Aux États-Unis, le secrétaire de la Guerre Pete Hegseth voit « son univers » comme un vieux film de Rambo : des héros gonflés aux stéroïdes, des ennemis à anéantir sans pitié et des explosions à chaque coin de la jungle et/ou zone de guerre. Il a fait la morale aux généraux de toute l’armée américaine, disant qu’il ne voulait pas voir de gars en jupe dans les troupes. Il ne désire pas, pendant son mandat, voir des soldats porter la barbe devant lui et il ne veut rien savoir de généraux qui sont en surpoids se promener dans les corridors du Pentagone. Cet homme a vraiment une vision hollywoodienne des troupes de son pays. Il doit penser qu’il se retrouve à la tête d’une entité comme GI Joe, dans un sens.
Il se voit comme Duke, le chef de cette division militaire d’excellence. Sauf que le dossier de Hegseth ne se veut pas très reluisant quand on y repense. Controversé, cet animateur de télé s’est retrouvé à la tête de l’armée américaine et plusieurs se demandent bien pourquoi. De te retrouver avec le contrôle de la puissance militaire la plus puissante sur la Terre n’est pas un jeu vidéo ou un dessin animé, c’est une lourde responsabilité.
Il carbure au patriotisme, il a un passé swompé dans l’alcool, des tatouages douteux, des agissements dangereux (pensez au partage d’informations tactiques militaires distribuées avec un groupe de personnes sur Signal) et une réputation de bad boy. Ceci peut plaire à une franche de la population américaine mais en toute vérité, on sent que la montée fulgurante de cet agitateur ressemble à un scénario de film des années ‘80, n’est-ce pas?
Au Québec, Ültra Raptör offre la trame sonore parfaite pour cette vision carburée à la testostérone patriotique, mais sans la naïveté politique. Leur nouvel album, Fossilized, est un cocktail explosif de speed metal vintage, de solos flamboyants et de riffs motorisés qui sentent la gazoline et la gloire à l’ancienne. On y respire la vitesse, la sueur, et le souvenir brûlant des années où Judas Priest régnaient en cuir et en flammes sur le mont de la vertu métallique, mais avec plus de bass drums en mode rapidité.
Dès la pièce titre, Fossilized, le ton est donné avec une montée à fond de train, des guitares qui rugissent comme un gros moteur de pick-up sur le point d’exploser, et un refrain sur lequel on pourrait presque chanter America Fuck Yeah tant l’ironie patriotique et la puissance musicale se télescopent dans le même missile sonore. C’est le genre d’hymne qui ne s’excuse pas d’être plus grand que nature, où chaque note semble propulsée par une flamme bleue de nostalgie heavy metal, beubé!
Puis vient Living for the Riff, manifeste de ce que le groupe fait le mieux : de la dévotion pure aux riffs! Ici, pas de subtilité inutile, pas le temps mon chum! On a le champignon collé sous le pied et c’est le riff qui commande, le riff qui dicte la route, le riff qui mène le peloton. Si Rambo troquait sa mitraillette pour une Flying V rouge, ce serait ça le résultat, oh yeah, hear the call!

Down the Drain poursuit avec un ton plus sombre pour Ültra Raptör, une descente au cœur du chaos métallique, comme si Stallone avait troqué la jungle vietnamienne pour une ruelle de métal… rouillé. Le refrain frappe fort, avec un mélange d’agressivité et de mélodie qui rappelle les meilleurs moments du genre heavy métallique. C’est un morceau qui ne cherche pas à te séduire : il défonce la porte et entre… bottes à cap aux pieds, pour se verser dans un solo audacieux et quelques pont musicaux mirifiques!
Bitter Leaf, quant à elle, joue davantage sur la tension et la mélancolie. Plus introspective en introduction, on imagine les guitaristes face à face, Marlboro au bec. Une rare pause au cœur du fracas, sans jamais perdre la fougue car la suite est explosive. On sent presque le héros solitaire du film repartir au crépuscule, blessé mais debout, guitare sur l’épaule et regard d’acier, vers la caméra… comme Hegseth sortant d’un baril d’eau glacé.
Avant la finale, Le Voyageur D’Oort agit comme une respiration cosmique. Instrumentale, planante, presque science-fictionnelle, on apprécie la pause avant l’impétuosité finale. Elle évoque, le temps d’une minute et quelque, les vastes espaces sidéraux du power metal, une envolée digne d’une scène de fin de film où le héros contemple la galaxie ou le retour du 3e lien…
Et puis Face the Challenge vient tout ravager : un hymne de combat, musclé et galvanisant, où les guitares semblent se battre entre elles dans un duel héroïque. Bang! Pow! C’est le morceau qui résume toute la philosophie d’Ültra Raptör : rien de tiède, rien de prudent, juste de la vitesse dans ton char rouge, du feu qui sort du capot et du metal.
Avec Fossilized, Ültra Raptör signe un album aussi anachronique que jouissif, une célébration de la force brute et du riff libérateur. Si Hegseth avait grandi à Loretteville, il aurait animé Occupation Double : Cancun mais si Stallone avait grandi à Lévis et joué dans un band vers 1984, il aurait sans doute écrit les chansons de cet album!
Disponible sur Fighter Records.
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