Il est toujours fascinant de voir autant de métalleux dans un concert de calibre non-métallique. Effectivement, le contingent métalloïde se mélange à merveille avec la foule darksynth/électro, celle plus gothique en plus de quelques Français nouvellement arrivés au pays de la poutine. Des t-shirts sombres de Behemoth, Lamb of God, Carpathian Forest, At the Gates et Suffocation venaient proposer un contraste lugubre au look cycliste plutôt étincelant de quelques participants.

C’est surtout que le dernier album de Carpenter Brut, Leather Terror, a réussi à attirer un plus grand nombre d’amateurs des arts métalliques. Avec la présence de Johannes « Jonka » Andersson de Tribulation sur la chanson-titre, Carpenter Brut a réussi à proposer un titre encore plus sombre, ce qui a semblé attirer un plus grand nombre d’amateurs des arts noircis qu’à l’habitude.

En entrant au MTelus hier soir, SIERRA est déjà sur scène. Généralement, lors des concerts de darksynth montréalais, nous avions droit à Le Matos mais changement majeur avec cette compatriote française, seule sur scène. Avec ses rythmes réguliers et lourds, elle a proposé une prestation qui me rappelait l’ambiance du Club Saphire, aux environs de 2005. Elle manipule son laptop de la gauche et tape sur ses pads électroniques de la droite. Quelques paroles de sa voix acidulée émanent de sa bouche, la crinière suit la cadence de ses rythmes gothico-synthwave.

Les participants semblent apprécier, je vois même des gens lever les deux mains dans les airs pour laisser paraitre ce signe de cœur, confirmant l’adhérence à la musique de cette artiste. Les habitudes des amateurs enjoués par une découverte du genre font qu’ils se dirigent immédiatement vers la table de merch pour effectuer un achat enjoué face à la nouveauté de cette découverte. Par contre, les items promotionnels pour SIERRA étaient inexistants.

Agréablement touchée par l’accueil de la foule, elle a confirmé avoir eu un vilain plaisir face au fait de jouer à Montréal, pour une toute première fois. N’étant visiblement pas la seule à avoir pris son pied, les sourires se voulaient nombreux lors de l’ouverture des lumières.

La Petite Morale

Le M Telus offre toujours de belles surprises brassicoles. Hier soir, pour l’arrêt de Carpenter Brut, nous avions trois produits de Dieu du Ciel qui étaient au menu. Une toute nouvelle du nom de Petite Morale prenait place aux côtés de la Rosée d’Hibiscus. Cette IPA se veut la sœur cadette de la Moralité et de l’Immoralité, quoique son taux d’alcool se veuille plus léger avec un doux 5%.

Canette en main, je retrouve mon épouse et nous fredonnons les paroles des chansons très 80s’ qui meublent nos oreilles entre les deux prestations. Whitesnake, Poison et Journey se font entendre et les gens autour de nous semblent connaitre parfaitement les paroles de « Separate Ways », pièce ayant eu un certain regain de popularité avec la 4e saison de Stranger Things.

Vers 21h10, le trio qu’est la version live de Carpenter Brut s’est retrouvée sur scène sur l’introduction Opening Title qui s’est versée dans l’impétueuse Straight Outta Hell. Le logo du groupe se voulait illuminé et placé devant la scène, question de cacher les claviers et autres bidules électroniques. À notre gauche, le guitariste et à la droite de la scène, le batteur avec son kit légèrement incliné pour que l’on puisse voir et sentir chaque coup.

Si les dernières visites de Carpenter Brut se voulaient accompagnées par des projections de films d’horreur bon marché remplis de nudité décrivant les aventures du concept de Leather Teeth, les concerts pour cette tournée ne suivent pas la même facture visuelle. Effectivement, pour cette portion de la trilogie, le groupe mise beaucoup plus sur un éclairage qui balaie la salle, avec des impulsions lumineuses qui suivent les cadences des pièces en plus d’avoir des effets stroboscopiques.

Le début se voulait métallique et avec The Widow Maker, nous avons eu un léger répit, étant donné la cadence moins métallique. Nous avons eu besoin de Roller Mobster et de Meet Matt Stryker pour pouvoir retomber dans une sonorité plus synthwave, laissant l’impact métallique un peu plus loin, nous ramenant vers la racine du son «Brut».

Synthétiseur sombre

Il est amusant de voir Frank « Carpenter Brut » Hueso derrière ses claviers. Il bouge avec de petites secousses, ce qui lui donne un air de BobbleHead. Lunettes de soleil durant toute la performance, il a une vision de chat, étant donné qu’un participant devant la scène lui a lancé un item en tissu et ce dernier l’a attrapé au vol comme si le tout venait d’un script.

À la guitare, Adrien Grousset propose une prestation digne d’un guitar hero et Florent Marcadet tape sur les peaux avec précision. L’impact des deux membres d’Hacride amène puissance et crédibilité à Carpenter Brut, autant sur les titres plus metal comme Leather Terror ou Imaginary Fire que les titres plus synthwave comme l’incroyable Inferno Galore, Turbo Killer et Le Perv.

Pour sortir de scène, Carpenter Brut nous a proposé l’habituelle reprise de Maniac de Michael Sembello, tirée de la trame sonore de Flashdance. Cet assaut final aura mis Montréal par terre avec ce concert précis mais beaucoup plus sobre que ce à quoi je m’attendais.

N’étant pas un fanatique du dernier album, je dois avouer que je me serais passé de quelques titres de Leather Terror pour ajouter la chanson titre de Leather Teeth, Beware the Beast et Wake Up the President.  

Sinon, une soirée magistrale avec mon épouse. Je ne me souvenais même plus de la dernière fois où nous sommes allés voir un concert musical, juste nous deux, sans enfant.

Saprée pandémie…

 

Photos : Joé Calvé (31 août 2022 au MTelus de Montréal)