J’ai toujours apprécié At The Gates et le son qui lui est typique. J’avais d’ailleurs fortement apprécié To Drink From the Night Itself, paru en 2018, et je me souviens m’être dit à l’époque que le groupe avait encore quelque chose d’intéressant à offrir aux fans. Toujours dans cet état d’esprit, j’étais impatient d’entendre The Nightmare of Being, le septième album studio de la formation suédoise.

Pour être honnête, ça m’aura pris une vingtaine d’écoute pour apprécier l’album et je peux affirmer qu’il s’agit d’un grower, un album qui se dévoile tranquillement. Mais qui prend réellement le temps d’écouter vingt fois un album qui n’a pas accroché à la première écoute avec toute l’offre qu’il y a en 2021 si ce n’est que pour en faire une critique? J’ai donc attendu d’avoir un peu de recul avant de rédiger ces lignes.

J’aime At The Gates qui défonce des tympans avec une batterie rythmée, des guitares qui martèlent la cadence et poussent des vers d’oreille de mélodies tandis que le chant de Lindberg peut surfer sur l’ensemble sonore. Mais cet album est loin de cette recette à l’exception du son des guitares qui est toujours aussi caractéristique. On découvre plutôt une nouvelle facette plus progressive de la formation, notamment dans le titre The Fall Into Time et je ne peux m’empêcher ici de faire une comparaison avec l’évolution d’Opeth. Malheureusement le quintet de Gothenburg n’atteint pas la cible, là où Opeth avait réussi à se renouveler, en plus d’aller chercher de nouveaux fans.

Pour tout avouer, à la première écoute, j’ai détesté ce que j’ai entendu. Il y a un côté expérimental maladroitement exécuté qui n’en finit plus de finir et c’est déroutant. On aimerait pouvoir se raccrocher aux passages mélodiques catchy, signature sonore du groupe, mais ces moments sont trop peu nombreux et ne durent jamais longtemps. Même le chant, qui est pour plusieurs le référent musical d’un groupe, ne sonne pas vraiment comme à l’habitude. On reconnait le grain de Tomas Lindberg mais il manque un peu petit quelque chose, notamment dans les passages plus clean.

On dirait que le groupe a misé sur les nuances de dynamique et sans être mauvais, c’est souvent la même recette pour chaque chanson qui finit par lasser l’oreille. Certains passages se veulent plus ambiants et le groupe a eu recours à une section d’instruments d’orchestre tels : violons, violoncelle, contrebasse, flûte, basson, clarinette, tuba, etc. C’est un choix qui se défend puisque cela ajoute assurément des moments forts. Mais que dire de Garden of Cyrus où l’excentricité du saxophone, au lieu de donner une impression de félicité grandiloquente, sonne plutôt comme un clin d’œil aux trames sonores cheap de film de fesses crades. La même ligne mélodique jouée par un violoncelle aurait été beaucoup plus pertinente. Néanmoins, outre ces points faibles qui m’ont déçu aux premiers abords et auxquels on finit par s’habituer, force est d’admettre que chaque chanson a son moment fort qui fait hocher de la tête.

En définitive, The Nightmare of Being trouvera son chemin dans le cœur des fans d’At The Gates qui sauront aborder l’écoute avec une certaine ouverture d’esprit. Mais ce n’est malheureusement pas un album qui passera à l’histoire et pour cette raison, mon cœur de fan souhaite ardemment que cette nouvelle offrande ne soit qu’une éphémère parenthèse dans le parcours musical du groupe.