Je sors de ma zone de confort métallique aujourd’hui pour te parler d’un album plutôt apaisant en cette période où tout le monde semble sur les dents, dans notre somptueux pays. Après deux années excessivement anxiogènes, il est bien de pouvoir se sortir l’esprit face à l’intensité quotidienne. Je me poppe le masque en-dessous du menton, j’inspire amplement et j’en profite pour faire une écoute qui m’amènera ailleurs.

J’aime bien entendre des albums qui m’offrent l’équivalent d’une trame sonore pour un film qui ne serait pas distribué ici, un film étranger, un film qui n’existe pas dans un sens. Avec ce nouvel album, le groupe québécois CHRIST te permet de te slacker l’esprit et ce, royalement.

En se dirigeant vers des ténèbres ambiantes, le groupe ne craint pas d’expérimenter, y allant avec des guitares à peine audibles (ou parfois omniprésentes) qui viennent s’entrechoquer par moments pour créer un effet plus explosif, question d’ajouter une couche sonore post-rock plutôt glauque.

En ouverture, avec MARÉE BASSE / HAUTE, on se laisse bercer par le grésillement qui se veut persistent. Avec quelques percussions subtiles, on entend une guitare au loin, nous laissant l’impression qu’elle donne une cadence lente aux rameurs avant de heurter de plein fouet une vague qui fera tanguer l’embarcation.

La partie centrale de cette longue pièce se veut enivrante, elle est montée de manière à ce que le choc soit inévitable avec les percussions. La cassure se voulait intense, la guitare que nous entendions au loin est maintenant plus à l’avant, donnant une nouvelle facette excessivement intense à la pièce. Par la suite, on retombe dans le tourment, quelques intonations de tambours… ce qui nous ramènera une autre vague en pleine gueule.

Si ABSENCE se veut plus statique avec son bourdonnement incessant, elle vient créer un pont ambiant pour se faire à l’oreille la suivante, FISSION.

Sur une guitare qui rappelle un duel au soleil cuisant, la sueur perle au front du protagoniste, pendant quelques mesures. À l’arrivée des percussions, l’intensité livrée depuis le début par la guitare et les couches ambiantes se veut amplifiée. On assimile ce côté glauque, lourd qui ondulera avec l’arrivée d’une basse ondoyante.

La guitare prend une place prépondérante sur cet album qui se veut plus viandé que le précédent. ABHORRE est beaucoup plus une expérience cérébrale auditive qu’un divertissement musical car ça te rentre dans l’oreille pour te descendre dans le bas du dos, te demandant de t’asseoir dans ton divan, bien moelleux.

Dans ce cas, la version vinyle est excessivement conseillée car en plus, le visuel se veut un accompagnateur indissociable du contenu musical.

Donc, fortement recommandé comme produit de chez nous!