Pour compléter les célébrations qui entourent les 30 ans de l’album noir de Metallica, le groupe a décidé de lancer une compilation qui réunit un peu plus de 53 artistes qui reprennent des chansons de cet album classique qui a su forger le metal moderne. Oui, vous avez bien lu: plus de 53 artistes qui proviennent de tous les domaines musicaux. La présence de certains artistes se veut surprenante, tandis que pour d’autres, nous sentons que c’est tout à fait normal de les voir sur cet album.

De manière générale, ce genre de compilation (qui veut rendre hommage à une formation) est lancée par un petit label et regroupe des artistes moins connus. Le but de cet exercice est de solidifier la réputation de la compagnie de disque tout en offrant une belle vitrine à des artistes voulant se faire connaitre.

Un label comme Black Sun Records a utilisé cette technique en lançant des compilations rendant hommage à Slayer, Sepultura et justement, Metallica

Sinon, il y a le modèle imposé par Black Sabbath avec Nativity in Black. Cet album hommage proposait une brochette d’artistes pertinents, des groupes qui reprenaient des classiques du groupe en leur donnant une personnalité qui leur est propre.

Même Metallica l’a déjà fait, à leur façon, avec Garage Days et Garage Inc.    

Je suis dans le doute avec The Metallica Blacklist qui ne répond à aucune des caractéristiques énumérées plus haut. Donc, qui peut s’intéresser à cette compilation qui réunit des noms comme Miley Cyrus, Cage the Elephant, St-Vincent, Juanes, Diet Cig, Chris Stapleton, Portugal the Man et Mac DeMarco? Il est certain que l’amateur de base du groupe, celui qui écoute encore régulièrement les 4 premiers albums, n’en a rien à cirer car il ignore l’existence même de la plupart des artistes qui se retrouvent sur The Metallica Blacklist.

Donc, qui pourra en profiter? Difficile à dire. Les curieux? Oui, mais après une écoute… 

C’est comme si le groupe n’avait aucunement considéré son public original et avait décidé d’offrir une collection excessivement variée au niveau du menu, mais ne laissant aucune véritable saveur pour celui qui a carburé à la sonorité des albums comme Kill ‘Em All, Ride the Lightning, Master of Puppets, …And Justice for All et, comme de raison, l’album noir.

Aucun amateur véritable du groupe ne trouvera un intérêt à acheter cet album en entier et encore moins, à l’écouter. Même le fan de passage qui ne connaît que l’album noir se sentira perdu à l’écoute de cette collection qui ne possède aucun moment véritablement excitant.

J’ai l’impression que le groupe s’est payé un trip personnel en se bâtissant une liste personnelle d’artistes sans tenter d’avoir une cohésion complète. Mais avec 53 versions et chaque chanson répétée ad nauseam, c’est énorme. L’absence de ligne directrice rend l’exercice déstabilisant et déroutant car nous passons du country à la musique électronique, en passant par le rock, le folk et la ballade sirupeuse.  

Et le metal, là-dedans? Hum…

Pour un fan de metal, il est impossible d’obtenir un véritable plaisir à entendre des versions retravaillées des classiques de cet album par des artistes qui déconstruisent l’œuvre à leur façon pour les proposer dans leur propre genre.

Qui peut retirer un plaisir à entendre, écouter et endurer 7 versions différentes de Sad But True? Ceci demeure une expérience sonore excessivement longue et ultimement pénible.

J’ai bien essayé de me taper cette collection à 2 reprises mais l’exercice se voulait douloureux. Je me considère comme un mélomane, avant tout, mais d’avoir une variété aussi large, je crois que l’exercice demeure futile.

Cependant, les performances plus croustillantes comme celle de Volbeat, Ghost, Corey Taylor, Dave Gahan de depeche Mode et celle de The Hu valent le détour pour votre oreille hard rockienne. Même un groupe comme My Morning Jacket, que je considère comme l’une de mes formations préférées, manque son coup sur cette compilation endormante et pompeuse.

Disponible uniquement en mode téléchargement, il est préférable d’en faire l’écouter sur une plateforme d’écoute avant de sélectionner un achat. 

Aussi utile qu’une boîte de 53 crayons Prismacolor pour un daltonien, cette compilation est un immense festival du bâillement. 

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