Pour l’amateur de musique lourde, il existe un éventail de possibilités d’écoutes et de supports physiques différents, comme mentionné dans un autre article. Le sujet traité ici est les enregistrements de spectacles sur support physique (vinyl, CD, Cassette), souvent appelés « albums live ». En France, ils étaient appelés « albums publics » dans les années 80, comme le montre l’image ci-dessus.

Bien que l’ensemble du monde collectionne surtout les enregistrements studio, il y a tout un culte autour des albums publics (cette appellation comique sera utilisée pour le bien de cet article). Un des gros arguments de vente en faveur de ces albums est qu’on peut entendre les chansons sous leur forme la plus naturelle, directement jouée par le groupe, sans triche et sans retouche studio. Une même chanson peut avoir une énergie complètement différente d’une performance à l’autre et va évoluer en fonction de l’ajout ou du retrait des musiciens et de leur état d’esprit au moment de la capture de son. Un bon album public est un album où les chansons vont avoir plus d’énergie que leur version studio. La loi de la valeur ajoutée s’applique à tous les produits du marché et ces albums n’y échappent pas. Cela étant dit, un groupe qui joue au clic et qui, d’un spectacle à l’autre, offre une performance assez homogène ne va pas autant marquer l’histoire qu’un groupe comme Iron Maiden qui, à chaque sortie d’album public, va susciter de l’intérêt et vendre son produit comme des petits pains chauds. Allons voir lesquels de ces albums Metal/Rock ont marqué l’histoire et pourquoi.

Un des premiers albums qui vient en tête à tout fan du genre est le monstre qu’est Iron Maiden – Live After Death. Cet album a été produit par le géant Martin Birch et ça explique en grande partie la qualité du produit. Beaucoup de critiques le désignent comme le meilleur album public de tous les temps et ce n’est pas pour rien. Si vous ne l’avez pas écouté, il ne faut pas hésiter. La capture s’est faite pendant la tournée World Slavery Tour, où Iron Maiden faisait la promotion de Powerslave.

Deux autres géants du domaine album public sont Deep Purple – Made in Japan et Rainbow – On Stage (dont la photo est montrée ci-dessus). Ces deux albums-là ont plusieurs choses en commun qui ajoutent une énorme valeur au produit : l’improvisation sur les chansons qui fait en sorte que la version live et la version studio sont complètement différentes l’une de l’autre.  La deuxième chose qu’ils ont en commun est le génie qui se trouve derrière la guitare et qui est un des pères du métal … Ritchie Blackmore! Sa performance sur ces deux concerts est tout simplement époustouflante. La troisième chose que ces albums ont en commun est le producteur, qui est le même que celui qui a fait Iron Maiden – Live After Death. Il s’agit de nul autre que le génie Martin Birch. Encore une fois, si ce n’est pas fait, allez leur jeter un coup d’œil.

Un autre album public qui a gagné beaucoup de notoriété à l’époque est Judas Priest – Unleashed in the East. Au moment de sa sortie, c’était l’album le plus vendu de la formation et il s’agissait du premier album produit par Tom Allom, qui a travaillé avec le groupe pour la décennie qui a suivi. Ce qui explique l’engouement de cet album-là en particulier est que les chansons sonnent beaucoup plus agressives en spectacle qu’en studio. Là où l’album a été critiqué est la retouche que le chanteur du groupe, Rob Halford, a fait car sa voix ne sortait pas bien sur les enregistrements originaux. Par contre, ses retouches ont été faites dans un environnement studio semblable à celui d’un concert. Quoi qu’il en soit, ça demeure un classique dans son genre.

Beaucoup d’amateurs de métal extrême vont s’entendre pour dire que Slayer – Decade of Aggression est le meilleur album public de tous les temps. Les enregistrements pour cet album ont été capturés lors de 3 spectacles différents de la formation. Nous pouvons donc sentir l’énergie constante que le groupe avait à cette époque et les chansons sonnent souvent mieux en spectacle qu’en studio, notamment parce que Slayer sont rarement gâtés en termes de production studio. Le producteur de cet album est nul autre que Rick Rubin, qui a beaucoup de notoriété dans l’univers musical et qui a produit des artistes dans plusieurs styles de musique (d’Eminem à Black Sabbath).

Kiss sont d’autres champions dans l’univers du spectacle et il n’est pas surprenant que leurs albums publics se classent parmi les incontournables. Il s’agit des albums Kiss – Alive!, Kiss – Alive II et Kiss – Alive III. Bien que le premier du lot est le plus apprécié, ils demeurent tous des incontournables pour différentes raisons, mais allons voir pourquoi le premier a autant marqué l’histoire.  Kiss – Alive! est un monument principal en ce qui a trait aux albums publics et beaucoup de gens le considèrent comme le meilleur album de tous les temps de ce type. Les chansons sonnent différemment en spectacle, il y a des improvisations et une énergie tout simplement incroyable. Certaines personnes critiquent ce produit pour les petites retouches que le groupe a faites en studio, mais certaines des prises de sons étaient altérées et le groupe refusait de compromettre la qualité. D’un autre côté c’est peut-être pour cela qu’il a une si bonne réputation. L’album a été produit par Eddie Kramer, qui a collaboré avec Jimi Hendrix, Led Zeppelin, The Rolling Stones et The Beatles, entre autres.

