Les amateurs de musique métallique et rocheuse se distinguent des amateurs d’autres types de musique au niveau de la collection. Ils sont parmi les plus grands consommateurs de musique physique et le fait de vivre dans l’ère digitale ne semble pas les freiner de continuer à écouter préférablement la musique qu’ils possèdent. Leur support de choix des dernières années semble être le vinyle et c’est ce qui explique pourquoi les 33 tours et les 45 tours disparaissent aussi vite et pourquoi les premiers pressages des grands albums partent comme des petits pains chauds. Cependant, la musique sur support physique existe depuis bien avant la création du Métal et voir même du Rock. Mais certains formats n’ont pas réussi à traverser les âges et nous allons voir pourquoi. 

Tout d’abord, il y a les disques 16 et 2/3 RPM. Il s’agit de vinyles de 7 pouces de diamètre qui, à première vue, ressemblent à des vinyles de 45 tours bien normaux, à la différence qu’ils jouent plus lentement. Ces albums étaient surtout présents durant les années 1950 et 1960. La lente vitesse à laquelle ils jouaient leur permettait d’emmagasiner jusqu’à 20 minutes de musique par côté. Ce qui les a mené à leur perte c’est qu’ils n’ont pas une belle qualité sonore, et très peu de gens les achetaient à l’extérieur des stations de radio. Quand les 8-pistes et les cassettes sont apparues sur le marché, ils ont enfoncé le dernier clou dans le cercueil des 16 RPM. 


Ensuite, il y a le Disque de diamant Edison ou l’enregistrement de disque Edison. Ces disques étaient présents de 1912 à 1929. Ces disques ont un diamètre de 10 pouces et sont beaucoup plus épais que n’importe quel autre disque que le marché a pu connaître. Leur épaisseur est d’environ 1/4 de pouce. Un autre trait unique et propre à ces disques sont ses rainures. 

La vaste majorité des disques ont des rainures côte à côte ou latérales, où l’aiguille est au centre et il y a un canal « gauche » et un canal « droite » comme indiqué sur la figure suivante: 

De leur côté, les disques Edison ont des rainures « Hill et Dale » qui vont de haut en bas et qui ne peuvent pas être joués sur des gramophones ou tables tournantes normales. En effet, ils ne peuvent être joués que sur des phonographes dédiés à ce type de disques. Ces produits étaient donc naturellement plus dispendieux, ce qui faisait en sorte qu’il n’y avait qu’une sélection très restreinte d’œuvres, entre autres. Les artistes jazz n’étaient pas inclus dans cette gamme de produits, ce qui était un très gros problème car, rappelons-nous le, le jazz était très fort dans les années 1912 à 1929. Finalement, le krach boursier de 1929 a complètement mis fin à ces produits. 


Un autre produit qui a disparu était le disque des « Pathé Records ». Ils ont un diamètre pouvant aller jusqu’à 20 pouces. Il s’agit des plus grosses galettes que le marché a connu. On les voyait entre 1916 et 1930 et étaient fabriqués en France par des propriétaires de bistro connus (Charles et Émile Pathé).  Leur vitesse de rotation allait de 80 à 120 RPM. Ce qui a tué ce type de disque, c’était que nous pouvions trouver une fidélité audio égale ou supérieure sur des disques de plus petite taille, ce qui rendait les « Pathé Records » très peu pratiques. Aussi, leur variété de choix dans les tailles et les vitesses les rendait très peu compatibles avec les autres gramophones disponibles sur le marché. 


Les disques de transcription sont une autre découverte archéologique qui se trouve bien enfouie dans cet univers de support physique. Il s’agit de disques de 16 pouces de diamètre utilisés principalement dans la radiodiffusion de 1928 à 1959. Ces disques jouent à une vitesse de 33 et 1/3 RPM et peuvent habituellement contenir jusqu’à 15 minutes d’audio par côté. La raison pour laquelle ils ne pouvaient en contenir plus est que les compagnies de radio voulaient le meilleur son possible. Pour palier à cela, ce support physique avait de plus grosses rainures et des plus gros espacements entre chaque chanson (ou matériel audio). De plus, ils évitaient de mettre des enregistrements près des étiquettes pour éviter les distorsions des rainures internes. Ces produits étaient donc assez populaires pendant ces années-là car la qualité audio était excellente. Contrairement à un autre disque « normal », il n’y a pas une grosse rainure principale qui amenait l’aiguille de l’extérieur vers l’intérieur. Il s’agissait plutôt d’une série de pistes individuelles que l’annonciateur devait repérer une à la fois. Il y a des gens qui pensent qu’une des raisons est que cela permet à l’annonciateur de radio de placer des publicité ou des pauses entre les audios diffusés. Ce qui a mis fin à ces disques, c’est qu’après la deuxième Guerre mondiale, la job de « disc Jockey » (ou DJ) est devenue plus populaire, et le processus a été changé. Les DJs faisaient jouer deux disques sur deux tables tournantes différentes, ce qui a éliminé le temps d’arrêt entre les chansons. L’autre raison pour laquelle ces disques sont partis, c’est l’usage de la bande magnétique avec les lecteurs et enregistreurs de bobine. 


Nous avons abordé plusieurs gros disques, mais il y a aussi des petits disques parmi les dinosaures des supports physiques qui n’ont pas traversé les âges. Il y a notamment les disques de poches de 4 pouces, qui n’ont duré qu’un an entre 1968 et 1969. Ces disques étaient très flexibles et minces, ce qui faisaient en sorte que la qualité sonore était très pauvre. De plus, l’invention des 8-pistes et des cassettes a tué ces disques de poche dans l’œuf car ils sont apparus dans les mêmes années et avaient une meilleure qualité sonore. 


Finalement, il y a les disques contenant des enregistrements quadriphoniques. Il s’agit de la technologie la plus étrange qui figure dans cet article. Au lieu d’avoir deux haut-parleurs (gauche-droite) cette technologie voulait utiliser quatre haut-parleurs (avant gauche, avant droit, arrière gauche, et arrière droit). Il s’agit donc de la première tentative de créer un son multicanal (ou surround). Ces disques étaient présents de 1971 à 1979. Leur concept, bien qu’intéressant, était dur à implémenter en pratique à cause de la compatibilité. Pour faire jouer ces disques, les gens avaient besoin d’un décodeur spécial qui permettait de lire les rainures stéréos un peu plus larges des disques Quad afin de les traduire en son Quad. De plus, il y avait 3 différents systèmes concurrents (SQ, CD-4 qui n’a rien à voir avec le CD, et QS) pour enregistrer et décoder ces sons, ce qui corsait encore plus le travail. Les requis étaient donc vraiment compliqués pour le consommateur moyen qui devait, en plus du système de base, avoir 4 haut-parleurs, ce qui gonflait également le prix. Bien que cette technologie n’ait pas réussi à s’imposer, elle a quand même permise d’établir la base de ce qui est le son multicanal (ou surround) digital qui est apparu des décennies plus tard dans le monde du cinéma maison. 


Nous n’avons pas fini de voir des technologies émerger sur le marché et nous allons tous voir, de notre vivant, certaines qui ne traverserons pas les âges et qui vont disparaître du marché. Mais quoi qu’il en soit, ce que nous pouvons retenir c’est que bien souvent, la simplicité et l’innovation font beau ménage et c’est ce qui fait qu’un produit répond à un besoin de masse et est à l’épreuve du temps.