Au moment d’écrire ces quelques lignes, café à la main, j’ai la tête pleine de bons souvenirs. Seven Spires, Visions of Atlantis, Firewind et Dragonforce, rien de moins.

Fébrile, j’entre dans la salle où se regroupent une multitude de fans aguerris qui attendaient depuis plusieurs heures à l’extérieur sous une pluie fine devant l’Impérial Bell. 1er spectacle d’envergure à Québec pour ma part et les groupes qui y jouent tombent pile dans mes cordes. Je sais que ce sera une soirée remplie de nostalgie puisque le Power métal est un style de musique qui, avec les années, s’est effrité. Cependant, les noms sur le billet ne font que prouver que c’est toujours là et bien ancré dans le cœur des métalleux de Québec.

Les tables de merch sont remplies et leur stock ne manque pas d’originalité (disques autographiés, ouvre-bouteilles, photographies Polaroïd uniques, accès Twitch privilégiés, etc.). Je continue de fureter le tout pendant que la salle se remplit tranquillement : une soirée qui n’est pas à guichet fermé, mais qui aurait très bien pu l’être puisque ce n’est qu’une question de temps avant que la salle soit bondée de jeunes trentenaires arborant leurs plus beaux atours bien geeks. Tout le monde est excité, tout le monde se parle des chansons qui pourraient être jouées et pour quels bands ils sont présents.

J’arrive au bar, même le barman est fébrile puisque c’est son premier spectacle post-pandémique avec une crowd métal, ce dont il s’ennuyait éperdument me dit-il. Inutile de mentionner que sa soirée fut couronnée de bons buveurs et de gens agréables.


Seven Spires : du solide!

Les premiers sons et la foule qui réagit me font frissonner. Que ça fait du bien! Être dans une foule me manquait faut-il croire. Les lumières s’allument et les membres du groupe débarquent sur scène. Attention, ça part. Seven Spires est doté d’une chanteuse très talentueuse qui réussit à faire vaciller sa voix avec brio entre le chant clean et le growl. Wanderer’s Prayer et Gods of Debauchery en sont la preuve. Les gens qui ne connaissent pas le groupe restent surpris et entrent dans le trip assez rapidement. Le groupe originaire de Boston s’est gâté en nous offrant la plupart des morceaux qui sont sur leur dernier album : Gods of Debauchery. La performance des musiciens (mes coups de cœur vont à la chanteuse Adrienne Cowan et au bassiste Peter de Reyna) se poursuit avec Oceans of Time et Lightbringer, pièce qui semble être tout un fourche-langue pour celles et ceux qui essaient de la fredonner en même temps. Cette pièce ainsi que la suivante, Unmapped Darkness, sont beaucoup plus catchy et semblent, dans le répertoire du groupe, avoir un plus gros cleavage avec les autres pièces. Cependant, la foule s’en fout. La foule les adore. La foule en redemande. Il fait déjà chaud, les solos sont impeccables et la chanteuse qui s’adresse en français au public rend le groupe très attachant. La fatigue vocale s’installe cependant pour les dernières pièces, mais la justesse n’est heureusement pas atteinte. Drowner of Worlds, Dare to Live et Through Lifetimes sont leurs dernières offrandes avant de passer au groupe suivant. Je recommande de découvrir ce groupe qui, malgré le peu d’espace disponible sur scène, a réussi à conquérir la salle et à demeurer flamboyant.


Visions of Atlantis : sortez la râpe à fromage!

District 7 a la réputation de commencer à l’heure et c’est exactement ce qu’on comprend. Entre les deux groupes, quelques minutes suffisent. Immédiatement, la chanteuse Clémentine Delauney de la formation autrichienne Visions of Atlantis prend place sur le balcon de côté, ce qui surprend et rend la foule un peu crackpot. Munie d’une cape et d’un capuchon sur la tête, elle hypnotise la salle avec son chant féérique pour Master of the Hurricanes. Il n’y a pas de doute : on sait que le charisme sera de la partie. Celle-ci descend de l’estrade et rejoint son acolyte masculin, Michele « Meek » Guaitoli, avec qui elle entamera les plus fins duos. Ça se gâte un peu vocalement pour la 2e chanson A Life of Our Own. La voix de Clémentine perd un peu de vigueur et fausse à certains moments. Elle se reprend toutefois pour A Journey to Remember qui semble bien connue du public. La tenue vestimentaire du groupe se voit très « piratesque ». Je me demande d’ailleurs à quel point ceux-ci tolèrent la chaleur pour être affublés de manches longues, de manteaux et de chapeaux sous les projecteurs tandis que le public a déjà le petit cheveu mouillé sur le front et les tempes. Ceci dit, leur prochain album appelé Pirates (quel adon) sera disponible en mai prochain. La performance tourne pas mal autour du duo de chanteurs qui s’amuse avec complicité et romance avec Melancholy Angel. C’est aussi pendant cette pièce qu’on est submergés par un peu de poudre d’elfe et de princesse dans les moments lyriques… c’est vraiment très très très fromagé. Longue vue déployée pour observer la foule, belles harmonies vocales et français à tomber par terre : oui, la chanteuse parle français d’une façon exemplaire. Elle en profite pour faire réagir la foule en abordant leur performance précédente à Montréal, sous les huées de Québec. Elle apprendra rapidement la leçon à l’effet que c’est à Québec que ça se passe! En terminant avec Legion of the Seas, les fans ont le sourire aux lèvres et sautent sur place pour conclure le tout. Malgré la voix fragile de Clémentine, tout le monde est satisfait.


