De mémoire d’homme, je ne sais pas à quand remonte ma dernière chronique au sujet d’une formation qui nous vient de la Colombie. C’est certain que pour le commun des mortels, ce coin de l’Amérique n’est pas une grande pépinière face aux groupes métalloïdes et ceci demeure un fait. Nous voyons la Colombie comme une source ensoleillée, une nouvelle destination vacances mais non pas une source de brutalité musicale. Comme de raison, tu connais peut-être la Colombie en relation avec la série Narcos ou face à ta provision de poudre magique, ce qui te permet de demeurer éveillé, lors de soirées festives.

Rendu là, tout cela te regarde. De mon côté, je sais que l’Amérique du Sud carbure amplement au metal, beaucoup. Surtout au power metal, au black metal et au death metal le plus brutal possible. Le climat politique et la vie en général mènent probablement les musiciens de là-bas à propulser le tout dans leur musique. Que ce soit l’évasion par le power metal, la méchanceté qui coule dans le black metal ou l’oppression dans le death metal, j’ai le sentiment que tout le metal produit en Amérique du Sud est vrai, pur et authentique.

Avec cette formation qu’est Cercenatory, nous y allons avec un death metal excessivement brutal. En voyant que le groupe était signé avec Comatose Music, j’ai tout de suite compris que j’allais avoir un death metal punitif et que la performance vocale risquait d’être gutturale et porcine. Deuxième album pour cette formation, je me suis enligné le tout en matinée et effectivement, c’était selon mes attentes.

Introduction d’usage avec chants de type grégorien et une voix abyssale, le groupe tapoche dès la chanson Inquisitor Vortex Soul Torturing. C’est mécanique, débridé et suffocant. La guitare se veut cinglante, les percussions précises et la voix s’entrechoque entre le niveau guttural et porcin. Les musiciens accélèrent et diminuent l’intensité sur cette chanson. Je sais immédiatement que ce sera meurtrier comme écoute.

Lors du dernier tiers de la pièce, la transition nous amène une excellente descente très punitive. Je prends mon pied, j’apprécie cette brutalité crasseuse et j’ai soif de bière même, s’il est 6h43 du matin…

Le titre le plus long de l’album nous offre la chanson la plus courte de cet album du nom de GoreSphere. Cette offrande meurtrie qu’est Through the Deep Thoughts of Tartarean Sadistic Cannibalism me ramène au nouvel album de Suffocation par son opacité. Par contre, au niveau de l’attaque vocale, on se retrouve plus dans la même vase que Stabbing, groupe qui s’est retrouvé avec Suffocation lors de leur dernière tournée. Par la suite, on demeure sur la même ligne conductrice de souffrance métallique.

C’est avec Crucified, Gutted, Desecrated que la rapidité devient encore plus malsaine. Avec une impulsion plus pétante aux percussions, la voix de Fernando Álvarez doit suivre l’intensité de la pétarade de la basse et des percussions. Le crunch de la guitare est encore plus audible sur la pièce Macabre Trepanation Orgy in Hell’s Dungeons, sans se perdre dans le cri porcin totalement débridé sur cette pièce oléagineuse.   

Jusqu’à la toute fin, Cercenatory ne te laisse pas un pouce pour te laisser sortir de leur « sphère de gore » car cet album propose une opacité certaine. Même si la fin de la pièce Phalaris Bull Seraphic Extermination & Infinite Carnage se veut plus ecclésiastique, il faut apprécier la tapoche continuelle dans ce genre qu’est le death metal brutal.

Dans le style, je confirme que je peux vraiment apprécier ce genre de death metal très perfide, vicieux et sans pitié car il comporte de bonnes transitions à l’intérieur des pièces sanguinolentes qui sont proposées. Un peu comme NecroticGoreBeast, je crois qu’il faut avoir de véritables techniciens du groove pour pouvoir t’attirer dans l’obscurcissement de leur musique.

Et ça, c’est un tour de force car à 49 ans, j’apprécie encore ce type de metal excessivement cinglant et pour que ce soit ainsi, il faut que le groupe puisse avoir un petit oomph accrocheur dans leurs symphonies maladives!

Disponible le 16 février sur Comatose Music.

www.facebook.com/CercenatoryCol