C’est plutôt particulier car, ce matin, au travail, nous avons remis les fusibles en mode actif pour tout ce qui est du système de chauffage. Pourtant, jeudi dernier, nous étions en train de changer deux climatiseurs, suite à des demandes des enseignantes. Il faisait chaud dans les classes, même un parent nous a téléphonés, pour confirmer que sa fille se plaignait de la chaleur suffocante. Et avec l’arrivée des examens du Ministère, pas question que nos élèves puissent en suer une shot. Pendant que je tape les mots que vous lisez (et je vous en remercie), je viens de remettre la thermopompe en mode chaleur, ce qui n’était plus le cas.        

Mardi en fin de journée, j’ai quitté le boulot pour me rendre dans le coin du Théâtre Fairmount pour assister à cette visite inattendue de Paradise Lost. Effectivement, le groupe n’est pas en tournée nord-américaine officiellement. C’est que, tout comme Enslaved la semaine dernière, le groupe s’offre quelques dates en guise d’échauffement face à leur présence lors du festival Maryland Death Fest.

De mon bord, je me suis décidé d’aller prendre une bière au Dieu du Ciel et j’ai tenté le tout sans mon petit veston automnal. J’ai pris le métro et lors de ma marche de la station Laurier à la microbrasserie, je me suis gelé le pet et pas à peu près. Je me disais que le tout serait encore plus intense à la fin du concert, vers 23h00. Je me suis donc fait l’idée que c’était ainsi et que je me devais de grelotter dans mon long-sleeve.

Après une pinte de Coco IPA, un grilled-cheese au smoked meat et un verre de Ça mon ami c’est une Pinte, j’ai repris le chemin vers le Fairmount car le concert débutait à 19h00. À l’origine, il était inscrit Paradise Lost avec Trouble et invités. Au pluriel. Sur place, je comprends que ce ne sera que les deux formations principales et, en toute honnêteté, j’en suis ravi!

Le tout devrait donc se terminer plutôt, tôt! Avec 19h00 et quelques poussières, c’est la formation Trouble qui monte sur les planches du Fairmount. J’ai eu le temps d’aller me chercher un breuvage, une sans alcool, pour bien balancer le tout. Les musiciens sont installés et deux trucs m’impressionnent au plus haut niveau. Comme de raison, la proximité que j’aie avec Kyle Thomas d’Exhorder, un chanteur que j’admire beaucoup et la moustache du guitariste Bruce Franklin, qui est sa marque de commerce.

Cette formation mythique ne joue que très rarement à Montréal et, pour être bien honnête, je ne me souviens aucunement de leur dernière présence ici. J’ai en mémoire un reportage de Musique Plus sur un concert de White Zombie et il me semble que c’était Trouble qui ouvrait. Et ça, c’était au début des années ’90. Donc, il y a plus de 30 ans? C’est excessivement possible!

Oui, c’est en plein ça! J’ai vérifié sur internet, c’était au défunt Spectrum de Montréal. Depuis le temps, la formation a subi de nombreux changements. Il ne reste que les deux guitaristes en tant que membres des premières années mais les trois autres complètent le tout avec brio.

Même si Thomas a une teinte vocale moins nasillarde que la voix originale qu’Eric Wagner, je dois avouer qu’il se débrouille très bien car il a beaucoup de soul dans sa livraison sonore. Même s’il a surtout (et encore) gueulé avec Exhorder, il faut se rappeler sa participation au projet Floodgate qui se voulait plus doom, justement. Et mardi soir, Thomas a prouvé qu’il se voulait capable de chausser les bottes de cuir de Wagner et ce, immédiatement avec The Tempter, chanson qui ouvre l’album homonyme de 1984. Une chose est certaine, ça sonne. Les guitares sont chaudes, la basse est pimpante et les percussions demeurent lourdaudes.

C’est comme je me l’imaginais, lourd mais chaleureux. Ensuite, c’est avec The Sleeper que Trouble a continué, toujours en contrôle. Il aura fallu At the End of My Daze pour que certains dans le doute, surtout les plus âgés, allument face au matériel du groupe. Cette chanson proposait un clip à l’époque de SolidRok et c’est à ce moment que quelques lumières se sont allumées pour une couple de métalleux.

