En recevant le communiqué de presse qui m’invitait à entendre la chanson Hyperline Overflow de Dissimulator, il y avait une photo de la formation qui accompagnait ledit communiqué. Ce trio se voulait bien assis dans ce qui semble être un rebord rocailleux que l’on retrouve un peu partout, là où il y a des roches. En faisant le focus vers le centre de l’image, j’ai remarqué que l’un des musiciens tenait sur son genou une canette de… IPA du Nord-Est de Boréale! Je me suis donc dit que soit ce groupe venait d’ici, soit que cette bière se voulait exportée de l’autre côté de la frontière ou bien que le groupe ait décidé d’enregistrer au Québec en plus de faire sa session de photos, ici.  

Cette situation insignifiante confirme mon amour pour les produits brassicoles et houblonnés. Sur ce, je plaide coupable. En portant mon regard ailleurs, j’ai remarqué que ce genou (ainsi que cette canette) appartenait à Philippe « Tyrant » Boucher. Musicien hors pair, je venais de catcher que ce groupe se voulait un autre de ses projets et que je me devais donc de m’y attarder.

En faisant la lecture du document qui présentait le groupe, je me suis rendu compte qu’Antoine Daigneault et Claude Leduc prenaient part aussi à Dissimulator. Pour le métalleux et la métalleuse communs du Québec, cette série de noms ne vous dit probablement pas grand-chose. Ce sont fort probablement d’illustres inconnus, ainsi que leurs formations avec lesquelles ils sévissent.

Je me suis rendu compte qu’en dehors de Cryptopsy, Kataklysm, Voïvod, Gorguts et Despised Icon, le fanatique québécois de metal n’est pas vraiment au courant qu’en dehors des cinq formations susmentionnées, il y a d’autres acteurs de l’ombre qui rayonnent amplement dans la sphère métallique mondiale.

J’ai eu ce constat quand j’ai fait un Profil Bas sur Worm alors que je soulignais l’impact du guitariste et compositeur Philippe Tougas sur le dernier album du groupe. Il avait repartagé mon article en confirmant que les médias métalliques d’ici ne couvraient que très rarement les groupes locaux moins connus mais qui rayonnaient tout de même, à l’international.

Comme de raison, il y a le manque de curiosité chez certaines personnes mais il y a aussi la part des médias métalliques du web qui carburent au clicks. Entre un article sur Dissimulator ou un sur le fait que le chanteur de Five Finger Death Punch s’est fait faire un nouveau tatouage pour célébrer sa sobriété, le choix serait bien évident pour de nombreuses publications qui doivent amener la masse vers son site. Tandis que d’autres vont beaucoup plus y aller avec les formations qui les passionnent.

Et ce n’est pas par élitisme que je vous écris ceci, aucunement. Je comprends la responsabilité d’un média métallique et surtout, de son orientation primaire.  

Pour en revenir à Dissimulator, il faut comprendre que ce groupe est le dernier né provenant des musiciens qui forment Chthe’ilist en plus de participer à Atramentus, Beyond Creation, Incandescence et une couple de remplacements avec d’autres groupes, ici et là. Présent depuis 2021, Dissimulator a probablement été conçu lors de la période pandémique, question de combler les besoins thrash métalliques des musiciens qui s’adonnent surtout vers les sous-couches death métalliques ou assombries du metal, de manière générale.

Avec ce projet, le trio donne amplement vers une sonorité thrash metal technique qui peut rappeler Atheist mais qui possède aussi un côté enivrant comme Municipal Waste, surtout sur la pièce qui ouvre l’album, Neural Hack. Sérieusement, j’avais l’impression que Dissimulator était un groupe de style party machine thrash métallique mais lorsque le vocal death métallique embarque, je me suis dit que les surprises métallisées risquaient d’être nombreuses sur cet album. Les transitions ramènent un côté très thrash et les percussions sont punitives sur cette pièce.  

C’est rapide, précis et mouvementé sur Warped. Le thrash et le death fusionnent parfaitement, les noms d’Obliveon et de Sadus te poppent dans la tête car c’est de la technicité en accord parfait avec l’intensité métallique qui sortent de mes écouteurs. La partie centrale plus apaisante avec sa basse vrombissante propose une ambiance plutôt Voïvodesque pour ensuite, repartir à la course avec des BPM aux normes… hors-normes!  

À la troisième chanson, je suis déjà essoufflé à force de faire du air-drum et surtout, du air-bass-drums. J’ai les mollets en feu et ce n’est pas parce que je suis en train de prendre une marche. Je suis sur mon tabouret de cuisine et mes mouvements font vibrer le comptoir devant moi. Avec Outer Phase, les musiciens sont plus saccadés. Avec des teintes de Voïvod saucées dans la discordance de Gorguts de l’époque Obscura, cette chanson est pour te déstabiliser un brin. Après une fiesta de thrash technique, quoi de mieux qu’une série de notes déconstruites avec un monologue tiré probablement d’un film de science-fiction pour te demander si tu n’es pas entrain d’écouter un split et que tu es probablement rendu à l’autre groupe.

L’introduction de la pièce Automoil & Robotoil me remettait en tête Corporal Jigsore Quandary de Carcass jusqu’à ce qu’une guitare beaucoup plus thrash à la M.O.D. vienne casser le moule pour ensuite, tomber avec des sons… cassés! Pièce saccadée, j’avais l’impression d’entendre un lecteur CD portatif (circa 1998) en train de sauter pendant une chanson! Pour créer ce genre d’effet auditif, il faut comprendre que la technicité des musiciens se veut absolument surprenante et bien ciselée!

La chanson Cybermorphism / Mainframe débute comme You Can’t Bring me Down de Suicidal Tendencies. Une partie plus introspective est offerte juste avant que ça pète pour la seconde portion de cette chanson (j’imagine celle qui s’intitule Mainframe) qui ramène Dissimulator en mode tech death thrash. Ce sera ainsi jusqu’à la toute fin de cet album, à l’exception de la chanson-titre qui ferme l’album de manière un peu plus épique avec une voix claire.  

Comme première carte de visite, c’est fichtrement réussi et surtout, c’est de chez nous! J’ai fait mon devoir de vous en parler. Maintenant, craquez-vous une IPA du Nord-Est, dès le 26 janvier et faites votre devoir en vous clanchant Lower Form Resistance de Dissimulator!

Disponible le 26 janvier sur 20 Buck Spin Records.

www.facebook.com/dissimulatorofficial/