Ghost fait l’unanimité à la maison. Le groupe a toujours fait partie des habitudes d’écoute de la maisonnée, même constat pour Mastodon. Il y a quelque chose dans leur musique qui permet aux deux groupes d’avoir une place dans nos oreilles. Hier soir, c’était notre quatrième concert de Ghost en famille et clairement, ce ne sera pas le dernier. Même constat pour Mastodon car les deux formations réussissent toujours à satisfaire nos oreilles et notre regard.

Un concert le vendredi, c’est toujours spécial. Tu quittes plus tôt le boulot pour pouvoir aller relaxer, manger et t’enligner une couple de bières avant d’entrer dans la salle de spectacle, ou aréna dans ce cas-ci. J’ai levé les feutres du travail vers 16h00 pour aller prendre le métro, direction la Place Bell.

Je me disais que je pourrais probablement me faufiler à la Cage aux Sports, même sans réservation, pour ainsi me gaver avant les festivités. Mes deux enfants étaient en pédagogique et l’épouse avait une journée de congé de travail, ils devaient venir me rejoindre. Ce qui a été fait et grâce à un savoir-faire précis, la responsable du plancher du restaurant favori des sportifs de salon a réussi à nous avoir une table pour 4, moyennant une légère attente.

Rien de grave lorsque tu sais que c’est vendredi et que tu auras l’occasion de te gaver de popcorn à volonté, juste avant d’aller te faire péter les tympans.

Spiritbox

Vers 18h40, nous étions à l’intérieur de la salle et nous avons rejoint nos sièges, ce qui fait que nous avons été en mesure d’assister à la prestation de l’artiste en ouverture, Spiritbox. Je ne connaissais que de nom cette formation qui se veut canadienne, dans un sens. Avec l’ex-guitariste et l’ancienne chanteuse d’Iwrestledabearonce, je savais que cette formation avait du punch à l’époque. Un genre de metalcore très hip alors que tous les groupes avaient des phrases comme dénominations.

Par contre, la sonorité de Spiritbox n’a rien à voir avec le fait qu’ils ont déjà lutté avec un ours un m’ment d’nné. Une touche de nu metal, un grain d’électro, des parties metalcore et quelques portions vaporeuses, c’est le genre de sonorité qui plaît à un certain public. L’accueil était chaleureux de la part des gens sur place, nous avons même vu quelques personnes s’entrechoquer. La chanteuse du groupe Courtney LaPlante a su bien utiliser l’espace qui leur était alloué devant la scène, allant créer un contact direct avec le public devant elle.

Prestation plutôt courte d’une vingtaine de minutes, les membres de Spiritbox ont laissé les luminaires colorés qui servaient de toile de fond pour laisser place aux techniciens qui s’affairaient à démonter le tout pour que Mastodon puisse monter sur la scène de la Place Bell pour une deuxième fois en 2022.

Mastodon

C’est en tant que quintette que Mastodon s’est retrouvé sur scène. Effectivement, le groupe avait avec lui le claviériste Rich Morris, qui arborait un fantastique chapeau semi haut de forme par-dessus son énorme tignasse. Aucun doute que les musiciens du groupe sont en forme. De nouvelles habitudes de vie font que les Mastodontes du hard rock sont capables de garder une telle intensité pendant une heure de musique, Bill Kelliher y allant de quelques kicks de karaté, Troy Sanders se cambrant le dos comme Neo dans la Matrice qui évite les tirs et Brann Dailor qui tape à tout rompre tout en étant capable de chanter sans essoufflement.

En se retrouvant en ouverture des Suédois, je m’attendais à une série de chansons au potentiel plus racoleur, compte tenu du fait que Ghost, que vous le vouliez ou non, demeure une formation de hard rock très pop. Je croyais que nous allions avoir droit à The Motherload et Show Yourself, question d’y aller avec la tendance salivante des rythmes aguichants de Papa et ses goules sans nom.

Pas du tout. La même liste de chansons que lors de leur visite précédente avec les autres Suédois que sont Opeth, nous a été servie. Il n’y a que Gigantium qui ait été relayée aux oubliettes, compte tenu que Mastodon ne disposait que de 60 minutes de temps de scène, et non 70 comme lors de leur tournée précédente.

Ce qui veut dire que les amateurs de Mastodon qui étaient présents en avril dernier ont été satisfaits, quoique la recette ait été la même. Par contre, les fanatiques de Ghost qui apprécient le côté swingant d’un Squarehammer ou d’un Danse Macabre se voulaient déstabilisés par la parcelle progressive d’un long fleuve d’une douzaine de minutes qu’est The Czar.  

