Même si nous étions en plein milieu de semaine, le metal s’est invité encore une fois aux portes de notre métropole. Le MTelus accueillait un spectacle d’envergure avec des groupes qui auraient pu, chacun d’entre eux, être une tête d’affiche. Alors que les chaleurs automnales fracassaient des records, la soirée d’hier, avec une programmation diversifiée, était un moment idéal pour clôturer les températures agréables.

Khemmis

18h35, j’arrive au MTelus sur les premières notes de la soirée. Pendant que j’attends plusieurs minutes dans le monte-escaliers (un entretien de la machine est plus qu’essentiel), le quatuor américain Khemmis divertit le public qui est déjà dense et prêt à se défouler. De loin, j’avais l’impression d’entendre un Trivium plus lourd et plus lent. Or, malgré la ressemblance au niveau du chant, mon écoute post mortem du groupe me dévoile une structure musicale beaucoup plus originale. Le doom se mariant avec le death et le black metal aurait dû avoir plus de temps de scène pour laisser le temps aux spectateurs de rentrer dans cet univers intéressant. Quoiqu’il en soit, le groupe a été efficace pour démarrer cette soirée quand même chargée.

Whitechapel

Ha, Whitechapel, amour de jeunesse qui me déçoit un peu à chaque fois que je les vois. Alors que je suis tombé en amour à cause d’un deathcore agressif et d’un guttural remarquable de la part du chanteur Phil Bozeman, l’évolution du groupe me laisse sur mon appétit. Même si je respecte tout le projet concernant l’album The Valley (2019), c’est à la fois un changement radical que j’aurais aimé ne pas voir comme une continuité dans leur dernier album Kin (2021).

Cette mise en contexte est importante pour comprendre mon compte-rendu de la prestation. Le choix des chansons jouées était clairement pour mettre de l’avant leur nouvel opus en occupant 5 pistes sur les 7 proposés. Même si This is Exile a résonné pour satisfaire les vieux fans, je ne me suis pas senti assez représenté. De plus, les deux premières chansons, I Will Find You et Anticure, avaient des lacunes concernant les voix gutturales de Bozeman. Heureusement, les problèmes ont été réglées, caractérisant un manque d’échauffement vocal avant la prestation. Reste à voir si dans un format «tête d’affiche», les Texans arrivent à être plus diversifiés dans leur catalogue.

Between The Buried and Me (BTBAM)

Je ne suis pas familier avec BTBAM. En fait, ma seule relation avec le groupe est qu’une de leur chanson s’était faufiler dans une liste de lecture que l’édition 2012 du HEAVY MTL avait fait sur iTunes. Je n’ai jamais été attiré par la musique qu’ils proposaient, en raison de leur côté progressif. Par contre, les fans du groupe se faisaient entendre, en scandant les initiales de la formation.

Comme la plupart des groupes progressifs, j’ai aimé le groupe sur scène, comparativement aux enregistrements en studio. Voir des musiciens joués une harmonie est encore plus pertinent que de l’entendre. Tommy Rogers au chant et au clavier apporte autant une férocité dans son growl unique que de la douceur dans ses chants claires mélodieux. Cet univers se transporte aussi grâce à les prouesses de Paul Waggoner à la guitare qui nous berce ou nous fais hocher la tête intensément.

Trivium

Si on pouvait associer le type de concert que Trivium donne comme on peut associer un film à un genre, ce serait une structure classique, efficace et divertissante. Quoi de mieux comme introduction que le classique Run To The Hills d’Iron Maiden sur un rideau blanc? La foule est prête en chantant avec énergie le refrain que nous connaissons tous.

À la tombée du rideau, un décor japonais était à l’honneur avec un affiche avec des dragons et des fleurs. En arrière des percussions, des grosses cymbales et des têtes de dragon aux yeux lumineux sur le côté. 5 micros était sur scène pour que le chanteur Matt Heafy puisse changer de position allègrement. L’expérience et la confiance qu’il avait ont permis qu’il soit le leader complet de la soirée. En plus du traditionnel «Salut Montréal, comment ça va?«, il était capable de complimenter le public et donner des ordres, notamment avec la drôle expression «Bougez fucking vous«. Soucieux de ses fans, il a même interrompu une chanson pour s’assurer si une personne tombée était correcte et il tenait à être à jour de la situation.

La formation américaine a été généreuse dans un temps idéal d’une heure 30. Elle a su nous animer en créant un concours avec la ville de Toronto comme étant la meilleure foule de la tournée. Du bodysurfing et des lancers de vêtements ont convaincu les musiciens aisément. Des titres comme The Sin and The Sentence,Like Light to the Flies, The Heart From Your Hate et In Waves ont été joués.

Quatre groupes pour une soirée aussi intense, c’est difficile pour un mercredi mais tout le monde est reparti conquis, flottant sur le dos de leur dragon, direction la maison.

Photos : Joé Calvé