J’ai récemment eu la chance de m’entretenir avec Sascha Gerstner, un des membres de la formation Helloween qui sortira bientôt son nouvel album. Voyons sans plus tarder le résultat.

Ars Media Qc :
Nous y voilà! Je suis en compagnie de Sascha, guitariste de la formation Helloween. Helloween sortira son prochain album aussi appelé Helloween le 18 juin prochain. Présentement, vous avez deux singles. Comment est la réponse de vos fans jusqu’à présent?

Sascha Gerstner :
C’est énorme et ça fait chaud au coeur. C’est une très belle réponse de tous nos fans. C’est très bon! C’est souvent une surprise quand tu enregistres un album : tu ne sais pas ce qui se produira. Quand tu as fini, tu peux ne pas vraiment aimer l’album toi-même parce que tu es trop impliqué dans le processus et après un moment, tu commences à le réaliser puisque tu reçois les premiers feedbacks de la famille, des amis, des fans. Alors ça semble être un bon album!

AM :
Oui! J’ai d’ailleurs écouté l’album pour les fins de l’entrevue et je l’ai trouvé excellent. C’est probablement aussi un album conçu pour plaire aux fans et inspiré de différents moments dans la carrière de Helloween. J’ai aussi entendu dire vous vous êtes aussi sentis inspirés avec de l’équipement d’enregistrement plutôt old school des années ’80! Comment a été processus d’écriture pour tout le monde considérant que beaucoup de personnes allaient contribuer à cet album. Est-ce que tout le monde a écrit ses chansons? Comment est-ce que ça s’est passé?

SG :
Oui, c’est une chose positive à propos de Helloween : c’est qu’il y a beaucoup d’auteurs dans le groupe. En fait, c’est bien puisqu’on avait beaucoup de matériel à créer et ça fait aussi beaucoup de diversité. Ça rend l’album un peu plus excitant. Dans un groupe, il y a habituellement une ou deux personnes qui décident où aller et quelle direction musicale prendra un album, mais ici, nous avons plusieurs personnes qui écrivent les chansons, ce qui est bien. Ouais, tout le monde y a mis du sien. Pour voir le tout de façon chronologique et que ça ait du sens pour toi, la façon dont c’est arrivé, c’est que nous nous sommes rencontrés durant une tournée en avril 2019. La première fois, on s’est rencontrés pour qu’on joue tous nos démos les uns aux autres parce que tout le monde a son studio à la maison afin qu’on puisse écrire et enregistrer. Nous sommes quand même habitués à enregistrer pas mal tout ce qu’on fait : tous les instruments, toutes les pistes et même ma voix pour que les autres membres du band comprennent bien la ligne vocale et les paroles. Nous avons donc fait ça comme première rencontre et nous sommes repartis en tournée par la suite vers la fin de l’été au Brésil à Rock in Rio pour notre dernier spectacle : vraiment belle tournée avec Whitesnake et Scorpions. C’était vraiment fou et ça nous a donné l’envie de retourner en studio. Cependant, nous n’y sommes pas directement retournés après la tournée pour enregistrer l’album. Nous avons opté pour une phase de préproduction et c’est à ce moment que nous avons pris les idées de base des chansons, le cœur des chansons et nous avons mis de l’ordre là-dedans tous ensemble (par exemple si nous pouvions changer un peu les tempos, ajouter des accords ou des parties en solo, etc.) et ça s’est très bien passé! C’est beaucoup de travail de le faire de cette façon, mais le but était de ne pas être préparés pour le studio. Normalement, tu dois être préparé pour le studio pour simplement enregistrer ta partie, mais cette fois Markus a dit : ‘’Hey, faisons ça comme dans le temps! Comme dans les vieux jours! Personne ne serait préparé! On prendra un coup et on verra ce qui va se passer!’’ et bon, c’est ce qu’on a essayé de faire à Hambourg et nous avons fini le cœur des chansons. Ensuite, nous avons enregistré en différentes sections puisque nous avons plusieurs chanteurs et beaucoup de guitaristes aussi. Il a donc dit : «Ce que je veux avoir sur cet album, c’est que la magie opère sur toutes les chansons comme en spectacle«. Il a donc eu la splendide idée de me laisser enregistrer la guitare sur les 5 premières chansons et m’a dit : ‘’Fais comme si tu étais le seul guitariste solo du groupe. Tu dois tout enregistrer et j’aimerais avoir toutes tes idées et quand tu auras terminé, on envoie tout ça à Kai qui lui enregistrera sa partie dans un autre studio’’. Celui-ci travaillait exactement de la même façon sur ces 5 pièces et pendant qu’il s’y mettait, nous continuions avec 5 autres morceaux et ainsi de suite. Après, Charlie Bauerfeind a pris toutes les chansons et les a emmenées à une autre session d’enregistrement avec Michael Weikath pour faire exactement la même chose! À la fin, il a vraiment collé toutes les pistes ensemble. Il a donc trouvé l’équilibre dont nous avions besoin jusqu’à ce ça ressemble à ce que nous voulions. Il a aussi fait la même chose avec les chanteurs et j’ai adoré cette idée! De cette façon, il n’y avait aucun gros ego en jeu et personne ne s’obstinait pour jouer une partie du lead guitar ou toute autre partie. Si Andi écrivait et produisait une chanson, il pouvait choisir le solo qu’il préférait dans tout ce qu’on avait fait. C’était donc très facile pour nous, les guitaristes et aussi, avec du recul, on trouvait que c’était une bonne idée puisqu’il y avait vraiment un équilibre entre toutes nos idées.

