Avec son nouvel album, Omnium Gatherum confirme une fois de plus sa place parmi les figures incontournables du death metal mélodique finlandais. Plus tranchant, plus direct, mais toujours guidé par cette intensité mélodique qui fait sa signature, le groupe signe un disque bien pensé pour le genre et plutôt chargé d’énergie. J’ai discuté avec Jukka Pelkonen, chanteur d’Omnium Gatherum, de la conception de cet album qu’est May The Bridges We Burn Light The Way, du fait de faire de la tournée en ce moment, de leur relation avec Century Media et de la façon dont la formation parvient, après toutes ces années, à garder la flamme bien allumée. Entretien avec Jukka Pelkonen, chanteur chez Omnium Gatherum.
Bonjour Juuka! Votre nouvel album conserve l’intensité mélodique propre à Omnium Gatherum, mais avec une touche plus tranchante, plus agressive. Qu’est-ce qui a inspiré cette direction musicale ?
Bonjour. Oui, en effet, nous avons cette approche mélodique dans notre musique. C’est probablement la seule chose qui ne changera jamais dans notre style. Cette fois, nous voulions rendre les chansons plus directes et davantage conçues pour la performance en concert. Nous avons déjà beaucoup de morceaux intenses issus des albums précédents qui fonctionnent très bien sur scène, mais cette fois, je sens personnellement que chaque chanson sera un plaisir à jouer en concert. Il n’y a pas vraiment une chose précise qui nous a inspirés à aller dans cette direction. L’une des inspirations derrière cela était notre désir de ramener le feeling du metal « héritage » des années 1990 dans le concept global de l’album. Nous voulions aussi évoquer les vibrations de l’histoire musicale d’Omnium Gatherum elle-même. Et malgré tout, cet album avance vers de nouveaux horizons, en continuant de créer une musique nouvelle et intéressante au sein de notre catalogue.
Le morceau Streets of Rage semble déjà promis à devenir un futur hymne en concert. Ce morceau est à la fois furieux et fédérateur. Peux-tu nous parler de la façon dont cette chanson a vu le jour et de ce qu’elle représente dans l’ensemble du disque ?
C’est exactement ce que je voulais dire quand je mentionnais que ces nouvelles chansons seraient fortes en concert. Dans le cas de Streets of Rage, c’est l’une des premières chansons à avoir été « maquettées » dans son intégralité durant la préproduction. En ce sens, elle a aidé à orienter la direction mélodique que l’album allait finalement prendre. Il y avait cette idée des rues, des ambiances, et des destins des personnages qui errent dans ces rues. Cela a également influencé l’approche musicale des morceaux, et cette chanson a été en quelque sorte le premier élan vers cette direction. Streets of Rage est une chanson plutôt simple, mais elle contient plusieurs couches dans les riffs et les mélodies. Donc, même s’il y a un peu de répétition, la structure se maintient bien. Cela en fait un morceau très adapté à la scène.
Musicalement, l’album frappe fort dès le départ. Était-ce une décision consciente d’ouvrir avec quelque chose d’aussi direct et puissant, presque comme une déclaration d’intention ?
Oui, nous voulions vraiment composer des morceaux plus in your face, et c’est pourquoi il n’y a aucune retenue. Donc oui, c’était une décision consciente. Je pense que chaque chanson de l’album fait un peu la même chose, même si certaines commencent de manière un peu plus calme. Bien sûr, par exemple, Streets of Rage s’intègre dans l’ensemble de l’album et contribue à une approche dramatique et musicale plus large, et c’est ce qui est l’objectif de chaque album que nous faisons.
Vous travaillez avec Century Media Records depuis un bon moment. Comment va cette collaboration à une époque où le streaming domine et où les ventes physiques diminuent ? Un label fait-il encore une vraie différence pour un groupe comme Omnium Gatherum en 2025 ?
Je pense que nous sommes dans une bonne position avec Century Media Records. Ils ne remettent toujours pas en question notre liberté artistique. Par-là, je veux dire que nous pouvons continuer à faire évoluer la musique d’Omnium Gatherum dans la direction que nous jugeons appropriée. Je pense qu’ils font encore partie des rares labels qui respectent la vision des groupes. Bien sûr, les temps ont changé, même par rapport à nos débuts avec eux. Mais c’est la voie de la numérisation, et on ne peut pas l’éviter. Je suis toutefois heureux et fier de constater que les amateurs de métal qui viennent aux spectacles apprécient encore les copies physiques des albums, et qu’en concert, elles se vendent plutôt bien. Cela fait donc une différence dans la relation et le dialogue entre le groupe et le label. Nous n’avons jamais reculé devant le travail acharné ni les tournées, et je pense qu’ils apprécient vraiment cela. Bien sûr, je parle de mon expérience personnelle avec eux et je ne peux pas parler au nom des autres groupes de leur écurie. Je ne peux pas non plus louer ou critiquer d’autres labels, et je ne vais certainement pas lancer de rumeurs ni spéculer. C’est un sujet délicat entre artistes, groupes et maisons de disques.
Vous avez toujours su trouver le parfait équilibre entre mélodie et agressivité. Comment gardez-vous cet équilibre frais sans vous répéter ni en abuser ?
