L’automne tire à sa fin, le vent se fait plus mordant et, à Rimouski, il y a de fortes chances que l’hiver soit déjà en train de gratter à la porte. En tout cas, à Terrebonne, c’est tapis de neige à la grandeur! Si tu n’as pas encore fait poser tes pneus d’hiver, fais-le avant d’écouter Transcendent Chaos, parce que l’album risque fort de t’envoyer dans le fossé. Et pendant que certains entendent déjà des chansons de Noël chez Uniprix (oui mon homme, c’est commencé!), d’autres, ceux qu’on appelle les vrais, se préparent à offrir du death metal brut comme cadeau, histoire de ne pas finir à donner une boîte de chocolats Merci, un brin sans âme.
Spirit of Rebellion revient donc avec un album plus gras, plus dense et plus féroce que jamais. Le nouveau batteur, Raphaël Gagnon-Caron, apporte une précision chirurgicale, moderne et une puissance de feu qui transforme chaque morceau en déflagration contrôlée. Le tout est une fois de plus magnifiquement maîtrisé (ou masterisé, ça se dit?) par Dan Swanö, l’orfèvre suédois du son extrême, qui réussit à rendre chaque lignes death métalliques aussi massive qu’un banc de neige de janvier.
Dès The Redemptive Force of Rejection, le groupe plante le décor directement avec un death metal sans compromis, aux structures complexes mais au groove bien présent. Les guitares roulent comme un chasse-neige en furie sur le boulevard René-Lepage, les voix grondent du plus profond de la toundra intérieure. Ensuite, Sublimation of Lower Nature, où la brutalité rencontre une certaine forme de transcendance massive car oui, c’est du Spirit of Rebellion, donc pas du fignolage soyeux! C’est technique, mais jamais stérile car chaque note sert la cause du chaos organisé.
Seeds of Vengeance pousse encore plus loin le côté abrasif, avec un riff principal qui sent la colère et la rouille accumulée sur ta pelle en acier. Puis vient Dormant Nothingness, véritable tempête sonore qui démontre la cohésion de la nouvelle mouture du groupe : une batterie féroce, des guitares saturées et grasses à souhait, et cette atmosphère apocalyptique qui donne envie d’aller pelleter la cour à mains nues.
Pas de gants!

Moment fort et audacieux qu’est Pour abattre l’inéluctable, grognée en français, où la langue de Molière devient une arme de destruction… massive! Le phrasé guttural épouse parfaitement le rythme martelé, et le texte, porté par cette intensité brute, trouve un écho rare dans la scène extrême québécoise. C’est du terroir, oui, mais c’est aussi une démonstration de force… internationale!
La suite, avec Transmigration of Soul, joue davantage sur les atmosphères. Effectivement, c’est un death metal plus sinueux, presque spirituel, avant que Nyctophylia ne vienne clore le tout dans une noirceur oppressante et quasi mystique, aussi oppressante qu’une balade à la Boucle de l’Île Saint-Barnabé. On en ressort sonné, vidé, mais étrangement purifié! Un peu comme après avoir pelleté trois heures en silence pis te rendre compte que la souffleuse municipale va venir te faire un fichu remblai devant ton entrée.
Au final, Transcendent Chaos confirme que Spirit of Rebellion n’a rien à envier aux mastodontes européens ou américains du death metal. C’est une valeur crissement sûre, une force brute (menée par des messieurs dans l’âge digne du Vénérable du Sommet, je dois l’avouer) qui continue d’élever le death metal québécois à des sommets glacés et plutôt sublimes.
Alors, oui, pendant que d’autres fredonnent Mon Beau Sapin en se cherchant des Neo-Laryngobis à la pharmacie, les Rimouskois préfèrent invoquer le chaos transcendant avec rage et furie.
Et franchement, on les comprend!
Disponible le 14 novembre sur CDN Records.
www.facebook.com/sordeathmetal