Ça ne prend pas grand-chose pour me déstabiliser au niveau de l’orientation du calendrier, et c’est probablement la même chose pour toi. En congé depuis jeudi soir, je suis déjà en train de me demander à quelle journée nous en sommes en ce congé pascal. Selon l’épouse, aujourd’hui, c’est le samedi 19 avril. Pour une raison que j’ignore, j’étais certain que c’était dimanche. C’est probablement la visite dans un Costco achalandé la veille qui m’a totalement déréglé au niveau de l’orientation hebdomadaire.

Non, ce n’est pas le temps de me pointer du doigt en disant que je suis allé encourager une bannière américaine. Ce jeu qu’est le boycott se veut, lui aussi, déstabilisant. Cette façon de viser uniquement ce qui est canadien pour remplir notre panier d’épicerie demande une discipline de fer et il faut se demander si le tout est faisable, à 100%, n’est-ce pas? Il y a des trucs que nous consommons au quotidien (ou du moins hebdomadairement) qui proviennent de l’autre côté de la frontière, que cela nous plaise ou non.

Sur cette page métallique, nous comprenons que nous consommons beaucoup de musique américaine. Sur cette page métallique, nous avons beaucoup de bons buveurs de bières de microbrasseries et il faut savoir que la plus que très grande majorité des microbrasseurs d’ici concoctent leurs bières avec des houblons… américains!

Effectivement, c’est que les houblons les plus délectables poussent dans la vallée de Yakima, dans l’état de Washington, aux USA. C’est ce que l’on boit, généralement, quand on se gave des IPAs les plus juteuses. Donc, doit-on y aller avec un boycott aussi intense? La balle est dans votre camp! Je suis bien capable de me passer du Mélange Montagnard de Noix avec des M&Ms dedans car il vient des Zétats.

De me passer de IPA du Nord-Est?  Oubliez ça!

En fin de semaine, je me suis justement clanché une couple de canettes en écoutant la nouveauté de Lik. Formation originaire de la Suède, Lik est près des racines du genre de la pédale HM-2 avec une participation active dans le death metal de type scie mécanique, et à gazoline. Du nom de Necro, cet album est crasseux en masse et ça te fait ramper hors de ton tombeau.

Comme la dernière fois avec Benediction, j’ai reçu la copie promotionnelle de cet album de Lik avec les chansons dans le désordre. Ma version de Necro débutait avec la chanson #6, Shred into Pieces plutôt qu’avec Deceased. Question de te rendre le tout plus près de la réalité, je vais y aller selon l’ordre établi par la production et non pas selon le désordre de cette copie promo. D’après moi, il est important que cet album débute avec cette chanson car c’est avec un retour de son et une passe de drum que le tout débute, suivi par un lead de guitare doté d’une efficacité redoutable. Ensuite, c’est la voix de Tomas Åkvik (qui guitouille aussi avec Bloodbath) qui nous annonce « I woke up dead today! »

Belle thématique pascale, n’est-il pas?

Ensuite, ce sont des barricades soniques efficaces, entremêlées de puissantes transitions et tu le ressens dans ta poitrine que l’intensité ne fera que gagner. C’est galopant, grassouillet tout en ayant des lignes de guitares frontales précises. Les percussions se veulent punitives, la basse est audible pour le genre et la voix propose un habile mélange entre le sulfure et l’amoncellement de gravier au fond de la gorge.

Juste avant d’entamer les dernières mesures, Lik nous propose même un genre de cri à la Entombed, un « AHHH! » comme si quelqu’un subissait une chute vertigineuse.  Gériboire, ce n’est que la première chanson et je suis déjà enthousiasmé. Et la suite me confirme mon émerveillement car avec War Praise, on garde la recette intacte mais la partie centrale se veut plus Cro-Magnon, du genre écraser des os avec une pierre pour en extraire la moelle…

Le morceau du nom de They rappelle le Carcass « moderne » avec son riff principal et son pincement de cordes. Le côté joggant de Worms Inside et la transition rasoir de la guitare après une vingtaine de secondes fait de cette chanson un monstre de death metal. Cadence plutôt rapide, avec du too-pah-too-pah sur la caisse claire, ta capacité d’acquiescer se veut interrompue par une autre transition musicale efficiente.

Morgue Rat est la chanson la plus insalubre de l’album avec son gros riff pataud et Shred Into Pieces remet les BPMs en mode accélération. Celle-ci se veut ravageuse, la sonorité tranchante demeure bien audible dans le mix et ça me confirme que je ne pourrai jamais me passer du death metal… même en pleine cinquantaine!

In Ruins est le morceau qui aurait pu terminer l’album. Plus contemplatif en ouverture, c’est le genre d’ambiance sonore qui permet de bien fermer les livres. Il y a même Nick Holmes de Paradise Lost qui s’invite sur celle-ci. Par contre, la suite du morceau se veut selon la ligne morbide établie depuis le début de Necro. La chanson The Stockholm Massacre est parfaite et suit le modèle établi par Dismember et Entombed. Une entrée en rapidité mais qui sera coupée par un barrage pour te délecter du rasoir des guitares.

Tout comme In Ruins, Fields of Death aurait pu être la finalité de l’album pour son introduction plus méditative. Tout comme l’autre, c’est à grande allure que la suite se poursuit, question de bien nous diriger vers Rotten Inferno. Morceau qui ferme cet épisode morbifique, c’est la plus doomesque et abyssale et je me rends compte que l’album se devait de s’essouffler avec celle-ci.

Je termine de taper ce texte avec la satisfaction d’une écoute additionnelle. Je me dirige pour un brunch pascal, quelques bières à la ceinture. Le death metal et Pâques, avec tout ce qui entoure la résurrection, ça va ensemble merveilleusement bien. Tout comme un brunch et quelques bières, c’est un mariage gagnant. Il faut demeurer sélectif mais précis face à nos choix, face à ce que nous consommons en produits américains mais avec Lik, c’est suédois.

Casse-toi pas la caboche avec ça!

Disponible sur Metal Blade Records.

www.facebook.com/LIKofficial

Photo : Michaela Barkensjö