C’est avec un tout nouveau label que la formation finlandaise Amorphis nous revient. Atomic Fire vient tout juste d’annoncer son existence et on remarque que des formations comme Meshuggah, Helloween et Amorphis se retrouvent avec cette nouvelle entité. C’est comme si le label avait passé la gratte chez Nuclear Blast, en allant chercher des joueurs plutôt majeurs.

Nouveau label, c’est ce qui peut nous faire peur. Surtout les plus âgés des amateurs du groupe. La dernière fois qu’Amorphis nous a fait part d’un scénario semblable, le résultat a été l’album Far From the Sun, qui était sorti chez la multinationale EMI.

Ce n’est pas que cet album se voulait mauvais, c’est plutôt qu’il se voulait plus mollasson que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Nous passions d’Am Universum, un album assez sombre avec quelques scintillements à Far From the Sun, qui s’essayait vers un hard rock plus accessible.

Heureusement, ce changement de compagnie de disque n’est aucunement dans la même lignée que la fois précédente et nous retrouvons le Amorphis de Queen of Time de 2018. Suite logique de cette production, Halo nous permet de continuer dans le même type de chemin.

Northwards est la chanson qui nous permet de débuter le périple sur ce nouvel album. Aucunement déstabilisante, cette chanson nous confirme qu’Amorphis continue dans le même sillon. Ensuite, c’est On the Dark Waters, qui se veut le premier gros coup fumant de l’album, celui qui nous offre une cohésion certaine chez tout le groupe, en proposant une ligne unifiante et un refrain savoureux en plus d’avoir une portion musicale plutôt moyen-orientale, juste avant sa portion finale.       

Les premiers élans que nous retrouvons sur Windmane se veulent progressifs avec le clavier ambiant qui se perd dans la guitare. Ensuite, fusion du tout pour laisser entrer Tomi Joutsen en mode rocailleux. Pièce pimpante, elle est entrecoupée par quelques fragments plus puissants pour bien retomber sur des passages vaporeux.

Côté progression, nous retrouvons aussi When the Gods Came qui, avec ses claviers antiques juste avant le refrain, nous remettent le nez dans les années ’70. Les cadences galopantes nous donnent l’impression de gambader comme de petits farfadets à la recherche de la marmite d’or.

Le côté unifiant de Seven Roads Come Together, avec ses orchestrations qui pétillent, vient en dualité avec la voix plus grondeuse. Par la suite, c’est l’amoncellement des harmonisations de Francesco Ferrini de Fleshgod Apocalypse qui épatent, étant donné qu’elles se combinent merveilleusement bien avec le grain éclairci de Joutsen. Une fois de plus, Amorphis a utilisé les services de cet habile orchestrateur pour qu’il puisse ajouter du mortier entre les briques.          

A New Land est probablement la chanson phare de Halo. C’est celle qui ressort du lot tant par sa puissance au niveau vocal et les lignes de guitares qui saluent le passé du groupe. Plutôt épique, il vaut la peine de s’enligner avec des écouteurs pour se laisse transpercer les oreilles par la basse, les grosses caisses et toutes les subtilités offertes par le clavier, en plus de l’ajout à peine perceptible d’une voix féminine.

Parlant de voix féminine, vous risquez d’être fortement impressionné par My Name Is Night qui propose un véritable duo entre Tomi Joutsen et (non, ce n’est pas Anneke van Giersbergen) Petronella Nettermalm de la formation rock Paatos. L’approche n’est pas uniquement celle d’un chant d’accompagnement, c’est plutôt une fusion vocale qui nous est proposée sur cette chanson qui ferme l’album.   

Entière satisfaction face à cet album d’Amorphis qui vient s’imbriquer naturellement dans leur progression entamée depuis l’ajout de Joutsen aux voix car, si on a tendance à l’oublier, il est maintenant avec le groupe depuis 2004.

J’ai parlé abondamment de la présence de Joutsen sur cet album et je dois avouer qu’il demeure un élément majeur face à mon adhésion à Amorphis, étant donné sa versatilité. Par contre, je serais fou de mettre de côté l’immense contribution des guitaristes Esa Holopainen et Tomi Koivusaari (comme sur The Wolf), la basse roulante de Oli-Pekka Laine, les percussions précises de Jan Rechberger et surtout les claviers excessivement nuancés de Santeri Kallio.

Sur Halo, même si le groupe s’aventure vers de nombreux layons, il maintient le cap tout droit… vers le Nord!

Disponible le 11 février sur Atomic Fire Records.