Lestat et riffs qui sentaient la poussière des catacombes, Void a assuré et ce solidement. Quand ils ont craché leur reprise de Alison Hell d’Annihilator, la foule a explosé. Un moment culte, la salle entière gueulait comme si elle était, possédée!

Avec des morceaux comme Voodoo, Apparition et First In, Last Out, on a vu que les jeunes loups qui forment ce groupe américain ne sont pas là pour la gimmick mais pour démontrer la technicité autant sur les instruments qu’au niveau de la voix, saluer au passage les racines du genre métallique et de ramener le Oomph dans le metal. À l’ouverture des lumières, de nombreux amateurs se sont retrouvés à leur table de merch pour y aller avec un achat de vinyles et/ou d’un t-shirt.
Ensuite, Hirax a débarqué pour sa première visite à Montréal depuis le début de leur carrière, il y a plus de 40 ans. Katon W. de Pena était un véritable démon déchaîné, crachant ses tripes et hurlant comme si c’était la fin du monde. Stage diving sans arrêt, pit en furie, chaos total. C’était sale, mouillé par la bière, c’était violent, c’était parfait!
Seul membre original de la formation, Katon est le centre d’attention et tout le monde connait le personnage que nous le voyons toujours dans les documentaires sur la naissance du thrash metal américain. Entouré de musiciens plus jeunes et habiles, Hirax a pu passer au travers sa prestation en y allant avec des morceaux comme Blind Faith, Hellion Rising, The Plague et Faster than Death. Nous avons même eu droit à un solo de guitare, question de donner le temps à Katon d’aller prendre une shot d’eau, bien méritée!

Après cette prestation de Hirax, nous sentions que le prix du billet était déjà comblé et il restait encore Dark Angel. Et ce phénomène se veut toujours… phénoménal, surtout lorsque la grande majorité de la foule ne connait pas le catalogue de deux formations, mais a quand même réussi à maximiser sa soirée.
Et puis, finalement, c’était au tour de Dark Angel. Drapeau fond de scène en place, le kit de batterie à la même hauteur que les autres musiciens, ce qui ne se veut pas la normale compte tenu du fait que lors des dernières années, nous avons surtout vu Hoglan sur un podium surélevé avec Testament ou Death to All.
La troupe américaine s’est retrouvée sur scène après Raining Blood de Slayer, un beau clin d’œil pour Hoglan qui a été « roadie » pour le groupe, à ses débuts. Pas de prisonniers. Pas de pause. Juste la guerre. Gene Hoglan, marteau de l’apocalypse, a pilonné la batterie comme si chaque frappe ouvrait une brèche de l’enfer.
Le groupe a passé son répertoire au rouleau compresseur, mais leur dernier album a pris une place de choix pour moi car je me l’étais clanché toute la semaine et ça sonnait en gériboire! Chaque morceau frappait comme un missile, la cible atteinte à chaque fois, même pour ceux qui ne connaissaient aucunement le répertoire du groupe.

Avec Time Does Not Heal, la table était mise et ça gigotait déjà devant la scène des Foufs. J’ai dû agripper ma pinte de bière assez solidement à quelques reprises, quelques éclats houblonnés ont souillé mon chandail mais au nom du metal, j’ai accepté mon sort. Ensuite, The Burning of Sodom, No One Answers et la chanson titre du nouvel album nous ont totalement soufflés. Heureusement que le plancher des Foufs se veut excessivement collant, ce qui nous permet de rester en place malgré un circle pit vigoureux. C’est pendant Sea of Heads que je me suis aperçu que dans les participants du pit se trouvaient les membres de Void avec leurs habits du samedi soir, ce qui veut dire un jeans et un t-shirt metal dont un de Annihilator pour le chanteur. Quelle surprise!
De mon côté, je me suis reculé pour la fin du concert. Je voulais avoir l’œil sur Gene Hoglan de l’endroit où je me trouvais car d’avoir un tapeur légendaire dans un endroit avec autant de promiscuité, c’est plutôt rare. Par contre, je n’ai jamais été tranquille. Ça tourbillonnait autour de moi, amplement. À un moment donné, drette en face de moi, je me suis retrouvé face à face avec Ron Rinehart qui a décidé de se promener dans la foule pour venir fredonner pendant que Erik Meyer et Laura Christine (épouse de Gene) grattaient tout en se brassant la caboche et que le bassiste Mike Gonzalez se brassait la pilosité au niveau du menton!
Pas de rappel. Une photo de fin de concert, ouverture des lumières et termine ta broue, mon loup!
Au final ? Trois groupes, trois assauts, et une ville qui ne s’en remettra pas de sitôt. Les Foufs ont brûlé samedi, et nous itou. Montréal a thrashé solidement, Montréal a hurlé à s’en péter les cordes vocales… mais Montréal a survécu!
