Quand j’ai reçu ma copie promotionnelle pour Brute de NecroticGoreBeast, je savais que j’allais recevoir une méchante taloche auditive. Et c’est ce qui est arrivé car ce mini album est, brutal! On plonge tête première dans un marécage de sang et de viscères avec NecroticGoreBeast qui revient plus brutal (et très jambon!) que jamais avec cette sauvagerie et qui explose de rage porcine! Avec une collaboration plutôt étonnante au chant, une intro d’horreur tout droit sortie d’une VHS des années 80 et un visuel monstrueux qui hante la pochette, le groupe de Québec nous convie à un festin sonore… sans pitié! Accrochez-vous, parce que cette entrevue risque de sentir la chair porcine brûlée et la scie à viande rouillée. Entretien avec John, chant brutalement porcin et JP, batteur de carcasses suintantes!
Salut, les gars. J’avais envie de parler avec vous du nouveau mini-album Brute. J’apprécie que vous soyez un groupe francophone qui s’exprime en anglais mais qui propose des titres bilingues, qui se comprennent autant dans la langue de Molière que celle de Shakespeare. Est-ce voulu?
JP : C’est 100 % voulu.
Pouvez-vous développer ?
JP : Nous aimons choisir un mot qui résume bien l’esprit de l’album et qui fonctionne dans les deux langues. Par exemple, notre dernier album, Repugnant, utilisait le même principe. C’est un moyen de parler aux francophones tout en restant accessible aux anglophones.
Je n’ai pas le choix, ici. La question la plus ennuyante quand je jase avec un groupe pour la première fois. Parlons de la genèse du groupe. Comment est né NecroticGoreBeast?
John : Tout a commencé avec moi et Alex Brochu, le bassiste. Après la sortie du premier album de The Outborn, nous voulions quelque chose de plus violent. Nous avons recruté des musiciens avec qui nous avions des affinités. JP a répondu à notre message pour le poste de drummer, et ça a démarré ainsi. Ce qui était au départ une blague est devenue, du sérieux!
JP : Nous ne pensions pas que le projet prendrait autant d’ampleur, mais nous étions ouverts à toutes les propositions.
John : Oui.
JP : Au départ, le guitariste initial n’a pas pu continuer, et Mike a rejoint le groupe. Au final, tout le monde a contribué comme dans un projet collaboratif.
Et vous vous retrouvez avec Comatose Music, un label prestigieux. Comment ça s’est fait ?
JP : Cela s’est fait naturellement. Nous avions déjà une présence sur Facebook, un logo, une présence visuelle et un peu de travail acharné ici et là. Cela a suffi pour attirer un public qui attendait notre premier démo. Par la suite, plusieurs labels étaient intéressés, mais nous avons choisi Comatose.
John : Il y avait de très gros noms chez eux, comme Pathology et Kraanium. Steve (Green) de Comatose Music a cru en nous dès le départ, et cinq sorties plus tard, nous continuons la collaboration.
Revenons au mini-album Brute. Que signifie ce titre pour vous ?
JP : Cela vient d’une discussion sur nos albums précédents et sur ce que le public préférait. Brute reflète l’esprit de l’album, ou mini-album, qui n’est pas uniquement axé sur la brutalité pure, mais reste intense et direct. On avait expérimenté un peu plus et il y a du monde qui avait vraiment apprécié ça. Mais pour celui-ci, on voulait juste revenir un peu plus, jambon! C’est Alexandre, notre bassiste, qui a comme dit : « Au pire, on fait quoi? On l’appelle comment? Un truc ben niaiseux, genre Brutal! » J’ai dit un truc du genre : « Pourquoi pas juste, Brute? Hein? » C’est simple, c’est efficace!
Y a-t-il un concept derrière cet album ? Le personnage sur la pochette représente-t-il la « Brute » ?
John : Non, ce n’est pas un concept… Ce sont surtout des chansons, mais l’album est plus brutal que ce que nous avons fait précédemment. Nous n’avons jamais fait d’album concept, mais toutes nos tounes suivent des thèmes cohérents. Pour Brute, nous avons choisi d’y aller intense, sans penser à un concept précis. Tout ça s’agence dans un sens!
JP : L’image de la « brute » a été inspirée par le film Castle Freak de Stuart Gordon.
John : C’est une créature qui habite dans un château, toute seule, mutilée, un peu perverse, violente et sadique. Même si les tounes n’ont pas nécessairement de lien direct, on trouvait que l’image et le titre allaient bien ensemble.

