Encore une fois, c’est dimanche. Mais le même dimanche que pour mon papier sur Katatonia. Je dois l’avouer, je suis vraiment resté sur ma faim avec cet album. Je suis donc retourné dans ma pile « virtuelle » de nouveautés car je savais que j’avais du stock de qualité en banque. Je suis allé voir dans mon dossier Relapse et je savais qu’il y était, m’attendant avec impatience, le nouvel album de Gruesome. Disponible seulement en écoute et non en téléchargement, il fallait que je me l’enligne au salon ou dans la cuisine. C’est donc dans la cuisine que le tout est arrivé, avec la grisaille par la fenêtre, synonyme de ce weekend aucunement pétillant.
Vous savez, le dimanche est souvent une journée poche, à la base. On fait l’épicerie et le lavage pour la semaine qui s’en vient. Palpitant… Je suis allé prendre une marche ce matin, j’ai failli retourner pour me chercher un petit veston car c’était trop frisquet. J’ai juste enfilé mon capuchon de hoodie et continué mon périple, c’est ainsi que je me suis motivé face à une marche.
Quoiqu’en fin de journée, je me suis craqué une Ceci n’est pas la Fin du Monde d’Unibroue, ce qui se veut rarissime, et je me suis remis au clavier. L’épouse fait du casse-tête, le fils joue à une console quelconque au sous-sol et ma fille étudie. Pourquoi gâcher une journée aussi pimpante! Je me tape l’album de Gruesome du nom de Silent Echoes en boucle depuis près de deux heures, ce qui veut dire qu’il a joué environ quatre fois, étant donné son chrono de 33 minutes.
Si tu remarques la photo de Gruesome, tu dois te dire qu’il y a quelques visages bien connus dans cette troupe américaine. Effectivement, si tu apprécies le death metal américain, tu as sans doute reconnu la bassiste Robin Mazen de Castrator et Derkéta, le batteur Gus Rios qui a joué avec environ tout le monde, Daniel Gonzalez de Possessed et bien sûr, le maître de cérémonie en personne, Matt Harvey d’Exhumed.
Depuis 10 ans, ce supergroupe bât la chamade ici et là tout en rendant hommage à la formation Death, mais de façon plutôt… spéciale! Effectivement, le groupe ne fait pas des reprises de chansons de la troupe de Chuck mais s’inspire plutôt de chaque album, chaque période précise du groupe pour créer leurs propres chansons.
Vous voyez? Oui, parfait!

C’est pourquoi Gruesome a débuté sa carrière avec Savage Land qui saluait Scream Bloody Gore. Maintenant, dans sa quête perpétuelle de puissance death métallique sous le règne de Chuck le 1er, Gruesome propose Silent Echoes, qui se veut leur réponse face à Human de Death. Et comme réponse, c’est un pur délice, surtout si tu es un fanatique de Death, de death metal technique et de Chuck Schuldiner.
Il ne faut pas prendre cet album en se disant : « Est-ce que l’élève va dépasser le maître? » Non, ce n’est pas l’objectif avec Silent Echoes, avec Gruesome en général. Ce n’est pas une course ni un concours pour démontrer qui peut pisser le plus loin, non. C’est un bon trip nostalgique pour l’amateur mais pour le néophyte, c’est juste une découverte face à un « nouveau » groupe ou plutôt, projet.
L’album qu’est Silent Echoes ne suit pas le même pacing que Human quoique plusieurs chansons possèdent des similitudes, parfois subtiles, parfois… aucunement! L’album débute avec Condemned Identity qui se veut un morceau qui va bien avec Flattening of Emotions, je dois l’avouer. C’est un death metal précis, c’est acrobatique et la voix de Harvey se rapproche amplement de celle de Chuck. Comme coup d’envoi, c’est dans la poche.
A Darkened Window possède elle aussi le même type de crunch que Suicide Machine, je dois l’avouer. Sa portion centrale est bien cadencée, moins acrobatique, ce qui nous éloigne de celle qui porte le même numéro sur Human. Pour poursuivre l’aventure, nous en sommes avec Frailty qui se veut un morceau où la technicité est bien présente. Ensuite, Shards est plus pimpante tout en ayant des transitions bien techniques, comme le serait Secret Face.
La pièce titre est puissante, carabinée et plus directe, dans les mêmes eaux que ce à quoi tu peux t’attendre. Les transitions se veulent adroites, et on apprécie les leads à la guitare. La pièce instrumentale qu’est Voice Within the Void (Astral Oceans) n’a pas la même position que Cosmic Sea mais offre le même genre de tampon, face à l’écoute. Haute voltige sans parole, on apprécie surtout la portion de basse lors de la partie médiane qui se veut coupée par une passe plutôt technique sur les guitares.
Pour finir, Fragments of Psyche propose vraiment une introduction qui se rapproche amplement de Suicide Machine tandis que Reason Denied termine l’album avec une certaine maîtrise sur la déconstruction, avec des moments saccadés. Les leads sont ravageurs, la cadence est balourde et parfois, c’est plus bourdonnant et même, croustillant.
Comme hommage, c’est vraiment satisfaisant et comme production death métallique de haut niveau, c’est bien réussi. Avec un alignement de musiciens qui se veut plutôt top, il était indéniable que cette production allait être d’une stabilité assurée et certaine, et Gruesome livre la marchandise avec un bonheur palpable, tout en saluant humainement, ce bon vieux Chuck!
Disponible le 6 juin sur Relapse Records.
www.facebook.com/gruesomedeathmetal
Photo : Ervin Novak