Firewind : ça, c’est du Power

Ce n’est pas un secret : c’est la performance que j’attends depuis longtemps. J’ai hâte, je me commande une autre bière et je m’avance plus près de la scène. L’excitation est palpable. Plusieurs mentionnent qu’ils n’ont déjà plus d’énergie à force de sauter et de scander des Hey!Hey! Welcome to the Empire débute et c’est le délire. Je suis heureuse de savoir que le groupe en profite pour jouer des morceaux du dernier album Firewind, sorti en mai 2020. D’ailleurs, le nouveau chanteur, Herbie Langhans, fait ses preuves. Il mentionne que c’est sa première tournée avec le groupe et la foule l’accueille à bras ouverts. Un très bon frontman qui, ça se voit, est un old timer. Personne ne lui donnera de leçons de chant ici : il maîtrise tout. Doté d’une voix beaucoup moins léchée que les chanteurs précédents, il alterne entre l’agressivité et la voix clean, ce qui constitue un beau changement chez Firewind. On l’entend bien d’ailleurs dans Head Up High et Destination Forever qui sont de bons exemples de l’éventail du groupe. L’énergie et la complicité entre les membres crinquent d’avantage la foule. Tous sont rivés sur Gus G. qui ne dérougit pas sur la guitare. World on Fire et The Fire and the Fury font paraître celui-ci comme l’homme araignée sur son manche. Le rôle de vedette lui va très bien, surtout lorsqu’il active son dispositif aux empreintes de feu artificiel qui fait dégager de la bonne vieille boucane. Ceux-ci prennent une petite pause par la suite pendant l’introduction d’Ode to Leonidas. Gus G. présente ensuite Mercenary Man en envoyant un message de paix à toutes et à tous. Ils enchaînent ensuite avec Rising Fire. Pour terminer, la formation décide de faire danser et chanter les spectateurs avec nul autre que Maniac comme cover. Choix un peu douteux pour ma part, mais qui me fait changer d’avis rapidement avec l’excellente exécution de la pièce par les musiciens et à voir la réaction de la foule, tous semblent d’accord que c’est une finale originale et plaisante. C’est un quatuor qui sonne comme 12 et qui a du talent à revendre.


Dragonforce : le stimulus à l’état pur

Le moment de vérité! Plusieurs se tassent vers l’avant. La sécurité devient plus vigilante et notre photographe se voit dans l’obligation d’être sur le côté de la scène : ça sent les effets spéciaux. Depuis le début, la scène était déjà occupée par des structures gigantesques couvertes de grands draps noirs, cachant même l’écran derrière les groupes précédents. C’est évident que ce sera grandiose, tout à l’image du groupe finalement. Les lumières s’allument, l’introduction instrumentale s’enchaîne et on dévoile le décor le plus geek ever : des machines d’arcades géantes et, au milieu, une batterie surélevée sur un dragon aux yeux illuminés. Gros bémol de la soirée : la musique s’arrête soudainement, l’écran se ferme et un problème technique empêche le groupe d’entrer sur scène pendant presque 6 à 8 minutes. Heureusement, le public est patient et scande des Ohé!Ohé! en attendant que la machine dégaine. Dragonforce débarque, tassez-vous. On le sait : c’est toute ou pantoute avec eux. Leurs visages sont égayés par des sourires et des lunettes de laser funky. Les membres grimpent sur les machines et, bien en hauteur, jouent Highway to Oblivion et Fury of the Storm au grand bonheur des fans. Le chanteur, Marc Hudson, s’éclate avec ses comparses (et ses lunettes fumées) et réussit à monter dans les notes les plus hautes de son registre. Par contre, au fil de la soirée, quelques pièces sont mal exécutées vocalement parlant, comme Heart Demolition… J’avais des attentes face à Dragonforce qui sont réputés pour être vraiment tight en studio, mais assez mauvais sur scène. Ils se sont bien rattrapés il faut dire. Serait-ce grâce à l’arrivée d’une toute nouvelle bassiste : Alicia Vigil qui apporte un soutien incroyable à a formation et qui dégage un charisme fou? Évidemment, on a droit à beaucoup de pitonnage et de batailles de solos. C’en est littéralement épuisant, mais c’est ce qu’on cherche et c’est également ce qu’on a avec Dragonforce. Ça repousse les limites de ce qui est demandant pour les yeux et les oreilles. Les fans en ont pour leur argent. D’ailleurs, Herman Li vole évidemment la vedette. Celui-ci parle aussi français à la foule d’une façon irréprochable. Le groupe dévoile aussi les talents de leur chanteur à la guitare. Sam Totman, lui, prouve que sa place est toujours sur scène et sait bien démontrer son talent de shredder. On demande à la foule quels sont leurs jeux vidéo favoris et on enchaîne avec Dracula’s Castle tirée du jeu Castlevania – Symphony of the Night et Fight On! de Final Fantasy VII. À ma grande surprise, on fait même monter sur scène un membre de Seven Spires pour y jouer du banjo pour une pièce… C’est la débandade et c’est, à mon avis, très décousu dans le flow du spectacle. Cependant, les fans en redemandent et c’est à ce moment qu’on déploie les canons à confettis, les machines et fusil à fumée et la pyrotechnie. Pour satisfaire les fans les plus anciens, les vieux de la vieille, on y performe ensuite Black Fire, Cry Thunder, Remembrance Day et évidemment, Valley of the Damned pour terminer. À titre de rappel on nous sert un cover de My Heart Will Go On (et oui…) et le classique de Guitar Hero : Through the Fire and Flames. Au final et bien honnêtement, cette performance me rend perplexe, mais me divertit au plus haut point. Ce sont des entertainers et des musiciens qui ont énormément d’énergie, de passion et d’amour pour leur public.

Somme toute, avec 4 groupes dans le même spectacle, la soirée m’a parue un peu longue (c’est probablement l’âge qui parle ici). Cependant, j’ai passé une soirée de Power métal solide et enflammée.