Je fais souvent les achats pour mon école. L’autre jour, je me suis rendu dans un magasin d’articles sportifs pour acheter les ballons qui seront utilisés pour les récréations, ce qui veut dire des ballons de soccer. La popularité de ce sport ne se dément pas, surtout à Montréal, je vous le confirme. En passant aux caisses, une employée me fait un sourire et me confirme de déposer mes items dans le genre de panier de leur caisse qui scanne tous les items lorsqu’ils sont déposés dedans. Après avoir fait le paiement, j’ai remis tous les ballons dans le panier et suis retournée à ma bagnole. De retour au travail, j’ai déposé les items sportifs dans le meuble destiné à les accueillir.
Par la suite, j’ai déplié le coupon-caisse car je me devais de le remettre à la comptabilité pour me faire rembourser. Fidèle à mon habitude, j’ai vérifié si tout y était, si tous les items scannés et payés s’y retrouvaient. À ma grande surprise, et non à ma grande déception, j’ai remarqué qu’il manquait un ballon sur la facture. Non, ceci n’est pas un vol de ma part. C’est probablement que la puce qui permet de scanner se voulait défaillante ou inexistante. Moi qui déposais les items un à un, je me fie à leur technologie pour me monter un montant que je devrai payer et c’est ensuite que je vérifie si tout y est. De plus, je n’ai pas bippé en passant la porte, ce qui confirme la défaillance de la puce antivol et/ou qui indique le prix.
Et ça, ce n’est pas ma responsabilité. C’est un risque qu’encontre les commerces qui utilisent ce type de caisse automate. Si un commis avait été à la caisse, il aurait remarqué qu’il y avait un problème et aurait probablement demandé à un autre commis d’aller sur le plancher pour y cueillir un nouvel item semblable.
Mais ce n’est pas le cas. Cette façon de faire moderne entraine des pertes pour les commerces, cette technique en relation avec l’avenir de la vente en magasin fait qu’il y a moins de contacts humains mais en contrepartie, il y a des failles.
Sur ce coup, je n’ai rien à voir avec cette brèche dans la matrice!
Est-ce que l’avenir appartient aux caisses libre-service des magasins, commerces et supermarchés? Elles sont rapides, efficaces, sans caissier/ère et surtout, aucun sourire forcé.
En 2025, l’avenir du metal, c’est un peu pareil : il s’appelle Orbit Culture, et il nous sert du metal lourd sans filtre, sans détour, mais avec cette impression qu’on a droit à quelque chose de plus gros que ce qui a été payé à cette fichue caisse automatique.
Et en écoutant leur nouvel album, on en retire un sourire aucunement forcé.

Avec Death Above Life, leur premier album sous étiquette Century Media, les Suédois confirment ce que plusieurs répètent depuis déjà quelques années : ils représentent le futur du metal moderne. À mi-chemin entre le death metal percutant et les refrains accessibles, Orbit Culture conserve cette marque de fabrique qu’on leur connaît, où la rugosité des chants plus rocailleux se marie à cette voix claire, évoquant par instants celle de James Hetfield de Metallica. Une dualité vocale qui, loin d’affadir le propos du groupe suédois, l’épaissit, rend le tout plus onctueux tout en donnant à chaque chanson une tension dramatique et singulière.
Le premier item scanné face à cet album demeure Inferna. On ressent l’impact immédiatement, on reconnait le style des Suédois et j’apprécie. Comme toujours la dualité des voix, les guitares lourdes et oléagineuses en plus des effets aux claviers dans les arrangements qui viennent enrober le tout sont les items qui m’attirent chez Orbit Culture. Les ponts entre les différentes portions sont efficaces et je sens que cette balade en épicerie métallique se voudra intéressante.
Avec Bloodhound, l’auditeur est happé et vlan. Je comprends que la tournée avec Slipknot a eu une influence sur le groupe car cette pièce a quelques similitudes avec le groupe de l’Iowa. Des riffs massifs, une cadence implacable et un refrain où la voix claire flotte au-dessus du chaos comme une lueur étincelante dans la tempête. On retrouve cette dynamique aussi dans Inside the Waves, morceau qui illustre parfaitement la vision d’Orbit Culture, ce qui se résume à des vagues de guitares saturées, une batterie plutôt punitive, mais aussi une ouverture mélodique qui respire presque l’hymne métallique du stade. Très accrocheur comme item métalloïde.
Hydra, quant à elle, explore un côté plus sombre, presque reptilien, où les changements de rythme rappellent que le groupe n’a rien perdu de son agressivité originelle. Puis vient The Storm, morceau un brin charnière de l’album car il est construit comme une montée en intensité, il déploie tout le savoir-faire du groupe en matière de tension et finalement, de relâchement. Probablement le truc le plus thrashy de cette production. Enfin, Neural Collapse frappe comme un résumé de la démarche chez Orbit Culture; de la brutalité technique, des refrains mémorables et cette cohésion qui fait qu’on a affaire à un groupe très sûr de lui, suivant une ligne directrice, claire.
Par contre, l’item musical qui ne réussit pas à être bippé convenablement demeure la finale qu’est The Path I Walk, qui se veut un peu trop sirupeuse à mon goût.
Alors que beaucoup s’attendaient à un grand virage avec ce passage à Century Media, Orbit Culture a choisi ce que l’on pourrait appeler la continuité. Death Above Life ressemble, dans sa construction et surtout dans son ton, à ses prédécesseurs. Pas de révolution, mais une affirmation pure.
Un rappel que le groupe n’a pas besoin de se travestir pour briller. Ce qu’Orbit Culture propose, c’est du Orbit Culture! C’est efficace, beaucoup plus que cette série de caisses sans caissier du IGA où tu dois attendre qu’un responsable vienne scanner sa carte d’employé pour confirmer que tu as bel et bien plus de 18 ans quand tu veux passer tes canettes d’IPA du Nord-Est.
Ceci étant dit, si les caisses libre-service annoncent à leur manière l’avenir du commerce, alors Orbit Culture, avec Death Above Life, annonce celui du metal. Une machine moderne, implacable, parfois imprévisible, mais qui laisse entrevoir un futur où puissance et accessibilité s’accordent enfin.
Disponible sur Century Media Records.
Photo : Niklas Karlsson