Le nouvel album, « Ordalie », verra le jour le 24 juin prochain


Miserere Luminis est un projet collaboratif qui a vu le jour en 2008. Le premier album éponyme sorti en 2009 a été un coup de coeur pour plusieurs. Après plusieurs années de silence, ils sont de retour avec un nouvel album, Ordalie, qui sortira sous peu!

J’ai eu l’opportunité d’échanger avec les membres du groupe, soit Annatar, Icare et Neptune. Ils ont partagé sur le passé, le présent et le futur!


(ARS) Pour ceux qui ne sont pas familiers avec Miserere Luminis, comment décrirais-tu ce projet?

(ML) Miserere Luminis est un projet musical puisant ses racines dans le black métal sans toutefois se limiter à ses codes stylistiques. Il est composé de trois membres. La musique du groupe se veut puissante, authentique, tragique et passionnée. De nombreuses influences provenant de l’extérieur des sphères de la musique extrême s’y mêlent et s’embrassent dans ce que nous souhaitons humblement être un son bien à nous. Quelque chose qui pourrait être décrit comme la musique d’un film porté par une poésie déchirée et hurlante.


(ARS) Miserere Luminis est une collaboration entre Gris et Sombres Forêts, deux groupes très connus de la scène québécoise. Comment cette collaboration a-t-elle commencée et qu’est-ce qui a motivé cette union?

(ML) À l’époque, la collaboration s’est faite d’une manière très naturelle. Les membres des deux projets étant très proches et ayant alors déjà partagé la scène avec Sombres Forêts, nous souhaitions créer quelque chose de nouveau et de différent qui nous permettrait d’incorporer les éléments et les influences que nous ne trouvions pas appropriés dans nos groupes respectifs. L’idée était aussi de proposer une expérience de concert originale et propre à notre vision de ce que devrait être un spectacle immersif.


(ARS) Le seul album de Miserere Luminis date de 2009. Vos projets respectifs ont sorti leurs derniers albums en 2013. Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie de retourner en studio?

(ML) Je ne sais pas si on peut parler d’évènement déclencheur en soi puisque l’idée de refaire de la musique ensemble ne s’est jamais vraiment dissipée. Nous n’avions simplement plus autant de temps à y consacrer. Nous avions refait certaines apparitions scéniques, à la Messe des Morts entre autres, en 2018 et l’idée de ressusciter le projet était bien présente. Nous étions d’ailleurs au milieu d’une tournée européenne au moment où la pandémie a figé l’ensemble du monde et nous a obligé à rentrer au pays. Le fait est que pendant un moment nous étions investis dans d’autres aspects de nos vies, mais l’amitié et la connexion qui nous animaient à l’époque sont toujours intacts.


(ARS) Quelles sont, selon toi, les principales différences entre la scène métal locale/internationale d’il y a 10 ans et celle d’aujourd’hui?

(ML) Il va sans dire que la scène black du Québec était en pleine effervescence à l’époque où notre premier album est sorti et de nombreux groupes d’ici s’étaient faits remarquer à l’international, entre autre grâce au travail de Sepulchral Productions qui avait recommencé ses activités en 2006, lors de la sortie des premiers albums de Gris, de Sombres Forêts et de Forteresse. Il semble aussi y avoir une recrudescence du style depuis quelques années. Cela dit, nous ne nous sommes jamais particulièrement intégrés ou tenus au courant de ce qui se passait dans les scènes métal et avons toujours un peu fait nos affaires légèrement en marge. Du peu que l’on puisse en dire, il semble que le métissage musical et l’assouplissement des codes se soient étendus aux différentes scènes en général. L’ouverture du public ainsi que la facilité d’accès à la musique extrême via les plateformes numériques et le délaissement graduel du purisme semble avoir démocratisé la musique extrême, pour le meilleur et pour le pire. Le niveau de production et de virtuosité instrumentale a aussi généralement augmenté.


(ARS) Parlons du nouvel album « Ordalie »! La définition connue signifie « Épreuve de Dieu ». Peux-tu élaborer sur le titre et l’imagerie choisie?

(ML) La mesure de la foi par l’épreuve de la souffrance est une image forte. Cela se traduit à nos yeux comme une foi nécessaire à la vie, à la résilience et au courage dans la douleur et à la force rageuse d’exister malgré la brûlure. Porter la lumière du feu implique aussi de porter celles de toutes nos morts.