Mastodon ont été précis sur chaque note, chaque coup donné sur les pièces que sont Pain With an Anchor, Crystal Skull, The Crux et Megalodon. La première véritable communion avec le public est arrivée avec Teardrinker, chanson plus poignante et qui se retrouve toujours sur une liste de lecture de Spotify en relation avec Ghost.

Comme je m’y attendais, la cacophonique Bladecatcher a déstabilisé la grande majorité de la foule et un bel élan d’approbation se ressentait lors de Pushing the Tides. Finalement, je me doutais bien que Mastodon allait nous assommer royalement avec la finale qu’est Mother Puncher, pièce de l’album Remission, nous confirmant le fait que la troupe d’Atlanta devrait nous produire une série de concerts pour fêter les 20 ans de cet album, leur premier en carrière.

Ghost

Même si nous pouvions voir les vitraux en arrière-scène, les techniciens de Ghost ont fait tomber un immense rideau blanc pour cacher ce qui se passait vraiment au niveau scénique, question de garder le mystère et l’effet de surprise. En y allant avec Kaiserion en ouverture, la table était mise pour comprendre que ce spectacle était pour promouvoir le nouvel album du groupe.

Les Nameless Ghouls portaient des masques de type anti-nucléaires qui n’auraient probablement pas été acceptés pour ton magasinage dans les commerces, circa 2020. Papa Emeritus était flamboyant avec son habit chic pour les grandes occasions. La batterie est surélevée, ce qui est de même pour les Nameless Ghouls au clavier et à la basse. Tous unis avec Papa et les trois guitaristes, la ligne du devant se promène amplement, permettant à l’œil d’être toujours sollicité et l’oreille demeure bien tendue lors des pièces que sont Rats, Faith et Spillways.  

On remarque rapidement que Ghost 2022 veut servir plus de musique au public. Il y a beaucoup moins d’interventions de Papa entre les chansons, laissant toute la place aux chansons de Ghost. Devil Church, Cirice et Griftwood sont proposées et par la suite, Papa demande à la foule s’ils sont de fervents amateurs de films horrifiques car la suivante sera Hunter’s Moon, pièce qui s’est retrouvée dans la dernière incarnation du film de la série Halloween.   

Ensuite, j’ai vécu un moment de type communion avec trois chansons du premier album du groupe que sont Ritual, Prime Mover et Con Clavi Con Dio, avec en sandwich Call Me Little Sunshine. Opus Eponymous demeure mon album favori du groupe et d’avoir trois chansons tirées de cet album, en plus d’avoir un Papa avec toge et encensoir, m’a rappelé le concert donné au Corona de Montréal d’il y a une bonne dizaine d’années.

Watcher in the Sky est venue remettre du boogie woogie dans cette soirée, laissant les amateurs avec ce morceau plutôt épatant du dernier album, Impera. C’est pendant Year Zero que nous avons pu avoir droit aux flammes infernales lancées lors du refrain et Miasma nous a permis de revoir Papa Nihil reprendre vie sur scène, le temps d’exécuter son solo de saxophone.

Devant nous, quelques amateurs plutôt tranquilles ont passé une soirée en ne sachant pas trop ce qui se passait vraiment, sur scène. C’est véritablement pendant Mary on a Cross qu’ils se sont remis en vie, un peu à l’image de Papa Nihil précédemment. Cette chanson a reçu une deuxième vie en étant partagé amplement sur TikTok, ce qui fait qu’une horde de jeunes chantonnent le refrain de cette chanson, ne sachant pas vraiment ce qui en découle. Par contre, ceux qui ont creusé un peu plus ont découvert que cette chanson provient du catalogue de Ghost, ce qui fait que quelques TikTokeurs étaient présents, hier soir.

Un peu à l’image des gens qui ont découvert Metallica avec Stranger Things, dans un sens.   

Mummy Dust aura donc permis aux TikTokeurs de se rasseoir mais les deux chansons proposées en finale ont tout fait exploser, autant dans la foule que sur scène. Avec Danse Macabre, tous les gens se sont levés de leur banc pour danser et Square Hammer est venue littéralement nous planter un piquet dans le cœur, nous rappelant que devions retourner dans nos chaumières et attendre encore quelques mois face à la prochaine visite de Ghost.

Est-ce que Ghost est metal ou pas? Rendu là, la question ne vaut vraiment plus la peine de se poser. Tobias Forge et ses Ghouls Anonymes offrent un fichu de bon divertissement musical, fortement influencé par le metal.

Le groupe est rendu dans les mêmes ligues que Metallica et Iron Maiden. Et pourquoi je peux dire cela? Tout est en relation avec le nombre de personnes qui portent le t-shirt du groupe qui est en tête d’affiche et hier, du t-shirt de Ghost, il y en avait en masse au pied carré!

  • credere vel non credere in manes

(Photos : Corinne Ainscow 16 septembre 2022 à la Place Bell de Laval)