Introduction

Au fil des années, et avec la popularité croissante des microbrasseries, plusieurs médias généralistes ont publié des articles qui documentent l’importance de l’image de marque (le branding) des bières de microbrasseries. Il est vrai que plusieurs se démarquent par leur aspect visuel, parfois éclaté, d’autres fois vraiment travaillé… Il s’agit en effet d’un excellent moyen d’attirer l’œil du consommateur : une illustration amusante, colorée ou tape à l’œil, ça fait toujours son effet (pensez seulement aux chats de la microbrasserie Noctem par exemple!).

Une bière délicieuse dans une canette à l’illustration magnifique, c’est toujours gagnant. C’est un produit « complet », professionnel, qui allie l’image à la bonne bière. Par contre, qu’en est-il des microbrasseries qui optent plutôt pour une image de marque minimaliste ou plus sobre? Car beauté du contenant (ou canette qui flash) ne rime pas toujours avec qualité. Certaines canettes qui n’auraient naturellement pas été notre premier choix peuvent parfois renfermer de vrais petits bijoux.

On peut facilement tracer un parallèle avec les albums musicaux. Oui, effectivement, une pochette grandiose sur un excellent album c’est un produit final plus « total », qui allie plus d’une discipline artistique. L’image donne le ton à l’œuvre musicale, avant même d’avoir appuyé sur play, on est plongé dans un univers représenté par les illustrations. Combien d’entre nous avons découvert certains groupes d’abord parce que l’imagerie nous a accroché avant tout? Par contre, à l’inverse, une pochette hideuse ou qui reflète un budget amateur peut parfois aussi révéler un véritable chef-d’œuvre (et il y a plus d’un exemple dans le domaine du Metal pour appuyer cet argument!).

Ça va de soi, mais évidemment je tiens tout de même à mentionner que l’appréciation de l’art visuel et du branding demeure subjective et relative à chacun. Différentes esthétiques interpellent différentes personnes pour différentes raisons.


La dégustation


Salicorne – Gose – 4,6% – Menaud (Clermont)

Ce que j’aime de la brasserie et distillerie Menaud, c’est qu’on nous vend un concept plutôt qu’un style de bière. Malgré l’étiquette assez simple (brève description sur fond blanc), le nom de la bière reflète l’idée centrale du brasseur qui sera mise en œuvre dans le breuvage. Nos attentes en sont donc modifiées, on se demande de quelle façon sera mis en valeur l’ingrédient vedette.

Ici par exemple, avec la salicorne, on est en fait sur une base de Gose (bière de blé sure allemande, habituellement saline et avec graines de coriandre). Les notes minérales, acidulées, citronnées et globalement assez fraîches de la bière viennent donc rehausser la salicorne (une petite plante verte comestible, fraîche et croquante) qui partage déjà plusieurs des caractéristiques de la Gose.


Fleury – Altbier – 5% – Silo (Montréal)

La microbrasserie Silo possède également un branding assez sobre. On retrouve sur la plupart des étiquettes une échelle, quelques petits dessins tout en bas de la canette, une brève description à l’endos, le tout sur fond blanc. Même si pour certains, cette image de marque pourrait paraître simpliste, Silo produit entre autres plusieurs excellentes bières de styles européens traditionnels, que je ne peux que recommander fortement aux amateurs de ce genre de bière.

La Fleury par exemple, est une Altbier, un style de bière typique à la région de Düsseldorf, complètement à l’ouest de l’Allemagne. Il s’agit d’une Ale ambrée au caractère caramélisé, grillé, légèrement minéral et bien herbacé, amer. C’est le genre de bière qui se boit vraiment facilement tout en proposant des saveurs intéressantes.


Pilsner – Pilsner – 5% – Lagerbräu (Montréal)

Lagerbräu est un projet tout récent, spécialisé dans les Lagers de qualité, qui est mené entre autres par un ancien brasseur de la microbrasserie Les Trois Mousquetaires et Champ Libre. L’image de marque est assez minimaliste encore une fois, puisqu’on retrouve sur l’étiquette essentiellement le logo (qui change de couleur selon la bière) et le style de bière.

La Pilsner, leur plus récente bière, nous dévoile à la fois de belles notes céréalières et un aspect plus floral ou herbacé de la part des houblons. C’est évidemment encore une fois une bière de soif très efficace, mais aux saveurs agréables. C’est selon moi l’un des brasseurs à suivre cette année, si vous êtes amateur de bonnes Lagers bien évidemment.


Conclusion

Bien sûr, l’image de marque a son importance, il serait faux d’affirmer le contraire. Plusieurs consommateurs, avertis ou non (et de façon consciente ou non), seront en effet nécessairement influencés par le visuel d’une bière, d’une microbrasserie. Dans un contexte où les bières aux étiquettes très colorées se multiplient sur les tablettes, je me demande par contre jusqu’à quel point une étiquette plus sobre, toute blanche par exemple, pourrait parfois finalement être celle qui va attirer l’attention?

À un niveau plus technique, personnellement j’apprécie toujours lorsqu’on retrouve sur l’étiquette le plus de détails possibles, que ce soit la mention des ingrédients utilisés ou des informations concernant le processus de production. J’aime aussi qu’il y ait une brève description du produit, qui peut nous aiguiller quant aux intentions du brasseur et nous permettre de voir si la bière correspond effectivement, ou non, au style visé.

Pour conclure, que le type d’illustration soit éclaté ou plus simple, je crois que l’important pour une microbrasserie est de posséder une image de marque forte, uniforme, avec des visuels qui se démarquent. À mon avis, c’est par contre toujours le contenu qui prime sur le contenant, sans quoi on pourrait passer à côté de plusieurs petits chefs-d’œuvre.

Pour plus de suggestions de bières de microbrasseries québécoises à essayer, rendez-vous sur L’amateurdebière.com!