Exactement, ça reste dans l’univers habituel de NecroticGoreBeast. Avec ce personnage, cette Brute, vous avez pensé à de la merch? Des longsleeves, des t-shirts?
John : Pour l’instant, on va se limiter à penser à de la merch liée au EP et à la pochette. On n’a pas encore pensé à d’autres trucs, nous ne sommes pas en tournée pour le moment. On verra plus tard. Normalement, on fait de la nouvelle merch pour faire des tournées. Dans le fond, pour l’instant, on y va avec ce qu’on a, là!
JP : Mais il y a plein de possibilités.
Et niveau pochette. Je suis fan de vinyles. Pour Brute, c’est un retour aux sources visuellement mais celle de Repugnant. Oh… C’était ailleurs. Un genre de peinture faite pas un élève de secondaire 4 en arts plastiques, un truc qui aurait pu être celle du single de Dead Skin Mask de Slayer. Elle donne la pétoche! Cette pochette est un peu grotesque, mais totalement captivante. D’où vient l’idée ?
JP : Quand on a composé l’album, on voulait se détacher de ce qu’on avait fait avant : compositions, patterns, riffs, rythmes… On voulait aller dans un sens différent, visuellement aussi. On s’est inspiré de films de tueurs en série, de désaxés, où tu te sens mal en regardant. Comme, par exemple, Henry : Portrait of a Serial Killer.
JP : On a suivi RF Pangborn sur Instagram, ses créations nous ont parlé! Il nous a autorisés à utiliser son œuvre. C’était exactement ce qu’il nous fallait.
John: En même temps, ça allait avec l’ambiance de l’album qu’est Repugnant. L’ambiance est tellement sur un autre beat, comparativement aux deux premiers albums.
Musicalement, ce mini-album est plus “jambon”, comme vous me le disiez, en début d’entretien. Est-ce une évolution ou plutôt une descente plus profonde dans le death metal brutal ?
JP : Plutôt une descente, une régression vers le chaos. On voulait que ce soit direct, que le public découvre notre énergie, même ceux qui ne connaissent pas le band, les néophytes. L’idée, c’est que ce soit catchy tout en restant brutal.
John : On s’est inspiré aussi du deuxième album pour créer quelque chose de très brutal mais accessible, pour que les gens s’immergent dès la première écoute. On s’est dit qu’on devait y aller comme on le voulait! Que le monde se pitche partout lors des shows, même s’ils ne connaissent pas les chansons. C’est un peu ça, notre idée de base. Là, on s’est dit qu’on allait juste focusser là-dessus! Que ce soit, jambon!
Certains disent que ce style qu’est le slam/death brutal n’évolue pas. Que répondez-vous ?
John: Oui, je peux comprendre… Tsé, les patterns de slam peuvent se répéter, les riffs aussi. Mais quand on mélange brutalité technique et slam, on obtient un truc original.
Donc vous avancez, progressivement?
John: Exact. On avance avec ça, tranquillement. Puis tu sais, on a décidé de revenir un peu aux sources, quand même. Même au niveau vocal, on change de technique d’album en album, ça fait évoluer le style. On change de petites choses, on revient!
JP : Les riffs restent classiques. Dans ce style, on joue tout le temps sur les mêmes frets. Les premières, haha! Mais on innove dans la rythmique et les patterns. On mélange brutalité et slam sans se limiter. L’important, c’est que ça roule et que le public tripe, en fin de compte. Pas besoin de réinventer la roue!
Oui, elle est assez ronde de même! John, ton vocal est impressionnant, une intensité “porcine” inhumaine. Jusqu’où peux-tu pousser? Jusqu’où veux-tu pousser?
John : Plus aigu, c’est volontairement moins extrême qu’auparavant, pour pouvoir le reproduire live. Je fais un peu moins de pig squeals que sur le premier album ou le deuxième album. C’est voulu parce qu’au niveau des concerts, j’essaie de toujours reproduire ce que j’ai fait au niveau des albums pour le « live ». C’est un petit peu plus intense au niveau de la gorge quand je gueule. Mais je peux aller plus grave ou plus intense, si les tounes le demandent!
JP, quand vous composez, laissez-vous carte blanche à John ?
JP : Oui, totalement. Je sais ce qu’il est capable de faire et je le laisse explorer librement. On a travaillé avec Chris (Christopher Rannou-Poulin, à l’enregistrement) en studio, Alex a donné quelques lignes aussi mais John se surprend toujours lui-même.
