Depuis environ 1 an, Satyricon nous envoyait des signaux de fumée sur ses divers médias sociaux afin de nous préparer à une exposition d’œuvres d’arts. Cette événement allait se tenir au nouveau musée Munch qui a ouvert ses portes le 22 octobre 2021 dans la capitale norvégienne. Toute personne visitant Oslo peut dorénavant observer les œuvres du célèbre peintre en parcourant les 13 étages de l’établissement. Six mois après l’ouverture du musée, une exposition mettant en vedette Munch et la musique de Satyricon fut organisée au 10ėme étage. Ce projet fut mis en branle en 2018 et pour l’occasion, Satyricon a produit une trame sonore qui accompagnera les visiteurs en plein délire contemplatif devant les peintures et dessins sélectionnés spécialement pour l’événement. Il faut tout de même rappeler que le lien entre Munch et le groupe ne devrait pas être une nouveauté pour personne puisque la pochette de Deep Calleth Upon Deep provenait de la collection de l’illustre peintre norvégien. Ce choix s’explique aisément puisque de toute les œuvres de Munch The Kiss of Death demeure la favorite de Satyr. Une fois le contexte bien expliqué, à quoi devriez-vous vous attendre musicalement?

D’abord, il faut stipuler qu’il ne s’agit pas d’un album conventionnel pour la formation norvégienne. Il faut se rappeler que le groupe avait déjà lourdement ébranlé ses fans avec son passage du black métal au black and roll. Une fois de plus, la formation saura attirer l’attention et ce nouvel album deviendra un sujet de conversation incontournable. La démarche artistique derrière l’album est avant-gardiste et agréable à l’oreille. Satyricon, comme bon nombre d’artistes norvégiens de la scène black métal, a su transcender le style pour créer une œuvre magistrale en dehors de leur registre. Satyricon nous offre ici une création puissante mais qui se veut aucunement tapageuse. Évidemment, il est possible de reconnaître le son typique du groupe tout au long de l’album, mais dans un format complément éclaté. Loin du black métal, Satyricon lance une trame sonore alliant un mélange de drone, de superposition d’ambiances caverneuses et impitoyables. Il faut être sourd pour ne pas réaliser la présence des nombreux rythmes industriels sortant tout droit d’un royaume sombre où la métallurgie est la principale source de revenue. Les arrangements sonores vous sortions de votre zone de confort et parfois vous aurez l’impression qu’un mariage entre le dungeon synth et le violoncelle peut s’avérer sexy. Cette longue procession d’une durée de 56 minutes ne fera pas l’unanimité puisqu’il faut un bon niveau d’ouverture d’esprit afin d’y trouver son compte. Après 3 écoutes consécutives je dois l’admettre, il s’agit d’un bijou fort addictif. Il y a une impression qui s’en détache, comme s’il s’agissait d’une création dépeignant la culture norvégienne. Il faut avouer que l’art et la musique métal n’est pas à son premier mariage puisque Attila Csihar et Stephen O’Malley unirent leur force à New-York lorsqu’ils enregistrèrent 6 Fskyquake lors d’une exposition organisée par Bank Violette and 2007. Il s’agit d’un autre bel exemple de processus créatif avant-gardiste réussi.

Finalement, il faut admettre que de la scène norvégienne me déçoit rarement. Les grands de la scène du black métal ont su avec le temps se réinventer et briser les moules. Pensons à la Grand Declaration of War de Mayhem, International 666 de Dødheimsgard, La Masquerade Infernale d’Arcturus, de grands albums non conventionnels qui ont su craquer les structures. Ulver a brisé ses chaînes depuis 1998 avec Themes from William Blake’s The Mariage between Heaven and Hell et la grandeur du groupe n’a pas été entachée. Quel est l’avenir musical de Satyricon ? Personne ne peut le prédire, mais une chose est certaine, Satyr et Frost continuent de suivre le chemin du succès puisque cet album n’est que pur génie. L’art n’a pas de forme, ni de style, ni de barrière, il n’est que passion et émotion pour ceux qui ont la chance d’être touché pas l’une de ses incarnations.

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