Motörhead – No Sleep ‘til Hammersmith porte mal son nom, mais est légendaire dans l’univers des albums publics. Contrairement à ce que le titre indique, le groupe n’a pas joué au Hammersmith Odeon de Londres durant cette tournée. La capture de son s’est faite aux spectacles de Leeds et Newcastle, en Angleterre. Lemmy pense que le succès de cet album repose principalement sur l’anticipation grandissante des fans du groupe pour un album public à l’époque. Mais quoi qu’il en soit, beaucoup de gens le considèrent comme étant le meilleur album du genre de tous les temps et le travail très défini et puissant que Vic Maile a fait comme producteur a beaucoup aidé. La performance captée de la formation est sans faille.

Parfois, c’est une bonne idée d’attendre que la chimie d’un groupe arrive au sommet avant d’enregistrer un album public. Scorpions – Tokyo Tapes est un exemple parfait. Cet album démontre à quel point la chimie et la cohésion du groupe était à son apogée à cette époque. Les enregistrements de cet album démontrent clairement à quel point le groupe est à l’aise avec les chansons et à quel point les musiciens maitrisent leur art. C’est grâce à cela que cet album est souvent mentionné dans les palmarès. Il s’agit également du dernier enregistrement que le groupe a fait avec Uli Jon Roth. Cette collaboration finit sur une sacrée bonne note, on s’entend.

Quand un musicien est reconnu comme étant une légende ou parmi les meilleurs dans le monde, il y a une raison. Randy Rhoads est un guitariste dont tout le monde a entendu parlé au moins une fois dans sa vie pour son talent exceptionnel à la guitare. Qui n’a pas été foudroyé par ses solos majestueux dans les albums Blizzard of Ozz et Diary of a Madman. Heureusement, il existe un bijou où on peut en entendre plus de cette légende et il s’agit de l’album public Ozzy Osbourne – Tribute. Cet album contient des enregistrements de grande qualité des tournées des albums Blizzard of Ozz et Diary of a Madman où Randy Rhoads se déchaîne sur ses guitares en faisant des solos improvisés entre les chansons. On peut également l’entendre jouer des chansons de Black Sabbath. Un grand travail a été mis pour sauver ces enregistrements et le producteur, Max Norman, avec qui Ozzy travaillait pas mal à l’époque, a fait un très bon travail. Ce petit bijou, composé de méli-mélo ne passe donc pas inaperçu dans l’univers des albums publics.

Bien évidemment, il se fait encore des albums publics de qualité, quoique plus rares. Un de ces albums est le foudroyant Halford – Live Insurrection. Ce qui rend cet album aussi unique n’est pas tant dans la production de Roy Z, qui faisait beaucoup d’albums avec les grands noms dans la fin des années 90 et le début des années 2000. Bien qu’il s’agit d’une excellente production, tout se passe surtout dans la performance à en couper le souffle de Rob Halford, qui hurle comme il n’a jamais hurlé de même dans toute sa carrière. Les chansons de Judas Priest ont souvent plus d’agressivité et de distorsion que leur version studio, il y a des chansons jamais enregistrées en studio qui décoiffent tellement que le Metal God est déchaîné dessus. Je pense notamment aux pièces Hell’s Last Survivor et Sad Wings. Un des principaux buts d’un album public est de montrer le meilleur d’une performance d’un artiste. À ce niveau, cet album est une réussite des plus absolues.

Les incontournables des albums publics ne se limitent évidemment pas à la liste ci-dessus et d’autres artistes sont reconnus pour leur qualité de spectacles. Deux autres noms qui viennent en tête sont Rush et Dream Theater, dont leurs musiciens sont parmi les meilleurs au monde. L’important à retenir lorsqu’on apprécie un produit est la valeur ajoutée. Dans l’exemple mentionné ci-dessus, un artiste qui joue sur le clic qui donne une performance homogène et sans improvisation peut être plaisant à voir en spectacle, car ce n’est pas toujours tâche facile de jouer ses chansons en soi. Par contre, une fois qu’on a écouté/collectionné l’album studio, l’album public n’ajoutera rien de bien différent. Un groupe qui va jouer un solo différent, faire une improvisation, offrir une version plus énergique d’une chanson va offrir un produit avec une plus grande valeur ajoutée et c’est là la magie des albums publics. Et vous? Quel est votre favori du lot?