Je peux dire que j’ai passé mon samedi dans le coin de l’avenue du Parc, à Montréal. Je devais m’y rendre pour 16h00 car j’avais une rencontre avec Adam Biggs, le bassiste er chanteur de Rivers of Nihil. Effectivement, à la demande de Metal Blade Records, on m’a gentiment demandé si je faisais encore des entrevues avec des artistes de la scène métallique. Surtout, des entrevues en personne, avec le musicien. J’ai affirmé que oui, que j’en faisais encore tout en me rappelant que la dernière entrevue effectuée par moi-même et un musicien remontait à décembre…2023!
C’était avec Olivier Pinard lors de la visite de Cattle Decapitation/Cryptopsy au Beanfield (est-ce que c’était Beanfield ou encore juste Corona?) juste un peu avant noël. Les hivers n’étant plus ce qu’ils sont, je me souviens qu’il pleuvait à boire debout lors de cette soirée et, fidèle à lui-même, Olivier avait été placoteux! Et c’est toujours plus facile quand les deux interlocuteurs sont de la même langue.
Ce n’est pas que mon anglais soit vaseux, j’estime être très fluent dans la langue de Shakespeare et je peux tenir une discussion avec quiconque mais j’ai un accent qui se veut, audible. Mais comme je le dis souvent, j’ai même un accent quand je jase en français. Un gars de Chicoutimi, ça reste moelleux au niveau de la mâchoire. Par contre, au travail, je fais l’effort nécessaire pour avoir un français presqu’impeccable.
Donc, hier, j’ai passé une bonne vingtaine de minutes à jaser avec Adam Biggs, bassiste et chanteur chez Rivers of Nihil, juste avant leur concert montréalais. Et il était fébrile car les réactions face au nouvel album sont excellentes et cette tournée s’achève sous les acclamations. Je vous traduis le tout et publierai ça dans les meilleurs délais, comme de raison!
Après l’entretien, vers 16h35, je me demandais ce que j’allais faire car le concert ne débutait qu’à 19h00. J’avais donc un peu de temps à tuer, pas question de retourner à Terrebonne. Le soleil se voulait radieux et généralement, la soif vient avec. Je me suis donc attablé sur la terrasse de la Taverne Pélican pour me siffler deux pintes de Nord-Est.
Je regardais les gens passer, j’écoutais les gens parler et un homme feuilletait un journal, bien peinard, sur la table en face de la mienne. Sur la rue, tout le monde était souriant, beau et il y avait cette fébrilité estivale. Dans l’ombre, je sentais le soleil qui réchauffait le bout de mes espadrilles et c’était suffisant. Mon cellulaire m’annonce qu’un message entre et c’est Samuel, un gars du Saguenay que j’ai connu sur une page pour le concert final de Black Sabbath, qui me demande quoi faire dans le coin du Fairmount car il est en ville.
En tant que compatriote saguenéen, je ne vais pas le laisser bretter et aller au Pizza Pizza. Je l’invite à venir me rejoindre au Dieu du Ciel et sur place, que de la saveur et de la discussion métallique. Vers 18h45, on se rend compte qu’il est grand temps de lever le fly car le concert va débuter dans moins de 15 minutes. Le Fairmount est à environ 10 minutes de marche, ce qui nous donne un chrono serré, certes…mais nettement suffisant!
Sur place, le premier groupe qu’est Glacial Tomb était déjà sur scène et il me semble qu’il était vraiment 18h55. Formation en parallèle pour Ben Hutcherson de Khemmis, il utilise ce vecteur qu’est Glacial Tomb pour propulser du death metal avec une petite touche bien noircie. J’avais fait mes devoirs en écoutant leur album Lightless Expanse, qui est paru sur Prosthetic Records, l’an passé. C’était suffisant comme proposition, rangeant le groupe parmi d’autres du genre mais je dois avouer que sur scène, le message passe beaucoup mieux.
C’est certain que les mimiques de Hutcherson y sont pour beaucoup car malgré sa bouille sympathique, il est capable de se tordre le visage avec ténacité, ce qui permet à leur matériel de passer encore mieux pour l’auditeur. C’était adroit, bien carabiné avec des chansons comme Stygian Abattoir, Monolithos et Enshrined in Concrete. Livraison remplie d’honnêteté par le groupe et il était pratiquement hypnotisant de regarder la tête du second guitariste qui avait un tatouage sur le haut du crâne, question de lui offrir un semblant de chevelure.
Pendant la prestation de Glacial Tomb, la foule se voulait plutôt clairsemée. Avec une soirée à 4 groupes, certains ont sans doute décidé de profiter des largesses alimentaires de la ville et ainsi, prendre leur temps un peu plus. Comme de raison, il serait facile de jeter le blâme sur les nombreuses fermetures de rues et autres cônes orange, ainsi nous pouvons motiver le retard de nombreux amateurs de metal. Pendant le changement de kit de batterie pour installer celui d’Inter Arma, il était évident que quelques personnes additionnelles venaient d’arriver. Il était tout près de 20h00, le shish taouk et la bière bon marché étaient consommés, ce qui fait que l’odeur de bière tiède et celle des haleines à l’ail se faisaient sentir.
Formation difficile à identifier au niveau de leur allégeance musicale, Inter Arma à fait son tour de chant en y allant avec conviction. Sludgé et death sur certains moments, c’était lourd dans le creux de l’oreille. Dès que le groupe s’est enligné sur New Heaven, je me suis rendu compte qu’Inter Arma était brut. Le chanteur Mike Paparo prend de la place sur scène, et nous n’avons pas le choix de le suivre dans toute la démence qu’il projette.
Citadel et Violent Seizures ont eu le même genre d’impact, avec une sonorité opaque qui ne laisse pas vraiment l’occasion de rependre son souffle. Les percussions étaient fortes et me rentraient dans la poitrine, pas parce que les tambours se voulaient trigguées mais plutôt parce que leur batteur vargeait en cibole sur ses tambours, cymbales et son bass drum. Quelques mouvements se voulaient plus soporifiques mais en général, la musique d’Inter Arma avait pour but de nous angoisser, surtout avec An Archer in the Emptiness.
Entre la prestation d’Inter Arma et celle de Holy Fawn, nous nous sommes rendus au kiosque d’items promotionnels de Rivers of Nihil. Il était intéressant de voir des prix qui se voulaient raisonnables. Le dernier album en vinyle à 35$ alors que j’ai payé ma version environ 49$ (dans un commerce local, quand même). Les t-shirts à 35$ et les chandails à manches longues, 45$, ce sont pratiquement les prix de l’année 2010!
Après quelques achats et un arrêt aux toilettes, il était temps de reprendre place pour la prestation d’Holy Fawn, groupe qui fait office de bibitte sur cette tournée. Avec un sonorité post-metal shoegaze, le nom le plus rapide qui me vient en tête serait Deafheaven si nous voulons faire une comparaison.

Dans ce genre musical, il est toujours agréable de voir le comportement des musiciens. Le guitariste avec le t-shirt de SuperCrush se laissait aller de gauche à droite, avec un léger dandinement, tandis que le chanteur guitariste avait ce genre de prestance où il chante au travers son abondante chevelure, avec un jeu de guitare qui semble se rapprocher de ce qu’offrait Cobain au début des années ’90.
Le batteur s’était vautré sous son chandail à capuche mais ne manquait aucun punch sur son kit plutôt minimaliste. Le bassiste se voulait habile et accompagnait au niveau de la voix, ce qui offrait de bonnes couches ambiantes lorsque le chanteur, Ryan Osterman, y allait de lignes vocales plus acidulées.
C’était agréable d’avoir ce groupe, en toute franchise. Un peu comme la fois où Gatecreeper avait avec eux Narrow Head, en ouverture. La cassure sonore offerte nous faisait pratiquement penser que nous étions dans un festival plus éclectique car avec des chansons comme Dark Stone, Blood Pact et Void of Light, nous ne sommes aucunement dans un univers death métallique. Ceci ne veut pas dire que Holy Fawn n’était pas intense, loin de là car leur musique a de la drive et de la poigne. Sensiblement heureux d’être à Montréal en ce samedi soir, le groupe en a profité pour nous offrir une nouvelle chanson.
Rivers of Nihil est entré sur scène sur l’ambiance que l’on retrouve en guise d’introduction pour la pièce The Sub-Orbital Blues. L’écran qui fait office de fond de scène laissait paraitre le logo du groupe mais comme si Rivers of Nihil était une formation du début des années ’70, très hippie. Mettons que cela avait plutôt l’air du logo d’une formation comme Jefferson Airplane que le logo d’une troupe métallique.

Vêtus de petits blousons et chemises monochromes assorties, les musiciens ont pris place avec leur look de dandy. Par contre, l’explosion sonore de cette chanson qu’est The Sub-Orbital Blues se voulait intense. Tout était précis, les voix claires autant que rocailleuses, les percussions et les instruments à cordes, tout était bien balancé et clair dans nos oreilles.
En toute honnêteté, je ne suis pas un grand connaisseur face au catalogue de Rivers of Nihil, sauf pour ce qui est du nouvel album. Comme deuxième morceau, c’était The Silent Life, qui vient de l’album Where Owls Know My Name. Et les gens connaissaient les chansons, les paroles aussi car ça fredonnait près de moi et ce, avec vigueur. De mon côté, j’a repris le chemin de la connaissance avec la suivante qu’est American Death, qui vient du nouvel album homonyme. Pièce bien baraquée métalliquement parlant, le tout s’est poursuivi avec A Home et The Void From Which No Sound Escapes.
Habiles techniciens, chaque musicien sait ce qu’il doit faire et ils le font dans l’enthousiasme. Tellement que nous avons l’impression que c’est d’une facilité déconcertante lors des passages plus progressifs. L’intensité de Water & Time est indéniable. Les passages à la voix claire d’Andy Thomas sont tout simplement poignants et la présence d’un saxophoniste sur scène pour y faire les lignes amènent un point majeur dans la qualité sonore qui est proposée par Rivers of Nihil.

Même constat sur House of Light mais sur celle-ci, la prestance vocale de Thomas est encore plus épique et il n’a pas raté les instants où il devait s’exécuter. Après une longue tournée éreintante, et c’était l’avant-dernier concert samedi, il aurait été probable que la voix soit moins précise. Mais non, sur la coche comme dirait l’autre!
Question de finir le tout, Rivers of Nihil y est allé avec trois chansons du catalogue que sont Death is Real, Episode et Where Owls Know My Name. Précises, puissantes et interprétées avec brio, incluant du saxophone ici et là, le groupe a réussi à faire ce qu’il devait faire; m’inciter à fouiller dans les albums précédents tout en me disant que j’ai déjà hâte de les revoir sur scène. Et c’est ce qui risque d’arriver, plus tôt que nous pouvons le croire car Rivers of Nihil est sur une belle montée, justement.
J’ai descendu la série de marches pour me retrouver sur le trottoir, devant le Fairmount. J’y ai rencontré Isabelle, celle qui a pris les photos qui agrémente cet article. Nous étions d’accord que c’était tout un concert, tout un groupe et que le dernier album est parfait. Est-ce que Rivers of Nihil a offert l’album de l’année? Est-ce qu’ils ont offert aussi le concert de l’année?
On s’en reparle dans environ, 6 mois!