AM :
Wow, c’est tout un blend je dois dire! Si je ne m’abuse, tu fais partie du groupe depuis environ 20 ans maintenant!

SG :
Oui, je ne suis plus le petit jeune! Rires.

AM :
Rires. Ne t’inquiète pas, je ne dis pas ça pour te faire paraître plus vieux! Mais comment on se sent de jouer avec les pionniers du band et d’être avec ceux qui ont créé Helloween?

SG :
C’est vraiment plaisant! C’était déjà superbe et plaisant avant, mais il faut comprendre que lorsque j’ai joint le groupe, j’avais 25 ans! C’était assez jeune et de joindre un groupe avec autant de gens expérimentés et autant de bons auteurs a vraiment eu un gros impact. Par exemple, Andi est un compositeur du tonnerre, c’est une machine à composer et aussi, en studio, ses démos étaient déjà d’une qualité digne d’une excellente production. C’était très inspirant pour moi, le petit de 25 ans, de joindre ce groupe. Je me suis dit : OK, c’est ça le standard ici, alors je vais performer et je dois être aussi bon que ça. Je voulais ressembler à ça! C’était aussi un coup de pied au derrière puisqu’il crée aussi de très belles mélodies. Il est un personnage unique et après maintenant 20 ans, le trip n’est plus seulement de jouer avec ces icônes de la musique : ce sont maintenant des membres de ma famille! C’est une grosse partie de ma vie jusqu’à présent, la moitié en fait!

AM :
C’est vraiment génial et je crois aussi qu’être dans un groupe, c’est être dans une famille ou même dans une relation de couple, comme une histoire d’amour. Parfois ça fonctionne bien, parfois non, quelqu’un peut quitter ou avoir de la difficulté, parfois c’est de courte durée, parfois c’est du long terme, etc. Qu’est-ce qui fait que Helloween est une si belle et longue histoire d’amour? Quel est le secret?

SG :
Je pense que le groupe a eu beaucoup de changement de line up dans le passé et je crois aussi que, comme dans n’importe quelle relation, quand tu essaies et que tu ne t’entends pas avec l’autre, il faut se débarrasser des personnes qui ne sont pas bonnes pour sa vie. Quand on en vient à notre situation où des old new guys reviennent dans le groupe, je dois dire que, de mon point de vue et incluant ma propre expérience, en sachant toutes les vieilles histoires et connaissant mon groupe depuis maintenant presque 20 ans, c’est beaucoup de testostérone. Imagine : tu es un jeune homme de 19-20 ans qui fait des disques d’or dans les années ’80 avec différentes substances et/ou des filles d’impliquées, bref, tout ce qui vient en tête quand on pense au cliché des années ’80. Il y a cette testostérone qui conduit les jeunes hommes à parfois de gros egos et je crois que ce n’est pas facile à gérer. Tu sors de la petite école, tout ça arrive et tu fais maintenant des tournées dans le monde.

