Je vous avertis immédiatement, si vous n’aimez pas le fromage, ces mots vous rejoindront beaucoup moins. C’est le 21 janvier prochain que la formation finlandaise Battle Beast sortira son tout nouvel et 6e album Circus of Doom sur Nuclear Blast. J’en ai profité pour faire l’écoute de cet opus et vous exposer mon analyse.

Ce qu’il faut savoir, c’est que le groupe est en présence d’une chanteuse majestueuse avec énormément de talent. J’ai bien peur que sans cet atout, le groupe ne ferait pas mouche. Cependant, si vous connaissez déjà le groupe, vous savez où je m’en vais avec ce préambule. C’est du Power Métal fromagé et si vous aimez le style, vous serez servi(e)s.

Circus of Doom comprend beaucoup de synthétiseur et d’orchestrations. On peut y entendre des brass, des carillons tubulaires et des chorales assez intéressantes. L’élément majeur de l’album est évidemment la chanteuse Noora Louhimo. Tout au long de l’album, elle nous sert un vocal extrêmement puissant, aigu, rauque et à mes oreilles, je ne trouve même pas ça agressant. C’est très certainement une des meilleures chanteuses que j’aie entendues dans la dernière décennie (à mon goût du moins) puisqu’elle fait preuve de polyvalence. On entend que sa technique est bien travaillée et j’adore quand on mélange adéquatement douceur, puissance et agressivité dans la même voix d’une interprète de Power Metal. La bête, c’est définitivement elle. Rajoutons l’aspect scénique avec ses tenues pas piquées des vers et c’est un package complet, d’autant plus qu’elle livre toujours la marchandise de façon impeccable live.

Instrumentalement parlant, ça se complique un brin. Évidemment, c’est très four to the floor et pop à plusieurs égards. Encore là, ce n’est pas dramatique puisque c’est ce à quoi on s’attend : c’est leur style. Les solos sont intéressants et l’orchestration est bien faite : il y a de jolies modulations, des mélodies accrocheuses (vraiment catchy à vrai dire), un classique de la Finlande quoi. Que ce soit dans Wings of Light, Russian Roulette ou The Road to Avalon, j’ai senti que le groupe tentait d’explorer différentes époques à travers leur son, ce qui n’est pas mauvais en soi, mais ça leur enlève un peu la possibilité d’avoir un son signature. D’ailleurs, le clavier est très présent, mais on croirait souvent entendre d’autres groupes qui figurent définitivement dans leurs influences, comme Sonata Arctica, Nightwish ou Blind Guardian.

Battle Beast – Circus Of Doom, 2021. From left Eero Sipilä (base), Juuso Soinio (guitar), Janne Björkroth (keyboard), Noora Louhimo (vocals), Joona Björkroth (guitar), Pyry Vikki (drums). Nuclear Blast Records. Photo by Terhi Ylimäinen

Le point négatif de cet album est le manque de virtuosité du batteur. À plusieurs reprises, on aurait envie de « crinquer la machine », mais les rythmes sont presque sensiblement tous les mêmes, soit très pauvres, et la pédale double me manque énormément. Ça devient donc assez répétitif et on perd un peu de mordant au fil de l’écoute. Le choix de l’ordre des pièces vient compenser le tout, mais le choix des singles m’intrigue aussi. Le dernier simple sorti il y a quelques heures seulement, Where Angels Fear to Fly, manque désespérément d’énergie et semble un peu décousu.

Par contre, du côté positif, plus on avance dans l’album, plus le ton remonte. L’album se termine avec Place That We Call Home, qui est ma favorite. Enfin un riff épique où on revient aux classiques, même avec de jolis clins d’œil en tierce de Picardie de temps en temps. En général, Circus of Doom vous offrira des mélodies intelligentes, de la puissance et des phrase qui sont bien construits. J’adore quand le vocal ne s’éternise pas sur des notes longues. Il y a beaucoup de paroles et ça donne du rythme. On raconte une histoire et ça aussi ça donne beaucoup de points à l’album. Il n’y a pas non plus de ballade, ce qui me rend encore plus heureuse parce que ça nuirait à l’expérience d’écoute, c’est certain. Là où je ne comprends pas non plus le choix du groupe, c’est d’ajouter deux pièces bonus à la fin de l’album et celles-ci sont, ma foi, majestueuses. Tous les éléments négatifs énumérés précédemment partent en fumée et la dynamique change complètement. Je me suis même demandé si The Lightbringer ainsi que Tempest Of Blades étaient des covers puisque ces pièces défont tout ce qui a précédemment été installé, excepté la voix bien évidemment qui demeure d’une solidité indétrônable. On y retrouve donc un gros boost de virtuosité (même au drum!) : les solos sont excellents, le son est riche et ça nous donne envie de brandir le poing en faisant des Hey! Hey!

À vous de vous faire un avis, mais je vous recommande l’écoute du prochain effort de Battle Beast et si l’envie vous prend, une tournée est même prévue en Amérique du Nord en mars/avril avec nul autre que Dragonforce.