Selon ses médias sociaux, Hymnr est une formation russe vraisemblablement fondée en 2020. Quant à la composition du trio slave, les informations sont peu nombreuses, pour ne pas dire absentes, quant au passif des musiciens qui ont visiblement bien réussi à garder l’anonymat jusqu’à maintenant. Même brouillard pour les photos promotionnelles où les membres sont vêtus de costumes qui contribuent au mysticisme et rappellent notamment les médecins de la peste avec leurs masques aux longs becs. Quoi qu’il en soit, on y retrouve V au chant, V1 à la guitare et VII à la batterie.

Avant d’analyser le contenu, j’aimerais prendre un moment pour m’attarder au contenant. Après avoir partagé deux singles de la chanson Far Beyond Insanity (part I) en 2020, une première version « démo », la seconde « studio instrumentale », le groupe s’apprête à sortir son premier album complet intitulé sans grande surprise Far Beyond Insanity. C’est le 23 avril prochain sous l’excellente bannière finlandaise Saturnal Records que les fans pourront se procurer ladite galette éditée en format CD et vinyle (dont une édition limitée signée par les membres du groupe accompagnée d’une affiche ainsi que d’un écusson). Il sera également possible de se procurer ce premier effort en format cassette, une production limitée à 100 copies qui sera produite par Elderblood Productions.

Ceux qui me connaissent savent qu’après la musique et les textes, j’accorde une importance particulière à l’imagerie véhiculée par un groupe. Est-ce que c’est cohérent? Est-ce que ça colle avec la musique? Force est de constater que dans le cas d’Hymnr, la réponse est oui! D’ailleurs, mention honorable au groupe d’avoir fait appel aux talents de l’illustrateur David Thiérrée notamment connu pour ses participations aux œuvres de Behemoth, Gift of Gods, Satanic Warmaster, Mütiilation, pour n’en nommer que quelques-uns. L’utilisation du crayon et de la bonne vieille dualité noir et blanc pour personnifier la peste qui arrive entourée de rats m’a accroché au premier coup d’œil. Enfin un groupe qui a le souci de l’esthétisme dans l’océan contemporain des pochettes médiocres faites à la presse par les groupes qui recherchent plus la gloire sur Instagram que d’offrir une expérience sensorielle de qualité à l’auditeur! Mais la question qui demeure est la suivante : le contenu est-il à la hauteur du contenant?

Far Beyond Insanity est un opus décliné en 4 parties qui s’ouvre malheureusement avec le meilleur titre. Non pas que la qualité diminue drastiquement au fil des chansons, mais plutôt parce que ça s’entend que l’opus a été brodé autour de cette pièce maitresse. Dès les premières notes, on y retrouve une densité atmosphérique où plane une bonne couche de réverbération, ce qui résulte en une ambiance envoûtante qui certes, accompagne l’auditeur tout au long de l’album, mais rappelle aussi à de trop nombreux moments Mgła.

Dans le même style que la formation polonaise, la production est d’ailleurs très soignée. La batterie est percutante et je dois dire que j’adore l’effet produit dans ces moments plus intenses où l’on a l’impression que la batterie flotte littéralement sur la rythmique, notamment lors des blastbeats. Les guitares sont elles aussi très denses tout en gardant une précision où la compression s’entend à chaque coup de pick. Ça sonne les lampes d’ampli à broil et on aime ça! La basse a quant à elle une rondeur intéressante qui vient bien appuyer la batterie sans toutefois se démarquer dans l’ensemble sonore du trio.

Si la première pièce est la meilleure, je dois dire que le second titre est aussi venu me chercher malgré son style plus low pace. Les mélodies sont accrocheuses et transpirent le « gothico-romantisme » tandis que le texte apporte une belle complémentarité rythmique. La combinaison de ces deux éléments m’a fait apprécier cette chanson moins rapide dans l’exécution, le genre de chanson qu’un groupe joue aux deux tiers de son set-list pour se donner un moment de répit en concert.  

La troisième partie aurait bénéficié d’être davantage travaillée selon moi et je m’explique mal pourquoi le groupe a misé sur cette chanson à titre d’extrait promotionnel. On mise beaucoup sur la dissonance, les arpèges et l’opposition entre leads lents sur fond de rythmique pesante, mais au final, les 13 minutes sont redondantes et pénibles à écouter jusqu’à la fin. Après plusieurs écoutes, j’ai fini par embarquer, mais ce titre demeure celui que je saute une fois sur deux…

Enfin, la dernière pièce est digne de mention puisqu’elle apporte un regain de vitalité après la pièce faible de l’opus, ce qui permet notamment de finir l’écoute sur une bonne note. Le riff qui apparait à 7 minutes 30 secondes est tout simplement magistral de par son côté épique tandis que l’album se clôt sur les cloches d’une église qui sonne le glas, tant des victimes de la peste que de ce premier effort du trio slave.

En définitive, on peut dire qu’avec Far Beyond Insanity, Hymnr dresse la table de belle façon pour la suite. Malgré quelques petits bémols, la qualité sonore et créatrice sont définitivement au rendez-vous alors que certains passages constituent de véritables vers d’oreille. De solides bases sont maintenant en place pour la formation russe, reste à savoir comment elles seront utilisées pour bâtir la suite.

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