C’est dimanche matin et enfin, je sens que l’automne s’installe amplement. Saison de prédilection des métalleux, nous l’aimons pour sa météo, sa parcelle glauque mais surtout pour les nombreux concerts qui s’arrêtent près de nous (surtout Montréal) et les sorties métallifères qui viennent sous votre format de prédilection. Oui, peut-être que pour certains c’est plus le retour des téléromans à la télévision (oui, certaines personnes regardent encore ça, la télévision câblée) ou le retour des cafés à la citrouille chez votre détaillant de caféine favori.  

J’ai aussi hâte d’aller me faire des feux à l’extérieur tout en sirotant un stout ou un café, justement. J’aime vraiment le café, mais beaucoup. Si au travail je carbure au Nespresso (rappelez-vous que chaque école du Québec a reçu gratuitement une cafetière, il y a de cela deux ans environ) il reste qu’à la maison, je m’abreuve de capuccinos avec des grains de café qui viennent d’un torréfacteur de Québec, du nom de Smith.

À l’époque de la pandémie, nous encouragions les commerces locaux et après avoir testé de nombreux torréfacteurs, nous (moi et l’épouse) avons décidé que Smith était ce qui se faisait de mieux dans le domaine du caféisme! La semaine, je me fais un café, sur ma machine, dès le bon matin. Immédiatement, dès que je suis près de la cafetière, le chat vient s’asseoir près de moi, à mes pieds car il attend sa dose de Minouches, ce genre de gâteries pour les félins.

C’est un rituel, il s’y attend.

La fin de semaine, je bois plus qu’un seul café. J’y vais d’un deuxième et bien souvent, d’un troisième. À chaque fois que j’active la cafetière, le chat vient s’asseoir près de moi, attendant les Minouches. Sauf que ce n’est que le matin où il reçoit sa dose quotidienne, pas lors des autres moments.

Dans le jargon psychologique, c’est ce que l’on appelle le conditionnement. S’attendre à quelque chose (le stimulus inconditionnel) lorsqu’un évènement X (le stimulus neutre) se produit. Bien souvent, on parle des chiens de Pavlov, en relation avec l’homme qui en a fait la démonstration avec ses chiens qui salivaient lorsqu’ils entendaient le son de la clochette. Pavlov (pas le chien de MC Gilles) donnait une boulette de viande à ses chiens immédiatement après avoir fait sonner une clochette. À un moment donné, il a cessé de donner des boulettes, ce qui a déstabilisé les clébards! 

Habitués de recevoir une gâterie, il n’y avait plus rien à se mettre sous la dent. Les chiens ne faisaient donc que saliver, car la sonnette annonçait la venue de la boulette. Mais rien, que de la salivation!

Donc, mon chat a vécu le même type de conditionnement, associant ma présence à la cafetière avec des Minouches. Je ne peux le nourrir de Minouches à chaque fois que je m’approche de la cafetière, il va devenir gros comme un Texan!

Et je dois avouer que moi aussi, je suis conditionné. À chaque automne, à chaque période plus fraiche de septembre et octobre, j’ai envie de metal plus doom. Que voulez-vous, je suis conditionné ainsi et par le passé, les automnes arrivaient tardivement, ce qui me déstabilisait énormément, comme mon chat lorsque je suis à la cafetière un samedi après-midi ou comme un chien de Pavlov qui bave sur le plancher.

Ma référence musicale automnale demeure Paradise Lost. Leur musique se moule à merveille avec la saison qui annonce la mort de la nature. C’est ainsi et c’est parfait. Marcher dans le boisé en écoutant leur musique, tout en sentant la fraicheur nous titiller les narines, en portant un longsleeve et en espérant un café (ou un stout, ça dépend de l’heure) au retour, c’est magnifique.

