Il y avait de ça déjà 4 ans, foutue pandémie oblige, que le maître du mal Glen Benton n’avait pas dirigé ses troupes en sol Québécois et quelle belle façon de revenir qu’en proposant une tournée axée sur l’album monumental Legion publié il y a de ça 30 ans en 1992. L’heure des retours avait vraiment sonné, car ils seraient aussi accompagnés de nos Montréalais de Kataklysm, qui n’avaient pas pu passer la frontière canadienne lors de la dernière tournée où ils accompagnaient Dark Tranquillity en sol nord-américain. Ceux-ci saisiraient l’occasion pour nous jouer Serenity In Fire (2004) en entier qui fut un album majeur pour le quatuor mené par Maurizio Iacono. La formation Death Metal Inhuman Condition venait compléter cette affiche relevée avec un premier passage en nos contrées nordiques. Il était donc hors de question que ma tigresse d’acier et moi manquions cette orgie. Nous enfilâmes nos attirails de guerriers, nous appelâmes mamie à la rescousse de notre marmaille et nous embarquâmes dans notre bolide en direction de St-Rock’n Roll.

Après avoir salués quelques piliers de taverne et passé au ravitaillement houblonné, les lumières s’éteignirent, «Walk» de Pantera retentit dans la sono et Inhuman Condition fit son entrée. Avec un son floridien typique du début des années 90 et de grosses influences musicales tirée de leur expérience commune dans Massacre, le quatuor nous donna une solide prestation menée par l’énergie débordante du chanteur Jeramie Kling qui officie aussi en tant que batteur sur album. Celui-ci haranguait la foule, arpentait la scène de long en large comme un lion en cage et se permit même de monter au balcon pour se déchaîner au-dessus de nos têtes. La prestation fut tout aussi solide au point de vue musical avec un son marécageux typique de Tampa et un jeu de basse de Terry Butler (Ex-Massacre, ex-Death) qui nous fait oublier qu’il y a une seule guitare. Les soli furent aussi impeccables. Ce fut donc un premier passage très réussi à Québec pour cette formation qui existe depuis 2020 et a déjà deux albums à son actif.

Après un court entracte, c’était à Kataklysm de s’exécuter et ceux-ci partaient déjà avec deux prises et une balle pour votre humble scribe. Effectivement, le quatuor montréalais m’a grandement déçu depuis plus de 15 ans avec des albums que je trouve de plus en plus génériques et bien que la formation allait nous interpréter Serenity In Fire en intégral, il ne s’agit pas pour moi du meilleur album de la formation qui a connu ses heures de gloire avec un style beaucoup plus chaotique et particulier dans les années 1990. Je suis toutefois conscient qu’il contient certaines excellentes pièces de Death Metalmélodique telle que «As I Slither«. Dès les premières notes, je fus cependant ravi par un son extrêmement bien balancé, le son de scène étant assuré par l’inimitable François C. Fortin. De plus, la grande forme du groupe me fit oublier la plupart de mes appréhensions et la fosse de plus en plus populeuse devint bientôt hors de contrôle. Maurizio, visiblement heureux de la participation active de la foule y alla de plusieurs déclarations d’amour au Québec, signifiant sa joie de revenir chez-lui. La prestation musicale fut précise et énergique, un bon moment de nostalgie en somme.

Un dernier entracte et c’était au tour de Deicide de venir nous achever avec un massacre en règle. Sans tambours ni trompettes, les satanistes entamèrent leur prestation avec une livraison brutale et tonitruante de l’album fêté. La voix surnaturelle de Glen Benton était au rendez-vous et que dire du jeu complètement déjanté de Steve Asheim à la batterie? Tous les membres du groupe y compris Taylor Nordberg (guitare) qui exécute deux prestations sur cette tournée, car il est aussi membre de Inhuman Condition, donnèrent la pleine mesure de leur talent avec un véritable rouleau compresseur sonore. Le meneur de la troupe fut fidèle à sa réputation de stoïque sataniste, s’abstenant de toute intervention ou de toute chaleur entre les pièces pour nous livrer de successifs coups de poing musicaux en pleine pomme. À Legion succéda une sélection de vieilles agressions qui déchaînèrent les passions d’une foule nombreuse et active. Glen Benton se contenta d’un bref sourire et d’une courte intervention à la toute fin du concert avant de nous livrer son dernier assaut. Ce fut, en conclusion, une véritable leçon de Death Metal satanique.

En terminant, je désire remercier Charles-Alexandre Tourchot à la photographie, District 7 et Yannick Tremblay pour les accès.