Pour l’anniversaire de mon fils, nous avons été plutôt chanceux pour lui dénicher un cadeau de dernière minute. À 16 ans, il ne savait pas ce qu’il voulait avoir. Du tout! Besoin de rien, il a déjà tout ce dont il a besoin. De notre côté, on se creusait les méninges et ce, solidement. On ne pouvait pas seulement y glisser une carte-cadeau Sports Experts dans une carte achetée au Dollarama. Non, ce n’est pas notre genre. C’est alors qu’entre en jeu Iron Maiden, Megadeth et Anthrax avec l’annonce d’un arrêt à Montréal, deux jours avant l’anniversaire de l’adolescent fanatique de football et métalloïde.
Nous avons sauté sur l’occasion, n’annonçant pas la venue de cette tournée à Montréal à l’enfant mais les réseaux sociaux étant ce qu’ils sont, il a su rapidement que ce concert aurait lieu. Achat d’une paire de billets dans la section Fosse lors de la prévente, on s’entend que c’est un cadeau assez all-dressed, compte tenu des prix modernes offerts par Ticketmaster.
Ouch…
Mais que voulez-vous? Un cadeau de cette ampleur, qui fera profiter son paternel par le fait même, c’est une pierre deux coups! Et c’est ça le bonheur d’avoir une progéniture qui carbure elle aussi aux rythmiques métalloïdes, à la sonorité du Grand Malin et aux riffs bien affutées. Oui, il a 16 ans et le metal a toujours été présent dans la demeure. Rien n’a été poussé, rien n’a été forcé. Tout est venu de façon naturelle, comme une bedaine qui te pousse dans la quarantaine…
Parents métalliques, respirez. Oui, vous rêvez du jour où votre enfant portera fièrement un t-shirt de Metallica (pas un de 72 Seasons, celui de Damage Inc.) battra du pied sur Replica de Fear Factory et chantera en chœur sur Fighting the World de Manowar dans votre voiture, électrique ou à gaz, on ne relance pas le débat. Mais calmez vos ardeurs : on ne transforme pas un poupon en métalleux par un décret parental.
Non, vous n’êtes pas Trump pour les signer à vitesse grand V.
La transmission musicale, c’est comme un bon solo de guitare bien senti de Yngwie Malmsteen: ça doit venir organiquement, sans forcer le tempo. Si tu t’acharnes à imposer du Cannibal Corpse à ton bambin de trois ans pendant qu’il mange sa compote de pommes en sachet, tu risques d’obtenir l’effet inverse : un rejet total du metal… et peut-être même de cette collation fruitée.
Le secret ultime? Laisser la musique vivre dans la maison, respirer et se propager. Surtout, sans en faire un combat idéologique. Laisse traîner des riffs, des refrains, des vinyles et/ou des CDs. Mettre un peu de Metallica un dimanche matin pendant que tu fais des crêpes, il n’y a rien de mieux que Fade to Black pour apprendre la tendresse à la jeunesse.
Plus tard, quand ils seront prêts, tu pourras doucement glisser Testament dans la voiture : un petit Disciples of the Watch entre deux chansons de Kids United, question d’équilibrer la brutalité et la ligne plus conventionnelle.
Et si un jour, ton enfant revient de l’école en disant : « Papa, j’ai écouté du Suffocation avec mon ami, c’est intense, oh wesh! », c’est que la graine a germé. Pas besoin d’avoir sorti le fouet de Rob Halford pour y arriver.
Ce qui compte, c’est de leur faire découvrir la musique et la scène, peu importe le style. Commence par des concerts familiaux comme Disney on Ice, Cocomelon Live ou une chorale de Noël! L’important, c’est qu’ils sentent la vibration de la scène, qu’ils comprennent la beauté du son en direct. Une fois qu’ils auront goûté à ça, les amplis de Megadeth feront le reste du travail. Parce qu’il n’y a rien de plus formateur qu’un concert où tu ressens la basse jusque dans tes molaires.
Alors oui, on rêve tous du jour où nos enfants crieront « Die by my hand, I creep across the land, Killing first-born man!» dans le salon. Mais d’ici là, laisse-les choisir leur tempo, leur beat et leurs artistes. Fais jouer la musique, sans l’imposer. La passion ne se dicte pas, oh que non!
Elle se propage, un coup de bass drum à la fois.
Le metal, c’est comme un achigan à petite bouche que tu tentes de reeler sur le bord de ta chaloupe : plus tu veux le contrôler, plus il t’échappe! Lâche prise, monte le volume… et attends le moment où ton enfant viendra te dire, pendant que tu écoutes Roswell 47 d’Hypocrisy : « Oh…. c’est quoi cette chanson? »
Et là, tu sauras que la relève est en marche.
*Vos have ut habere bonum risu semel in a dum