Il y a la belle musique du dimanche, respectueuse, ampoulée, bien ficelée, gentille et il y a des groupes comme Nunslaughter. En quelques 34 ans d’existence, la formation se qualifiant elle-même de « Devil Metal » a effectivement su s’imposer avec sa mouture survitaminée de Blackened Death Metal primitif sans compromis. Don of the Dead et ses acolytes arrivent donc en 2021 avec une solide expérience et un catalogue impressionnant derrière la cravate. Est-ce que Red is the Color of Ripping Death, leur premier album avec Wrath à la batterie à la suite de la mort tragique de Jim Sadist en 2015, arrive à honorer cet héritage?

Dès les premières notes de sa nouvelle offrande, Nunslaughter ne nous laisse pas la chance d’en douter une fraction de seconde et nous assène un joyeux barrage d’accords et une avalanche de batterie déchaînée par le nouveau venu derrière les fûts lors de la courte et efficace Murmur. S’ensuit une série sans merci de proverbiales claques sur la gueule teintées d’influences Thrash au cours de laquelle la bande pennsylvanienne ne ralentit que rarement la cadence, si ce n’est que pour installer des atmosphères Doom plus malsaines et sales encore, comme sur Banished ou Casket Lid Creaks par exemple. La composition de l’album est en somme très consistante et brutale venant ainsi allumer en l’auditeur l’envie irrépressible d’engloutir du houblon, de provoquer du brasse-camarade ou mieux, de souiller irrémédiablement un lieu saint.

La production superbement lourde, brute et puissante vient compléter le tableau d’une sortie qui figurera certainement dans plusieurs tops de fin d’année 2021. Le son des guitares évoque des cascades de gravier et les scies à chaînes de l’apocalypse. La batterie, quant à elle, sonne comme les marteaux des enfers tout en étant exemplaire côté précision et en conservant un caractère organique. La section rythmique est encore salie par une basse pesante et beurrée de distorsion. Le vocal vient enfin compléter la recette avec son glaçage de mort, de blasphème et de de pestilence. Malgré toute cette saleté, la puissance et la clarté ne sont jamais perdues de vue. Le travail de Noah Buchanan derrière la console est en somme exemplaire. La cohérence avec l’esprit de la vieille école qu’on retrouve dans le son se poursuit jusque dans la présentation visuelle dépeignant une scène sacrificielle satanique violente et malsaine comme à la belle époque du Old School Death Metal de la fin des années 1980.

En conclusion, Nunslaughter réussit, avec son nouvel opus, à livrer une œuvre puissante qui plaira à leurs fanatiques sur tous les tableaux sans faire aucun compromis quant à leur intégrité artistique. Red is the Color of Ripping Death est effectivement l’œuvre d’une bête authentique, brutale, affamée et sans pitié. Le long-jeu constitue donc un achat obligatoire pour tous les aficionados de Death Metal noirci dans sa forme la plus sale et la plus primitive tout en ayant la puissance moderne pour constituer un excellent point de départ pour les nouveaux venus qui voudraient découvrir Nunslaughter. À consommer dans l’extase du péché, sans modération.