Je ne croyais jamais faire une critique d’un album de Deafheaven. Je ne suis pas un amateur de leur sonorité et, comme bien des gens, j’ai pris en aversion cette formation. Après les avoir vu avec Baroness, c’était le comble. C’était long et pénible, je m’emmerdais comme un pompier en Antarctique. Je comprends aussi que c’est comme « cool » de ne pas aimer ce groupe qu’est Deafheaven, un peu comme ceux qui détestent passionnément Nickelback ou qui ridiculisent Five Finger Death Punch, avec rigueur. Mais là, je m’éloigne un peu…  

En voyant certaines publications vanter les albums de la formation, je me suis mis à réessayer le catalogue du groupe, mais sans succès. Je peux m’acclimater aux pulsions plus shoegaze que Deafheaven propulse dans leur blackgaze mais dès que le chanteur George Clarke y va avec son feulement hautement acidulé, je débarque totalement.

Surprise pour l’année 2021, Deafheaven débarque avec un album qui se dirige uniquement vers le shoegaze. Que de l’ambiance soporifique et onirique, que des mélodies à te faire faire un tour de nuage tout en sirotant un kombucha.

Infinite Granite est une production complète de rythmes largement influencés par ce genre où les guitares hautement saturées bourdonnent amplement tandis que la voix se permet de planer. Les noms de Slowdive, Nothing pour les plus contemporains, de The Verve de l’époque des deux premiers albums et même Cocteau Twins nous viennent en tête lors de l’écoute de cet album.

Élément clé dans cet album transitoire, la presque totale absence d’une voix acidulée de la part de George Clarke. Effectivement, sur Infinite Granite, le chanteur y va avec sa voix claire et je dois avouer qu’il propose plusieurs couches et intonations, passant d’un croon à la Morrissey/Brett Anderson de Suede au timbre plus susurré. Il n’y que vers la fin où Clarke se permet la parcelle bien acide, comme pour créer une dualité complète avec le reste de l’album.

Je me vois dans l’obligation de vous dire que cet album se veut une expérience sonore complète, et non pas une expérience à la pièce. Infinite Granite est surprenant musicalement, n’invente rien car l’emprunt est palpable à tous les niveaux mais il est bien de voir un groupe se « réinventer » de la sorte, comme l’avait fait Alcest avec Shelter.

Personnellement, si Deafheaven poursuit dans cette lignée, je risque de rester bien collé à la suite des choses. Sinon, je pourrai dire qu’Infinite Granite aura été un élément majeur dans leur catalogue!

Fortement recommandé.

Disponible sur Sargent House.

https://deafheaven.com/home