Que vous soyez à l’écoute de mes précédents déboires sur les ondes du Souterrain ou d’Ars Macabra, vous savez que j’adore la musique le plus crasse possible en autant qu’elle soit composée avec passion et un soupçon d’intelligence (pas simplement du tapochage tout croche pour avoir l’air kvlt quand même…). Si ce genre de musique vous intéresse le moindrement, vous avez assurément déjà entendu parler ou écouté du Lamp of Murmuur. Ce one man band américain qui dit venir de Los Angeles a pris d’assaut la scène Raw black en 2019 et en 2020 avec une série de démos sortis en quantité très limitée ayant créé une cohue et un intérêt hors du commun chez les amateurs. Il a même été une figure de proue pour le maintenant célèbre label Death Kvlt Productions (maintenant Death Prayer Records) et a exposé plusieurs autres artisans par sa renommée. À la fin de l’année 2020, il a sorti son premier effort pleine longueur qui était un pas vers un son plus propre et une progression selon le protagoniste principal. Personnellement, j’ai trouvé l’album totalement dépourvu d’originalité, de personnalité et d’inspiration à comparer à ce qu’il avait sorti auparavant. Lamp s’est tenu plus tranquille l’année suivante en sortant du vieux stock dont un split décevant avec Dai-Ichi contenant des pièces sorties de 2019 (n’avait-il pas dit qu’il progressait avec sa sonorité plus propre sur Heir of Ecliptical Romanticism?). Toutefois, il a terminé l’année avec son deuxième album, Submission and Slavery qui est venu renverser la vapeur avec un aspect plus expérimental que j’avais adoré au plus haut point. Je m’étais donc dit : « Enfin, il prend une nouvelle voie, mais cette fois, c’est un bon filon. » Je me demandais donc comme l’histoire allait se poursuivre. Par un beau matin du présent hiver, en surfant dans mes courriels, j’en voir un d’une agence de relations publiques qui s’intitule «  Lamp of Murmuur : new promo material from Not Kvlt  ». Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le domaine des médias, normalement nous recevons des copies promotionnelles en avance avec un embargo, mais la majorité du temps, ce sont de grosses sorties de groupes ou de maisons de disque connues, pas du Black underground. C’est à ce moment que je me suis dit : « Ah sibole… pas vrai… ».

Une écoute teintée de mélancolie

C’est donc en gardant l’esprit ouvert et tout mon objectivité que j’ai écouté la nouvelle offrande de Lamp of Murmuur. Pour être bien honnête, j’ai dû l’écouter une vingtaine de fois afin de bien me familiariser avec l’oeuvre et je me suis également dosé l’ensemble de sa discographie même si je la connaissais déjà par coeur. Le premier constat qui me vint à l’esprit est que la formation a perdu toute son authenticité et sa personnalité. Dans un passé rapproché, l’américain était reconnu pour la finesse de ses riffs ainsi que leur côté unique. Avec Saturnian Bloodstorm, je n’ai entendu que des mélodies génériques qui ne sortent pas nécessairement du lot. Chaque chanson n’a pas un esprit distinctif et se mélange au produit fini un peu comme quand vous vous faites un smoothie le matin. J’appréciais également tout ce qu’il pouvait faire avec la batterie qui non seulement dictait le rythme des chansons, mais avait une manière singulière d’être exploitée. Certes, elle est rapide, mais je pourrais vous nommer 100 personnes qui jouent de cette manière. Finalement, ce qui m’a toujours plu chez M. était sa voix puissante, criarde et torturée. Malheureusement, ce joyau s’est transformé en de simples grognements et n’a toujours pas refait surface dans cet opus, ce qui crée une monotonie dont on a vite envie de se débarrasser.

M’a t’en faire un hommage moé…

Dans un autre ordre d’idées, je ne vous cacherai pas que j’ai scruté les internets pendant mon analyse de Saturnian Bloodstorm et j’ai cru voir plusieurs illuminés qui crient au génie qui a voulu faire un hommage au groupes qui ont marqué la scène Black, notamment Immortal. Je vous dirais même que la pochette ainsi que certains morceaux me font penser à du vieux Dissection ou du Satyricon. Personnellement, si je veux écouter du Immortal, du Darkthrone ou du Mayhem je vais aller en écouter et je ne me briserai pas les tympans avec quelqu’un qui leur fait un hommage ou essaie de les imiter. Il me semble que la base d’être un artiste est de créer sa propre ambiance et d’évoluer en essayant d’être le plus original possible… Je ne rejoins donc vraiment pas cette vision, qu’on se le tienne pour dit.

En résumé, avec Saturnian Bloodstorm, Lamp of Murmuur vient encore une fois de faire 10 pas en arrière après en avoir fait un de géant avec Submission and Slavery. Il a beau dire avoir travaillé comme un forcené et que cette galette est un aboutissement professionnel, j’en ai rien à calisser bien honnêtement. Lorsqu’il aura retrouvé ses esprits et retournera à la table à dessin pour revenir avec des compositions dignes de ce qu’il a su construire dans ses belles années (sonorité propre ou non), mon regard se détournera à nouveau. Par contre, pour l’instant, il ne me reste pas assez de temps à vivre pour en perdre.