Je suis d’accord. C’est quelque chose qui a mûri au fil du temps et qui, aujourd’hui, vient presque naturellement. Il n’y a pas de recette spéciale ou de secret à cela. Nous aimons simplement cette combinaison et ce style que nous avons réussi à créer, et nous sommes vraiment fiers des albums et des chansons que nous avons faits. Nous honorons notre passé de musiciens, mais nous voulons toujours aller de l’avant avec notre musique. Je pense que c’est ce qui garde les choses fraîches et intéressantes pour nous et pour nos auditeurs. Il y a certainement une signature propre à notre musique, et oui, un peu de répétition. Mais c’est inévitable pour tout groupe. Dans notre cas, nous gardons les yeux tournés vers l’avenir : nous voulons préserver certains éléments pour assurer une continuité, mais nous n’avons pas peur d’expérimenter et de changer d’approche pour garder la flamme vive.

Plusieurs membres d’Omnium Gatherum sont aussi impliqués dans d’autres projets comme Insomnium, Marianas Rest, et d’autres encore. Comment gérez-vous tous ces engagements parallèles tout en préservant l’identité d’Omnium Gatherum ?
C’est une question de logistique et de planification des horaires à l’avance. Travailler dans plusieurs groupes est quelque chose qu’il faut vivre concrètement pour réussir à faire coïncider les tournées, les sessions d’enregistrement, etc. Parfois, il faut faire des compromis pour que tout s’aligne, et cela peut être un défi. Chaque groupe doit laisser de la place aux autres à un moment donné, et dans le cas de nos musiciens, cela ne pose pas de problème majeur jusqu’ici. La compréhension mutuelle et l’empathie vont très loin.
Ces projets parallèles influencent-ils la créativité d’Omnium Gatherum, ou essayez-vous de garder les mondes bien séparés ?
Ces mondes sont assez séparés selon moi, mais on ne peut pas nier que l’influence subliminale existe et de cette manière, il y a forcément un impact sur chaque groupe qui partage les mêmes musiciens. Heureusement, même si tous ces groupes font du metal, ils sont très différents les uns des autres et ont chacun leur propre style distinctif. Cela aide vraiment à préserver l’identité de chaque formation. Cela peut même être une bonne chose que certaines idées créatives circulent d’un projet à l’autre : Omnium Gatherum peut être influencé par ces autres groupes, et inversement. D’une certaine façon, cela élargit les horizons musicaux sans compromettre l’unicité de notre art.
Omnium Gatherum a été l’un des premiers groupes à repartir en tournée nord-américaine après la pandémie. J’étais d’ailleurs à votre concert de Montréal au Ritz PDB. Certaines personnes portaient encore le masque à ce moment-là. Quelle a été cette expérience pour vous, de revenir sur scène alors que le monde se rouvrait à peine ?
C’est vrai. L’expérience était très différente des tournées précédentes. Comme on le sait tous, il y avait encore beaucoup de restrictions et de choses à prendre en compte, ce qui compliquait certains aspects. Par exemple, nous aimons interagir avec le public et rencontrer les gens qui viennent à nos spectacles, mais dans ce cas, ce n’était tout simplement pas possible, ou du moins, encore très limité. Ces mesures visaient uniquement à garder la tournée en vie et à éviter que quelqu’un tombe malade. Et hélas, cela n’a pas parfaitement fonctionné. Certaines personnes de la tournée ont attrapé le virus et ont dû s’arrêter temporairement. C’était vraiment frustrant, mais c’était la réalité à ce moment-là. Cela dit, la tournée dans son ensemble a été formidable, et je suis heureux qu’on l’ait faite, qu’on ait pu apporter un peu de metal à ceux qui en avaient besoin après un si long confinement. Et la chance a voulu que nous ayons pu terminer la tournée avant que presque tout le monde tombe malade, hahahah!
En 2025, tourner en Amérique du Nord est-il toujours aussi compliqué pour un groupe européen ? Quels sont aujourd’hui les plus grands défis au niveau de la logistique, les visas, ou simplement les coûts ?
Il y a toujours des aspects compliqués en tournée, et pas seulement en Amérique du Nord. C’est un métier à risque, et certaines parties impliquées peuvent parfois rendre les choses vraiment difficiles pour une raison ou une autre. Heureusement, ces situations restent assez rares. Ensuite, il y a les déplacements, surtout en Amérique du Nord, où les distances sont énormes. Il faut adopter un certain état d’esprit pour supporter les longs trajets et les concerts jour après jour. La logistique est plutôt simple tant que tout est bien planifié à l’avance. Ce n’est donc pas le principal problème. Les coûts, en revanche, sont aujourd’hui très préoccupants. Les prix de presque tout ce qui touche aux tournées ont augmenté de façon spectaculaire, donc nous prenons un gros risque chaque fois que nous investissons dans une tournée en Amérique du Nord. Mais nous aimons ce que nous faisons, et nous avons foi en nos fans. Nous savons qu’ils viendront aux concerts et qu’ils nous soutiendront.
Après toutes ces années, qu’est-ce qui garde la flamme d’Omnium Gatherum allumée? Qu’est-ce qui vous pousse encore à créer, à aller plus loin ?
C’est l’art lui-même qui nous pousse à avancer. La passion pour notre art est aussi essentielle. Mais les deux choses les plus importantes restent notre amitié entre nous et nos fans partout dans le monde. Ils sont vraiment le joyau de notre trésor. Merci pour cela.
Juuka, merci beaucoup et on se voit bientôt au Québec!
Oui, notre nouvel album sort le 7 novembre et nous serons le 17 à la Source de la Martnière à Québec et le 18, aux Foufounes de Montréal! Merci Yanick!