Par un hasard probablement bien calculé, la formation anglaise lance son tout nouvel album en plein pendant cette saison qu’est l’automne. Officiellement, c’est encore l’été mais le changement drastique des derniers jours me permet d’apprécier amplement ce moment, permettant à mon conditionnement de rouler à fond grâce à la sortie de cette nouvelle production du nom de Ascension

Dès que j’ai entendu le premier extrait qu’est Serpent on the Cross, j’ai tout de suite reconnu le grain sonore facilement identifiable au groupe. Pièce qui débute l’album, elle se veut glauque et mélancolique en ouverture mais explose vers le second tiers. Morceau qui propose la dualité des deux voix de prédilection de Nick Holmes, je sens déjà qu’il est évident que je vais me régaler de cette production.

Tyrants Serenade est plus funèbre avec ses coups de semonce en ouverture. La voix gonflée de chagrin face au prochain hiver nous plonge dans un doom pétochard mais qui laisse poindre un brin d’espoir. Salvation est plus grandiose comme proposition musicale et demeure un hymne plutôt austère. Malgré une guitare qui laisse espérer un élan d’espoir, Paradise Lost nous allonge toujours vers un ciel plutôt brumeux.

De mon côté, la pièce Silence Like the Grave représente pleinement ce que j’apprécie du groupe. La basse se veut roulante, les guitares pimpantes, les percussions bien ouvertes et l’approche vocale de Holmes est excessivement dynamique sur celle-ci car on tombe en mode pratiquement Draconian Times, du moins jusqu’au refrain qui se veut plus atrabilaire.  

C’est en douceur que débute et que se passe le morceau du nom de Lay a Wreath Upon the World. Quelques cordes viennent accompagner les guitares acoustiques de Greg Mackintosh et d’Aaron Aedy, la voix de Holmes demeure soyeuse et le tout vient se fondre avec de nouveaux coups de semonces (il y en a beaucoup, beaucoup sur l’album)sur les plus gros tambours de la batterie de Guido Zima, qui n’est plus avec le groupe mais a participé à l’enregistrement. Ce morceau permet à l’album de se diviser en deux portions distinctes, ce qui offre à la seconde moitié de reprendre avec Diluvium, avec sa proposition abyssale axée sur les percussions pesantes, les cordes de guitares volcaniques et un air plutôt pataud.

Savage Days remet un brin de lumière dans cette série musicale noire. La ligne directrice se veut plus scintillante que le reste, on sent un regain face à une certitude quelconque, comme si toute perspective face à un avenir inexistant demeurait dans le… possible! Le gros coup de hard rock de l’album demeure Sirens. Morceau bien croustillant, on sent sa saveur bien présente dans la yeule avec son riff bien guedounant, l’intensité vocale plus acerbe et la batterie bien carrée.  

Produit par Mackintosh, on sent que c’est un album de guitares mais il laisse beaucoup de place aux percussions massives en plus d’y aller avec des arrangements subtils, ce qui permet à la voix de Holmes de bien s’installer. Parlant d’arrangements subtils, les lignes de clavier sur Deceivers me rappellent celles qui se retrouvent sur l’album Seventh Son of a Seventh Son d’Iron Maiden.

Par contre, je n’ai pas été très convaincu par la présence du piano sur la finale qu’est The Precipice. Comme de raison, nous parlons d’un morceau doom mais la présence du piano ne me semble pas très assumée, c’est plus mou comme proposition mais le fait que les grosses caisses roulent à profusion lors de la portion médiane de la pièce me remet dedans, surtout que par la suite, l’attaque vocale de Nick Holmes se veut plus grogneuse.

Je termine ce texte en cette journée du mercredi et même si c’est plus frais cette semaine, je sens tout de même les rayons de soleil qui me réchauffent la moustache. Par contre, d’avoir cette nouveauté de Paradise Lost me permet de penser à toute cette fraîcheur qui s’en vient, amenant ensuite Halloween… et des Minouches pour le chat!

Disponible le 19 septembre sur Nuclear Blast Records.

paradiselost.co.uk/

Photo: Nuclear Blast Records