(ARS) D’un point de vue musical, que pouvons-nous attendre? Est-ce une évolution organique du premier album?

(ML) Je crois que l’évolution musicale de l’album est cohérente avec ce que nous avons fait par le passé et avec nous-mêmes en tant qu’artistes. Nous avons nécessairement élargi nos horizons musicaux depuis lors et je crois que cela s’entend sur Ordalie. Cela dit, l’album propose sensiblement les mêmes couleurs qu’auparavant, peut-être d’une manière plus vive et assumée. Les pièces sont longues, leur structure est plutôt complexe et l’ensemble est riche en atmosphères et en émotions. Pour ce qui est du son, l’investissement par rapport à la production à été beaucoup plus important que tout ce que nous avons pu produire jusqu’à maintenant. Il était important pour nous d’avoir un son plus vivant, tout en demeurant fidèle à nos racines musicales. Nous avons le sentiment que cela permet de mieux servir la musique et s’accorde d’une meilleure façon à la vision artistique que nous avons pour Miserere Luminis.


(ARS) Y a-t-il eu des inspirations particulières pour les paroles et les thèmes abordés?

(ML) Oui, il y a certainement diverses influences pour les paroles et les thèmes que nous mettons de l’avant. La poésie, que ce soit romantique ou symbolique de même que contemporaine, en est certainement une. L’existentialisme est aussi un des thèmes récurrents dans nos œuvres, mais les textes d’Ordalie ont aussi un aspect théologique plus marqué, non pour l’essence religieuse du terme, mais pour son approche de la verticalité, de l’humain vers le divin ou l’insoluble. Les textes d’Ordalie sont donc le premier volet d’une suite de « dialogues » entre l’être et sa raison d’être, explorant le flou chaotique qui réside entre les deux. 


(ARS) Presque 15 ans plus tard, comment est-ce que vos cheminements musicaux ont-ils influencés le processus de création?

(ML) Nous avons toujours apprécié divers genres de musique et d’art. Avec l’âge, l’appréciation de ces choses se déploie et la création se raffine parallèlement. Le parcours des membres a, entre autre, été composé d’études en son et en musique et cela a nécessairement teinté le processus de la composition et de l’arrangement, mais nous avons tenté de garder une approche organique et hautement démocratique quant aux développement des idées figurant sur l’album. Malgré leur foisonnement, une grande discipline et un amour de l’authentique se sont maintenus dans leur concrétisation. 


(ARS) Étant bien connecté à l’international et en discutant régulièrement avec des maisons de disques dans divers pays, je peux te confirmer que le retour de Miserere Luminis a créé une vague d’intérêt assez grande! Est-ce une surprise pour vous de voir autant d’engouement pour Ordalie? Quelles sont vos ambitions internationales?

(ML) Il s’agit effectivement d’une agréable surprise! Nous avons énormément travaillé au cours des deux dernières années pour retrouver et reconstruire une dynamique de projet qui nous permettrait de nous réaffirmer comme groupe fort et sincère. Nous avons définitivement l’ambition de nous produire à nouveau sur scène à l’international et nous sommes dans l’impatience de retourner en Europe afin de terminer la tournée qui avait malheureusement due être interrompue en 2020.


(ARS) Le premier album a été distribué par Northern Silence Productions en 2009. Envisagez-vous d’autres collaborations en dehors du Québec?

(ML) La distribution physique de l’album est assurée par Sepulchral Productions et comme par le passé elle travaillera effectivement en tandem avec d’autres maisons de disques à l’extérieur du Québec pour déployer la distribution à l’international. 


(ARS) Y aura-t-il des spectacles en vue pour promouvoir Ordalie?

(ML) Absolument. Nous sommes présentement en préparation en vue d’éventuels concerts et avons été rejoints par nos acolytes habituels afin de jouer le nouveau matériel dès que faire se pourra. Nous serons en mesure de donner plus de détails plus tard dans l’année.


(ARS) Les lecteurs d’Ars Média vous écoutent! Qu’avez-vous à leur dire en attendant la sortie officielle du nouvel album prévu pour le 24 juin prochain?

(ML) Nous espérons que notre musique vous fera vibrer et vous parlera. Nous avons hâte de venir la présenter sur scène!