John : Quand je travaille avec Alex, c’est clair que ça change tout. Moi, j’ai ma façon de faire, genre première prise, mais je peux bouger ça, tester des trucs. Voir si je peux le faire grave, aigu, ou un mélange des deux. Chris m’a beaucoup aidé là-dessus, il m’a donné des idées auxquelles j’avais pas pensé, et Alex aussi. Moi, je teste. Si ça marche, parfait. Sinon, on trouve autre chose. Je suis assez versatile là-dessus, ça me dérange pas qu’on me dise “garde ça” ou “change ça”, je vais essayer.
Vous parlez d’Alex, je le vois un peu comme votre Steve Harris, ça se peut ?
JP : Ouais, un peu. Il a vraiment la main sur plusieurs trucs. La moitié des tounes viennent de lui. Les paroles, les réseaux sociaux, tout ça. C’est quelqu’un de très cartésien et organisé.
John: Alex gère beaucoup de choses, l’équipe en tant que tel, les emails, le contact avec le monde, le label… On a un groupe Chat Messenger, on se parle tous les jours, on s’envoie des screenshots, des suivis. C’est lui la pieuvre du band, mais chacun a sa spécialité. Moi, je m’occupe beaucoup de la merch. Quand on donne une idée, ça part sur le chat, on discute, ça marche ou pas.
Sur Brute, vous avez une collaboration avec Channey Crabb de Entheos. Comment ça s’est fait ?
John : C’est encore Alex qui a eu l’idée. Quand on finit un album, on voit si on veut des features. Entheos, c’est gros! Channey a beaucoup de visibilité, surtout avec sa chaine YouTube. Perso, je suis un peu moins fan de sa voix, mais elle est excellente. On a trouvé que ça allait bien fitter sur cette pièce.

JP : On voulait quelque chose qui sorte un peu de notre « scène ». On a déjà collaboré avec d’autres groupes, mais là, c’est différent. Elle a un professionnalisme qui aide beaucoup.
Vous pensez que ça attirera son public vers NecroticGoreBeast?
John: C’est sûr que ça peut donner un peu plus de visibilité. Pas à 100%, mais oui, ça aide. On a découvert, en la contactant, qu’elle avait pas mal de followers, donc c’était un bonus.
Et les intros, celles qui rappellent les vieux films d’horreur des années 80 ? Comment ça nourrit notre écoute ?
JP : C’est un peu cliché dans le brutal death ou le slam, mais c’est volontaire. On voulait cette vibe. Les samples, c’est Ron Burgundy! En plus, j’aime bien ce que TV Crimes a fait pour Fulci. C’est ce qui donne ce côté analogique qu’on cherchait.
C’est vrai que c’est intéressant dans Fulci. Et TV Crimes, c’est le guitariste en fin de compte, son projet en parallèle.
JP : Oui, c’est TV-Crimes qui a travaillé avec nous sur Brute.
Je n’ai pas vu ça dans le communiqué de presse!?
JP : Quand Fulci est venu à Montréal, j’ai jasé avec Dome, le guitariste et c’est de là que tout est parti!
Parfait. Dernières questions : prochaines étapes ? Tournées, nouvel album ?
John : On a les deux. On peut rien annoncer officiellement, mais probablement une tournée en novembre, des shows spéciaux, et on planifie déjà une autre tournée.
Canada? États-Unis? Europe?
JP : Un peu de tout, ahahha! On a commencé à composer pour la suite de Brute et de Repugnant. On reste très disciplinés malgré nos jobs de jour et nos vies à Montréal et à Québec.
Et la scène death métal au Québec ? Ou plutôt à Québec? Et, est-ce que Bleufeu devrait aider un peu plus!
John : Hahha, Bleufeu… Il y a des bons shows, mais moins de monde qu’à Montréal. Les shows locaux souffrent un peu, mais globalement, la scène est en santé. Les styles sont variés, ça reste intéressant. T’as un gars de Québec, ici. J’ai vu quand même beaucoup de très très bons shows death métal à l’Impérial. Oui, c’est sûr que bon, comparativement à Montréal, où il y a de très bonnes salles qui peuvent accueillir quand même beaucoup de monde, nous autres à Québec, on n’a plus grand chose.
Merci beaucoup les gars!
JP et John : Merci à toi!
Le mini-album Brute de NecroticGoreBeast sera disponible dès le 12 septembre chez Comatose Music.
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