Viendra, ne viendra pas? Je dois avouer que la venue de Judas Priest a été une source de stress pour de nombreux amateurs. En plus d’avoir la date qui se déplaçait sur le calendrier à chaque 6 mois, il y a eu les ennuis de santé de Richie Faulkner, la probable absence de Andy Sneap avec l’option de continuer en tant que quatuor et le rhume de Rob Halford.

À voir la moyenne d’âge des participants au concert de Laval, il est à parier qu’il y en a quelques-uns ou quelques-unes qui ont probablement eu quelques palpitations cardiaques, sachant que leur billet pour la soirée était toujours en mode incertitude.

Finalement, le groupe nous aura eu jusqu’à la dernière seconde, étant donné que la semaine dernière, une date a été mise de côté, pour permettre à Halford de se reposer, reprendre du mieux et terminer sa série de concerts, incluant la visite à Québec et celle de Laval. Un gros fiou, de soulagement…

La Reine du Reich

C’était la deuxième fois uniquement que je voyais la formation Queensrÿche, la première étant il y a 33 ans précisément alors que le groupe, avec Geoff Tate à la voix, était en ouverture de Metallica sur le Damaged Justice Tour, à Chicoutimi.

De cette formation, il ne reste que Michael Wilton et Eddie Jackson sur scène, le groupe utilisant les services de musiciens de tournée pour combler les besoins des concerts. Mais peu importe, le groupe qui est monté sur les planches hier bottait des fesses et ce, solidement.

En y allant directement avec Queen of the Reich, je peux vous confirmer que la vieille garde venait de recevoir un vent de la vieille école. Groupe qui ouvre, on sent que Queensrÿche a droit à une balance de son respectable. Chanson qui date du premier mini-album de la formation américaine, d’y aller ensuite avec Warning nous a confirmé que nous allions avoir droit à une soirée des grandes chansons plutôt qu’à une série de chansons qui permettait de promouvoir leur dernière galette de 2019, The Verdict.

Avec un fond de scène à l’allure de vitraux d’église qui laissait entrevoir des images en relation avec quelques chansons du groupe, la Reine du Reich n’a offert que du matériel datant des années ’80 et ’90, uniquement. De mon côté, je peux confirmer que j’ai été grandement étonné par la performance vocale de Todd La Torre qui se veut pertinent dans son rôle de chanteur. Il a le grain et la puissance d’un Tate, tout en y ajoutant sa précision.

Avec des titres comme Empire, Operation : Mindcrime, Take Hold to the Flame et Eyes of a Stranger, je me suis rendu compte que je connaissais la vaste majorité du matériel présenté, ce qui se veut particulier pour quelqu’un qui ne possède que deux albums du groupe. C’est à ce moment que j’ai compris qu’à l’époque, le clip était Roi… ou Reine?

Personnellement, il n’y a que Screaming in Digital qui n’a pas passé le test, avec l’utilisation d’un pitchshifter sur la voix pour lui donner un effet monstrueux, cela nous démontrait que cette chanson n’a pas très bien vieilli.

Non, le groupe n’a pas joué Silent Lucidity

50 ans de metal, rien de moins!

J’étais en train de jaser dans le corridor de la Place Bell lorsque j’ai entendu War Pigs de Black Sabbath jouer dans le système de la salle. Cette chanson, lorsque jouée, annonce la venue imminente de Priest sur scène. J’ai eu le temps d’attraper une bière et de me rendre à mon siège sur les premières lignes de One Shot at Glory, de l’album Painkiller. Le décor est intéressant, laissant paraitre une usine désaffectée, rappelant le côté modeste du groupe qui nous vient de la ville ouvrière de Birmingham.

Fidèle à son habitude, Rob Halford portera de nombreuses vestes de cuir aux couleurs de Judas Priest, parfois à franges et d’autres fois non, tout au long de la soirée. C’est le look biker qui se veut, une fois de plus, à l’honneur.

Le duo de guitaristes, composé de Richie Faulkner et d’Andy Sneap se veut précis et Ian Hill est, comme de raison, en retrait sur sa basse tandis que Scott Travis tape sur les peaux intensivement, sur les chansons du catalogue des 50 dernières années du groupe.

Lightning Strike de Firepower faisait office de pièce moderne pour cette célébration et il était évident que nous allions avoir une série de chansons plus rares, étant donné que You’ve Got Another Thing Comin’ s’est retrouvée en position #3 sur cette soirée rétrospective.

D’avoir Freewheel Burning ensuite m’a donnée entière satisfaction, étant donné que Defenders of the Faith demeure mon album préféré du groupe et ensuite, les musiciens ont laissé place à l’intro plus synthwave de Turbo Lover.

Amoureux Turbo

Comme départ, je ne pouvais espérer mieux, même si Rob Halford, ce septuagénaire de metal, ne chante plus les refrains de Turbo Lover, laissant cette responsabilité à la foule, ou modifie la cadence vocale de You’ve Got Another Thing Comin’, je ne peux m’empêcher de me rappeler que cet homme est plus âgé que mon propre père, lui qui pompe l’huile sévèrement juste après avoir fait une commission au Couche-Tard à trois coins de rue de chez lui.

Hell Patrol, The Sentinel et A Touch of Evil ont permis d’apprécier la justesse du jeu des deux guitaristes et le fond de la scène nous laisse des images vidéo plutôt vieillottes qui semblent avoir été créées il y a deux décennies. Par la suite, c’était le régal pour les amateurs les plus féroces de Priest car ce sont des chansons comme Rocka Rolla, Desert Plains et un choix étonnant avec Blood Red Skies de l’album Ram it Down qui sont venues s’entrechoquer avec les pièces attendues que sont les reprises du nom de The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) de Fleetwood Mac et Diamonds & Rust de Joan Baez, presque uniquement identifiables à la carrière de Judas Priest.

Besoin d’analgésique?

Jeux de lumières fulgurants et logo du groupe en structure métallique allumé nous auront dirigés vers un Scott Travis qui a confirmé que Montréal était la capitale du metal au Canada et qu’il fallait maintenant tout abandonner pour l’ultime finale qu’est Painkiller. Les percussions se sont laissées entendre, amenant la cadence vers un Halford criard et une section aux cordes qui gratouillaient amplement sur ce classique du metal.

En guise de retour, totalement prévu comme il se doit, il fallait s’attendre à l’entrée sur scène de Rob sur sa rutilante Harley Davidson et d’entendre Electric Eye, Hell Bent For Leather, