De mon bord, c’est dimanche. Le matin, même, je vous dirais. Après la grisaille des derniers jours, je suis bien heureux d’avoir quelques faisceaux de soleil, quelques croissants au beurre et une couple de capuccinos pour égayer cette journée après le marasme des journées précédentes. Je dois avouer que je suis un type automnal, ceux qui me lisent le savent, mais à un moment donné, j’aime griller mes steaks sur le perron sans mon parapluie, tout en me sifflant une canette de Nord-Est, en écoutant une série de chansons sur ma petite galerie, telle est la façon de faire du banlieusard que je suis.
La semaine dernière, la météo était parfaite pour aller main dans la main avec le concert de Paradise Lost. Vraiment. J’ai pu en profiter, j’étais dans l’ambiance et si vous avez lu mon billet sur le concert, vous comprenez que j’ai grandement apprécié la présence de la troupe anglaise. Mais cette semaine, il y un genre de renouveau, quelque chose de neuf qui se pointe. Mon gazon est long, bien touffu. Je dois faire mon ouverture de piscine car l’eau qui s’y trouve commence à verdir.
J’ai été prendre une marche, dimanche. La chaleur me grillait la fosse du cou, je sentais la chaleur qui me tapait et j’appréciais ce moment. La veille, je me suis retrouvé avec mon manteau d’hiver, foulard et gants pour la partie des Alouettes mais aujourd’hui, je suis en long sleeve. J’ai la tête bien haute et je marche dans Terrebonne.
Pour m’accompagner, un nouvel album d’une formation qui ne m’a jamais titillé plus qu’il ne le faut; Rivers of Nihil. Oui, j’ai toujours trouvé que ce groupe se voulait original avec son saxophone et sa parcelle death metal progressive, mais rien de plus. Rivers of Nihil se présentait souvent à Montréal en ouverture d’autres formations. J’ai vu le groupe mais sans plus.
Par contre, en voyant le clip pour la pièce Water & Time, j’ai pogné quelque chose. Visuellement, c’était l’esthétique d’un Opeth et au niveau sonore, je me retrouvais aussi dans ce même genre de sphère musicale qu’une formation comme… Opeth. C’était délicat avec la parcelle vocale très émotive, mais aussi, une dimension plus éraillée est proposée. J’étais séduit, sérieusement. Quand j’ai reçu leur nouvel album en promotion, je me suis garoché dessus.
En feuilletant le dossier de presse, j’ai compris que Rivers of Nihil avait effectué quelques changements dans leur façon de faire. Le chanteur qui se retrouvait sur les premiers enregistrements n’y est plus. Effectivement, c’est le bassiste Adam Biggs qui s’occupe maintenant de tout ce qui est participation vocale avec le groupe. Avec ce premier extrait, j’étais grandement impressionné par sa prestance et sa puissance. En écoutant l’album, je confirme que ce choix d’y aller avec Biggs à la voix demeure une décision fort judicieuse!
J’ai écouté l’album tout le weekend. En marchant, dans la maison et en tondant le gazon. Le premier morceau qui ouvre cet album homonyme est The Sub-Orbital Blues, un titre particulier qui irait beaucoup mieux pour un artiste comme Steve Hill! C’est bourdonnant en ouverture, une voix mielleuse qui rappelle l’ouverture de Rooster d’Alice in Chains se retrouve dans le creux de ton oreille et après, ça pète!

Bang! Une explosion de metal progressif avec une voix claire, ça chuggue et c’est un refrain accrocheur, dès les premiers élans. Tu ne peux pas être insensible, c’est déjà épique après 22 secondes! Et c’est l’alternance vocale, le cri rauque de Biggs vient couper son élan plus céleste et tout s’imbrique à la perfection. Je suis en mode approbation, c’est le retour de la voix claire. Il fait beau, mon pas s’accélère et sourire aux lèvres, je sens que je suis en train de ma taper un album qui sera excessivement rafraichissant.
Roulements de grosse-caisses, digne d’une pétarade d’une Harley-Davidson, avec la basse moelleuse et les guitares grasses, Dustman est très Opethesque dans sa livraison, dans son élan et son attaque vocale, donc dans son approche globale. Criminals poursuit dans l’excellence progressive et je crois même entendre du banjo en ouverture. Toujours prêts à pousser les limites, cet ajout se moule bien à la pièce et n’a aucune dimension de péquenot. Rivers of Nihil tombe en explosion et une transition progressive est annoncée par la sonorité pimpante de la basse. C’est même plus criard, plus intense sur celle-ci. C’est très dynamique sur Despair Church et nous avons même droit à un passage plus fluvial, vers le premier tiers, où la voix de Biggs est poussée un peu plus, créant un bel effet émotif.
Après quatre pièces où j’étais en mode satisfaction, je sentais que je m’en allais vers un album qui allait m’offrir un large sentiment de plénitude, en plus de me sentir absolument rassasié face à mon envie de metal. C’est avec Water & Time que la promenade se poursuit. La connaissant déjà, je n’ai eu qu’à me laisser bercer par les douces mélodies entrecoupées de moments plus croustillants, tout en ayant quelques lignes de saxophone bien placées, ce qui vient nourrir amplement cette chanson.
Depuis le début de l’expérience, je me rends bien compte que l’une des forces de ce groupe américain demeure le fait de créer des refrains absolument accrocheurs, et mémorables. Avec House of Light, on continue en douceur. Véritable ritournelle en ouverture, on reprend en mode acidulé mais tout colle à merveille et un pont plus progressif nous confirme le grand talent des musiciens.
Evidence, American Death et The Logical End sont d’autres preuves que l’intensité musicale peut y aller par de nombreuses façons. Que ce soit avec des percussions mitraillées, un passage vocal plus soyeux, un ajout au saxophone ou un refrain de type conquérant, tout est offert par Rivers of Nihil. En guise de finale, le groupe nous offre sa pièce homonyme. Du nom de Rivers of Nihil, comme de raison, elle permet à l’album de se boucler de façon plus lumineuse, lors de la première moitié. Ensuite, l’intensité s’intensifie, tout en demeurant bien contrôlée dans le moule.
Album facilement écoutable en boucle, il est déjà un fort compétiteur comme album de l’année 2025 dans mon cas. Ce sera une addition fort appréciée dans ma collection de vinyles, sachant que cet album risque d’être écouté à profusion.
Fortement recommandé!
Disponible le 30 mai sur Metal Blade Records.
www.facebook.com/riversofnihil
Photo : Mike Truehart