En plus, le monde du rock and roll était vraiment fou dans ces années-là. Ça a donc dû jouer énormément sur le groupe, mais maintenant, ce sont des hommes plus matures, plus vieux, qui sont devenus grands et c’est ce que je réalise avec ce nouveau line up maintenant. Depuis que nous sommes ensemble, Daniel, Markus, Michael et moi, c’est juste vraiment bien, c’est comme une machine qui fonctionne bien parce qu’on se connaît depuis si longtemps. Nous avons été en tournée ensemble, été en studio ensemble et oui, c’est vraiment comme un mariage. Tu connais les qualités et les défauts de l’autre sur le bout des doigts et après un moment, quand tu connais quelqu’un depuis assez longtemps et que tu l’aimes depuis tout ce temps, les défauts deviennent des petites choses très mignonnes. Par exemple, s’il arrive quoi que ce soit, tu sais déjà comment l’autre personne réagira et tu attends même après ce moment pour rigoler un peu puisque lorsque ça arrive, tu restes là et tu souris en disant : je le savais tellement! Quand Kai et Michael sont revenus dans le groupe, je connaissais déjà Kai depuis un moment parce que je l’avais déjà rencontré brièvement quand j’avais 19 ans pour mon premier contrat de disques avec le groupe avec qui je jouais dans ce temps à Hambourg alors je le connaissais depuis un bon moment et nous avons déjà fait des tournées ensemble. C’était donc plutôt facile avec lui. Avec Michael, ça a comme été le coup de foudre dès le départ, spécialement entre lui et Andi. Ils s’entendent vraiment très bien et je me souviens du premier meeting que nous avons eu pour discuter, pour voir s’il y avait peut-être une possibilité de faire une réunion. Nous avons fini par s’asseoir un à côté de l’autre et il y a eu une connexion instantanément. Nous avons vraiment connecté spirituellement et discuté souvent ensemble pendant de longues heures et c’est toujours resté ainsi. Même après la longue tournée que nous avons faite! Ça se voit, ça se sent, ce sont des adultes maintenant, il n’y a plus autant de testostérone ou d’égo dans le décor. Il y a assez d’égo pour créer quelque chose évidemment, mais s’il se passe quelque chose, si un problème survient, nous allons en parler. Je dois aussi dire qu’on fait tout ça avec une excellente équipe qui fait d’ailleurs aussi partie de notre famille puisqu’ils font partie de notre aventure depuis 2004, ce qui est aussi très long aussi. En plus, Charlie Bauer est présent depuis longtemps puisqu’il produit et a produit beaucoup d’albums d’Helloween, et ce, avec Dennis Ward. Dennis connaissait aussi Andi depuis très longtemps. C’est donc vraiment une grande famille. C’est une grosse bande d’amis qui se connaissent depuis des lunes. Ça rend donc la chose très agréable de faire partie du groupe dans cette ambiance.

AM :
Ça doit quand même être quelque chose de travailler avec 3 frontmen! Probablement différent d’un milieu féminin!

SG :
J’aimerais vraiment travailler avec 3 chanteuses aussi! Il y a vraiment de plus en plus de femmes qui font partie de la scène métal et elles sont extraordinaires!

AM :
Si nous revenons maintenant à l’album, qu’as-tu trouvé le plus difficile dans la création et l’enregistrement de cet album?

SG :
La difficulté était vraiment d’avoir toutes les ères du groupe dans l’album. D’un autre côté, ce n’était pas non plus SI difficile puisque nous l’avions déjà pendant nos prestations live. Je me souviens au début, j’ai adoré que Kai, par exemple, veule jouer sur toutes les chansons. Nous ne voulions pas qu’un membre arrive pour jouer un morceau pendant qu’un autre sorte de scène, qu’un autre chanteur en tasse un autre pour chanter sa pièce et ainsi de suite. On ne voulait pas ça. Nous sommes juste apparus sur scène comme un vrai band complet avec 7 membres et nous avons tous joué toutes les chansons. Nous avons donc intensément expérimenté de construire quelque chose ensemble tout en se laissant assez d’espace. La seule chose qui nous donnait un peu de pression, c’est de pouvoir créer de nouvelles chansons avec ce même feeling et ce même crossover de bons vieux classiques et de nos influences. Tu l’as dit au début, ça peut partir de l’équipement que nous utilisions. Daniel par exemple utilisait son vieux drum kit et nous avons enregistré beaucoup de matériel sur de vraies bandes comme dans les années ’80. Nous voulions atteindre un genre de crossover de la vibe old school des années 80, qui est une partie de la musique de Helloween, et aussi lui donner le son moderne que nous pouvons entendre maintenant et c’est ce qui était le défi de créer tout ça, mais je dois dire qu’avec l’équipe de Dennis et Charlie, ça a parfaitement fonctionné parce que lorsqu’on se connaît depuis si longtemps, il ne peut rien se passer de travers parce qu’ils le savent et ont aussi de l’expérience.

AM :
Que peut-on espérer maintenant de Helloween dans un monde idéal sans COVID?

SG :
Pour moi, personnellement, je serai vraiment heureux quand toute cette merde sera terminée. Bien sûr, nous voulons retourner sur les planches. C’est ce qui me manque le plus d’ailleurs. Je m’ennuie de jouer live, je m’ennuie de la réaction des fans et pendant ces moments, sur scène, c’est comme si la famille s’agrandissait en fait avec l’audience. Pendant une soirée, on a du temps ensemble, on a notre moment ensemble et c’est vraiment ce qui me manque le plus. C’est principalement l’impact que la COVID a eu sur nous parce que depuis un bon moment, nous voulions déjà partir en tournée. Nous avons donc dû attendre. L’album, lui, sortira le 18 juin et nous pourrons donc décider quel genre de setlist nous voulons créer et espérons que dans la prochaine année nous pourrons venir vous voir en tournée! Probablement aussi au Canada!

AM :
Oui évidemment! Nous serions très heureux et très fiers de vous avoir parmi nous! Merci énormément Sascha pour ton temps qui est probablement très précieux ces derniers temps et nous te souhaitons une belle fin de soirée à Berlin!

SG :
Merci à vous et je vous souhaite une très belle journée chez vous!