Après son remarqué premier opus de pleine longueur publié en 2019, la déjà illustre troupe de Bergen, menée par l’Insaisissable Gaahl (ex-Gorgoroth, God Seed, Trelldom) nous présentait en novembre 2021 un EP en cinq chapitres dont le titre évoque une montagne bourdonnante. Comme toute sortie de fin d’année, celle-ci passa près de ne pas être remarquée par votre humble scribe, mais heureusement, celui-ci bénéficia d’une révélation de dernière minute des dieux d’internet, qui lui permirent de jeter son dévolu sur ladite galette en format virtuel. Voici donc comment se décrit ce collage sonore.

Le premier chapitre de l’histoire que Gaahl nous raconte est une longue introduction atmosphérique intitulée The Seed , qui présente de superbes textures de guitares classiques sur un fond sonore de randonnée en forêt. Le maître de cérémonie fait ensuite son entrée avec des notes inquiétantes de piano surplombées de sa voix feutrée et profonde, provoquant une ambiance cérémoniale occulte envoûtante.

La chanson titre nous emmène ensuite des motifs de guitare qui rappellent à la fois Shining et Enslaved, sur une rythmique très progressive avec un chant propre, toujours doux et hypnotisant. Des claviers psychédéliques viennent brouiller les pistes en fin de parcours, pour se terminer dans une atmosphère onirique cauchemardesque.

The Dwell nous attaque, quant à elle, de plein fouet avec une rythmique beaucoup plus agressive et une approche musicale plus violente, avant de faire place à des motifs plutôt hard rock et même des courts solos de guitare. L’approche progressive y est encore au premier plan. L’auditeur constate donc après quelques pièces qu’on se situe dans la continuité qu’avec GastiR – Ghosts Invited(2019) et que le présent EP semble même en être un complément.

La meilleure partie de l’enregistrement arrive cependant avec Awakening Remains- Before Leaving  et sa structure plus Black Metal, échafaudée sur les blastbeats  et roulements de Spektre surplombés de motifs de guitare planants et de claviers atmosphériques. Les incantations du leader de la bande suscitent frissons et envoûtement. Le tout rappelle encore les derniers albums de Enslaved, ce qui n’est certainement pas étranger au fait que le EP ait été produit, mixé, matricé – de manière impeccable d’ailleurs – par Iver Sandøy, batteur de Enslaved et qu’il y joue aussi les claviers.

Le mini album se termine finalement par The Sleep, une espèce de berceuse ambiante sur laquelle Gaahl récite un texte de sa voix la plus grave. S’en dégage donc une impression de retour à une tranquillité éternelle, sous les incantations d’un shaman d’une ère depuis si longtemps, révolue.

En somme, The Humming Mountain vient renforcer la jeune discographie de la formation norvégienne Gaahls Wyrd d’une autre sortie de grande qualité en s’inscrivant, en droite ligne, avec son fort réussi premier album. Concis tout en étant formidablement progressif et diversifié, le mini-album se présente donc comme un complément bienvenu, une suite logique que les fanatiques du quatuor de Bergen ne voudront pas laisser de côté.

Louis-Olivier BG