Blind Guardian est un groupe allemand légendaire qui a presque quarante ans d’existence et qui possède une très grande influence dans le monde du Power et du Speed métal. Le 2 septembre 2022, le sextuor a lancé son douzième album, The God Machine. La composition de cette nouvelle oeuvre a eu lieu pendant la pandémie et le groupe a promis un retour vers le vieux son. Force est d’admettre que la qualité est souvent au rendez-vous lorsque nous parlons de Blind Guardian. Par contre, les derniers albums avaient tendance à mettre les orchestrations en avant plan, compromettant un peu leur côté métal. Le groupe a bel et bien remédié à la situation, puisque The God Machine est un album plutôt rapide et agressif pour les nouveaux standards de Blind Guardian. Est-ce que c’est une bonne chose pour le groupe? Où se situe cet album dans leur discographie au niveau de la qualité?

Tout d’abord, mettons une chose au clair tout de suite. Avec ce douzième album, le groupe n’avait aucunement l’intention d’arriver avec une grosse surprise ou un son qui change du tout au tout. Ce qu’il faut s’attendre à entendre, c’est du Blind Guardian. En ce qui concerne la thématique, c’est la même chose : les gars partagent encore leur passion pour la littérature en écrivant des paroles sur des oeuvres littéraires et des pièces de théâtres telles que Les sorcières de Salem d’Arthur Miller, Chronique du tueur de roi de Patrick Rothfuss, American Gods de Neil Gaiman, Les Archives de Roshar de Brandon Sanderson, Le Sang des elfes de Andrzej Sapkowski et The Ice-Maiden de Hans Christian Andersen.  Le groupe va aussi chercher ses influences de certaines séries et franchises, comme il l’avait fait précédemment. Jusque là, nous n’avons rien de nouveau sous le soleil concernant la formule et puisque c’est une formule qui marche, nous ne voulons pas qu’il en soit autrement. 

La qualité du produit est, quant à elle, une toute une autre histoire. Les chansons de l’album sont sincèrement et vraiment excellentes. Nous n’avons pas entendu une telle énergie de la part du groupe depuis des décennies. L’album est énergique, majoritairement rapide, varié et le métal est de nouveau mis en avant plan, contrairement à la nouvelle habitude du groupe dans les dernières années. Il n’y a aucune longueur, les chansons sont accrocheuses et chaque musicien sonne à son meilleur, surtout Hansi Kürsch. Ces dernières années, on dirait que sa voix est au sommet de sa maturité. Ça paraissait dans ses performances, notamment sur le dernier album de Demons & Wizards (III) et sur différents spectacles de grande qualité publiés sur YouTube. C’est vraiment un excellent chanteur et cela ressort particulièrement dans l’album. La production est assez fidèle à comment doit sonner Blind Guardian. Les guitares “abeilles”, la basse discrète, mais pas pour autant absente et une batterie “stressée” en arrière-plan. Que demander de mieux à un groupe ayant un son aussi spécifique que de rester fidèle à lui-même? Bref, aucune plainte à formuler. 

Lorsqu’on évalue un groupe comme Blind Guardian, le contenant joue pour beaucoup, puisque ce groupe a l’habitude d’avoir des pochettes à en couper le souffle, qu’on aime l’univers fantastique ou pas. La pochette de The God Machine n’est pas la plus éclatante du groupe, mais elle est extrêmement originale et le choix des couleurs est absolument génial. C’est Peter Mohrbacher qui est derrière cette oeuvre. Il a également créé pour d’autres groupes tels que Fallujah, Morton, Red Cain et Serenity in Murder, mais n’a pas encore un CV à tout casser. On va surement entendre parler de lui de plus en plus dans les prochaines années.

Pour conclure, The God Machine est le meilleur album de Blind Guardian depuis A Night at the Opera. Bien évidemment, tout ce que le groupe a produit, de Battalions of Fear à A Night at the Opera, va rester parmi les classiques intouchables, mais ça reste extrêmement difficile de définir la qualité d’un groupe aussi terre à terre. Chaque produit que le groupe a mis sur le marché a été fait avec le plus grand soin et ce qui est bon ou moins bon est vraiment une question de goût personnel. Le groupe a le souci de l’oeuvre aboutie ou finie. Ils n’ont pas l’habitude de tourner les coins ronds, mais cet album est un retour vers un son plus métal tout simplement. À écouter absolument, car c’est un des albums de l’année 2022.