Il y a une dizaine d’années, mes enfants étaient beaucoup plus jeunes et ils carburaient aisément aux films d’animation. Que ce soit de Disney ou de Pixart, le tout était consommé avec un appétit vorace, surtout de la part de ma fille Raphaëlle. Ce n’était pas par négligence de notre part ou pour s’offrir un service de gardiennage interne; elle aimait vraiment les films. Maintenant, elle est plutôt avide de cinéma, ce que l’on appelle le septième art, dans toute sa splendeur. Tellement qu’elle pense même se diriger vers cette discipline face à la suite de ses études car le secondaire se terminera bientôt.

Des films d’animation, j’en ai donc vus une tonne pis une barge. Parfois de façon consciente, parfois de façon inconsciente. Du coin de l’œil, en faisant autre chose, en passant dans le salon alors qu’elle était agglutinée à l’écran, la redondance se voulait présente mais la passion était visible. Qui suis-je pour parler de comportement excessif face à l’art, moi qui écoute de la musique de façon boulimique depuis des années?

Dans toute la panoplie de films qui ont été visionnés à la maison (en DVD ou Blu-ray), je dois avouer que certains m’ont interpellé. Par exemple, le film Ratatouille de Disney. C’est dans ce film que nous retrouvons un cuisinier plutôt maladroit se retrouver aux commandes d’une cuisine d’un restaurant haut-de-gamme grâce aux conseils d’un rat. À un moment donné, un grand critique culinaire arrive dans la salle à manger pour analyser la cuisine du chef, le « prodige » qu’est le jeune Linguini, l’héritier d’Auguste Gusteau!

Pris de panique, le jeune cuisinier (qui se veut aidé par un rat du nom de Rémi) se demande ce qu’il doit servir à ce critique émérite qu’est Anton Ego. Le choix s’arrête sur une… ratatouille?  

Le plat est préparé avec précision, suivant la recette pratiquement ancestrale et lorsque le plat est servi, le critique culinaire est dubitatif. Ce restaurant si prisé offre une simple ratatouille à Anton Ego, sérieusement? Étant sur place et ustensiles en mains, il se met à table et goûte. C’est alors que nous pouvons voir, lors de cette séquence précise, ce qui se passe dans l’esprit du critique de restaurants.

L’onctuosité et les saveurs ramènent Anton Ego directement dans son enfance! Nous le voyons prendre plaisir à manger ce plat en famille, ce qui lui procure un plaisir incommensurable, lui rappelant surtout que c’est bien souvent dans les choses simples que nous pouvons puiser le bonheur grâce à cet effet nostalgique.

Lorsque j’ai écouté ce premier album de Coffin Storm, j’ai vécu le même phénomène que ce critique a vécu. Samedi matin, je me suis dirigé dehors avec mes écouteurs sur mes oreilles pour aller prendre ma marche en pleine fraîcheur printanière. Rendu au coin de l’école primaire, près de chez moi, j’ai vécu ce même moment d’illumination.

Effectivement, la sonorité primitive de Coffin Storm m’a ramené immédiatement en 1984 alors que mon père avait acheté la cassette Metal for Breakfast. Cet album se voulait une compilation de chansons metal, question de faire découvrir le genre aux amateurs, à un prix modique. J’écoutais Metal for Breakfast à répétition sur mon baladeur de marque Citizen, l’équivalent Wish pour l’électronique dans les années ’80. C’est grâce à cette compilation que j’ai découvert Saxon, Accept et Killer Dwarfs.

Mais surtout, Mercyful Fate. Sur Metal for Breakfast, on retrouvait la pièce Black Funeral et je dois l’avouer, je n’aimais pas cette chanson. Elle me foutait la pétoche, mais intensément. Même effet que lorsque j’ai vu Evil Dead; j’avais la chiasse mais je ne pouvais pas m’empêcher de le regarder et pour Black Funeral, je ne pouvais m’empêcher de l’écouter!  

Oui, je me sentais comme Anton Ego en écoutant ce premier album de ce supergroupe qui est composé de Fenriz de Darkthrone à la voix, d’Apollyon d’Aura Noir/Lamented Souls à la guitare et percussions en plus de Bestial Tormentor d’Infernö/Lamented Souls à la guitare. Avec Coffin Storm, j’ai ressenti les mêmes sensations de l’époque. Les mêmes frissons et ce n’est pas que la voix de Fenriz ressemble à celle de King Diamond.

Si j’avais voulu vous parler d’une formation qui colle à 100% au plan établi par Mercyful Fate, j’y serais allé avec Attic. Non, c’est plutôt l’attaque musicale qui demeure similaire, la façon de faire qui reste près de celle de l’époque et la sonorité qui se veut antique. De retomber dans ce type d’ambiance m’a propulsé en 1984, comme si j’avais utilisé la DeLorean du Doc Brown.

Quand je marchais tout en écoutant Over Frozen Moors, je dois avouer que j’étais dans le doute, au début. La voix de Fenriz n’est pas aussi précise que je m’y attendais et ce fait risque d’être un irritant pour plusieurs car sa puissance vocale peut paraitre caricaturale, voire théâtrale pour plusieurs. Nous avons besoin de quelques mesures pour s’y adapter mais c’est sa conviction qui nous atteint plutôt que sa justesse.

C’est cru, musicalement. Tu as l’impression de te tenir dans le cadre de porte du local de répétition du groupe, à Kolbotn en Norvège. Le hi-hat est puissant mais pas irritant comme celui de Lars Ulrich sur 72 Seasons mais ce qui ressort sur tout cet album demeure la guitare. La six cordes est baraquée et imposante, tout au long des 6 chansons de ce premier album et c’est la prédominance du riff qui oriente ton écoute.

Le doom metal est perceptible sur la pièce titre. Fanatique de Candlemass, ce titre viendra t’interpeller, tel Guillaume Lemay-Thivierge devant le bouleau au mot en N. C’est beaucoup plus cadencé sur Open the Gallows. Le rythme te permet de taper du pied tandis que depuis le début de l’album, tu hochais plutôt de la caboche. Coffin Storm replonge dans le doom avec Eighty-Five And Seven Miles tandis que Ceaseless Abandon demeure une chanson beaucoup plus extravagante dans son exécution, pouvant même plaire aux amateurs de Ghost, à l’époque du premier album.

Cette première carte de visite qu’est Arcana Rising se veut plutôt convaincante pour celui ou celle qui apprécie le doom metal et le heavy metal de conviction. C’est produit par des amateurs du genre, des mordus qui affectionnent la période classique des années ’80 et le tout est proposé pour des aficionados du metal qui provient des racines.  

Disponible le 29 mars sur Peaceville Records.

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