De mon côté, j’étais conquis depuis le début. Le jeu en tandem des guitaristes que sont Rick Wartell et Bruce Franklin était plutôt stupéfiant, juste et en fusion. The Wolf et The Eye ont suivi la soirée, pour se glisser vers Assassin. Morceau qui provient de l’album Trouble mais deuxième du nom, donc celui avec le groupe sur la couverture. C’est un gros morceau pour Trouble et c’est à ce moment que nous avons pu voir, cachés derrière le rideau, les membres de Paradise Lost qui profitaient de la prestation du groupe.

Il y avait de nombreux vieux rockers qui étaient sur place dont un qui suivait, en même temps, la partie des Jays contre les Padres, sur son cellulaire. Un type multifonctionnel comme il se doit! Trouble a terminé son périple montréalais avec Wickedness of Man, l’inévitable Psalm 9 et All is Forgiven, dans l’intensité mais aussi la passion du jeu. Très feutrée comme prestation, je dois avouer que j’ai été captif de la première à la dernière seconde.

Il devait être 19h45 lorsque Trouble a quitté la scène du Fairmount. Immédiatement après, les techniciens se sont affairés à défaire le tout et à tester les guitares, percussions et le micro de Nick Holmes. La foule s’étant dispersée et tout de même nombreuse pour un mardi soir, il était temps d’aller visiter le kiosque à items promotionnels, attraper une bière au retour et reprendre ma place initiale. Tout ce périple a été fait aisément, il ne restait plus qu’à attendre l’arrivée de la troupe anglaise.

J’ai vu le groupe à quelques reprises et je dois avouer qu’à chaque fois, la qualité de la prestation semble dépendre de l’humeur en général de la foule ou pour qui Paradise Lost se retrouve en ouverture. Tout comme Enslaved la semaine dernière, je sens que Paradise Lost offrira un tour de catalogue plutôt qu’un tour du dernier album, qui date tout de même de 2020.

Entrée sur place sous les acclamations venant de gens dans la quarantaine surtout, ce n’est pas aussi puissant que si tu vas voir Lorna Shore, on se comprend là-dessus. Instruments en main, Holmes agrippe le micro tandis que la musique d’introduction est audible et sur des coups de percussions, on comprend que le groupe débute avec l’un de leurs morceaux les plus puissants, Enchantment. Être aucunement inspiré, je vous dirais que j’étais enchanté mais… ben, oui je l’étais. Je savais que j’allais vraiment passer une bonne soirée, la barre était haute… déjà!

Ensuite, je jubile avec Forsaken. J’ai l’impression que le groupe a fouillé dans ma liste de lecture Spotify et je hoche de la tête, tout en fredonnant. Je suis devant Holmes, je suis scotché mais je prends le temps de regarder le jeu des guitaristes que sont Mackintosh et Aedy. Les morceaux que sont Pity the Sadness et Faith Divides Us- Death Unites Us permettent au groupe de bien ajuster les séquences préenregistrées. C’est avec Eternal, qui provient de Gothic, que l’on peut entendre les premiers moments plus durcis au niveau vocal de Holmes. Par contre, ils demeurent plutôt modestes.

La chanson qu’est One Second est l’une que j’apprécie le plus du répertoire du groupe. Je tape du pied à l’unisson et j’adore voir Holmes chanter avec son charme fou, Mackintosh est plus concentré et Aedy plus actif. Edmondson à la basse est plus stoïque et le nouveau batteur qu’est Guido Zima est précis. The Enemy et As I Die se veulent de solides pièces, que le public se permet même de chanter. Entre les chansons, Holmes a quelques mots pour la foule, toujours en humour.

Vers la fin, No Hope in Sight m’a atteint grâce à son caractère belliqueux mais c’est surtout Say Just Words qui m’a remis l’enivrement. Lors du rappel, nous avons eu Embers Fire mais je ne m’attendais pas à Smalltown Boy, leur reprise de Bronski Beat. Même si cette chanson demeure la plus écoutée sur Spotify, d’y aller avec ce choix me paraissait particulier mais leur version demeure tellement adaptée à leur style qu’on n’y voit que du feu.

Ghosts a terminé cette prestation de Paradise Lost qui est reparti en conquérant, rien de moins. Il devait être 21h50 lorsque les lumières se sont allumées, laissant la foule dans un état de satisfaction complète. J’ai quitté et me suis rendu au métro, direction Sauvé pour prendre ma voiture. À 22h40, j’étais couché et ronflais comme un bateau qui recule.

À 50 ans, ce type de soirée ma plait amplement. Une nuit de sommeil aucunement affectée, ce qui aurait grandement plu à Lagacé…  

Photos : Martin Desbois