C’est dimanche matin, celui de la Fête des Mères. Je suis près de la fenêtre qui me donne la vue sur mon terrain, juste en avant. Avec la quantité de pluie des derniers jours, mon gazon est très long. Si ne peux m’exprimer ainsi, il a l’air pouilleux. Il doit être coupé, c’est évident mais c’est toujours spécial de le faire lors de la journée de la Fête des Mères. Mon épouse n’est pas ma mère mais elle m’a donné deux beaux enfants intelligents, sportifs, ricaneurs et ayant de belles personnalités. Comme l’épouse en fin de compte!
Selon le plan, ma fille devrait aller chercher des fleurs au fleuriste et mon fils est supposé avoir concocté (il a la fibre artistique) une carte pour compléter le tout. Hier, il a usé d’un stratagème un peu douteux. Il nous a annoncé qu’il ne souhaitait pas terminer l’épisode de The Last of Us pour aller dessiner, dans sa chambre. Le doute était installé dans la tête de l’épouse…
Côté subtilité, on repassera. Mais l’a-t-il vraiment fait? Il dort encore, je ne veux pas entrer dans sa chambre pour aller voir si le tout est terminé ou du moins, entamé. Je crois plus qu’il a passé du temps à jaser avec la copine mais ça, ce serait très prévisible. De mon côté, même si l’épouse n’est pas ma mère, je me dois de lui offrir un cadeau. Tout était prévu, c’est dans la poche et en plus, nous irons au restaurant!
Avec la tonte de gazon, je marie le tout avec une écoute musicale. Depuis quelques semaines déjà, je suis à l’écoute du nouvel album de The Haunted. Du nom de Songs of Last Resort, cet album marque le « retour » de la formation en format Marco Aro après une absence de 8 ans en ce qui concerne une nouvelle production. Si tu es de l’équipe Peter Dolving, il se peut que tu n’apprécies pas le caractère plus acidulé de la voix de Aro. Mais si tu es de l’équipe Aro, sache que cet album se veut un retour en force et en bonne et due forme pour The Haunted!
Le premier extrait qu’est Warhead est la pièce qui ouvre cet album et c’est d’une efficacité redoutable. Après l’introduction d’usage, c’est une rythmique galopante qui nous pète dans les oreilles et le but est atteint, c’est plutôt accrocheur! Les leads sont intenses et la voix de Marco Aro est juste assez brutale, juste assez envenimée. Comme morceau qui ouvre, c’est parfait.
In Fire Reborn est dans la même catégorie que Warhead, c’est avec Death to the Crown que nous subissons une accélération au niveau rythmique et, comme de raison, la comparaison avec At the Gates est d’usage. La première cassure arrive avec To Bleed Out, pièce beaucoup plus molasse mais excessivement satisfaisante, et accrocheuse. C’est le côté un peu plus satiné de The Haunted, une dimension qui se voulait peut-être trop exploitée avec Peter Dolving dans le temps. Pratiquement hard rock, cette façon de faire est plus intéressante avec Aro à la voix car c’est plus tonifiant comme interprétation.
Par contre, Unbound est la plus punkée du lot mais possède la hargne métallique, tout de même. On replonge en mode totalement The Haunted avec Hell is Wasted on the Dead. Les musiciens sont en mode galopant, c’est groovant et l’ajout de voix plus death métallique lors des refrains ajoutent du croquant à cette pièce qui propose, elle aussi, des leads à la guitare précis nous venant de la part du tandem Patrik Jensen et Ola Englund.

Through the Fire est la pièce groove metal de l’album qui aurait la capacité d’aller cueillir les amateurs de Lamb of God, les uns après les autres, grâce à des similitudes dans les cadences et dans la construction de la pièce. Dans cette sphère que j’affectionne et que je nomme le « oui-ouisme », il y a Collateral Damage quoique la portion médiane demeure un peu trop moelleuse à mon goût.
Le morceau qu’est Blood Clots sert de pont entre la précédente et pour entrer dans la suivante qu’est Salvation Recalled. Morceau hyperactif, c’est dans le moule habituel et on l’apprécie pour ce qu’elle offre. C’est à ce moment que je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup plus de morceaux que j’appréciais sur cet album que de morceaux que ma laissait pantois, les deux bras croisés.
Pour l’avant-dernière qu’est Labyrinth of Lies, j’ai dû l’écouter à au moins 5 reprises d’affilée pour me demander à quoi elle me faisait penser. Plus doom, je me suis mis en tête Crowbar. Mais non. Est-ce Down? Corrosion of Conformity? Aucunement. C’est plutôt que l’introduction me ramenait à In My Darkest Hour de Megadeth mais le reste du morceau est beaucoup plus ténébreux…
Pour terminer l’album, The Haunted a décidé de nous pondre un morceau qui débute en mode fade in, un peu comme Tribal Convictions de Voïvod. Après cet instant introspectif qui met en avant la basse, nous retrouvons un mouvement de pétarade mais ensuite, nous retournons dans les limbes imposés par l’introduction. Et on répète le principe, question de nous offrir un morceau plus approfondi et nous ramenant à l’intériorisation.
Le plus sérieusement du monde, en ce 5e mois de l’année, je peux déjà comprendre que cette production de The Haunted risque de faire mon top 10 de 2025. L’album, sans dépasser ce à quoi je m’attendais, est excessivement efficace. C’est du death metal mélodique qui groove et qui se veut accrocheur, à souhait.
Par contre, une chose qui ne fera pas mon top 10 de l’année est le fait que mon fils n’a, finalement, pas fabriqué de carte de Fête des Mères pour sa mère… Mais quand même, peut-on vraiment s’attendre à ça d’un adolescent de 15 ans?
Si The Haunted est capable de nous offrir un album de qualité en 2025, mon fils est sûrement capable de créer une carte de la Fête des Mères, c’est évident!
À moins qu’il garde tout son potentiel pour la Fête des Pères…
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Photo : Linda Florin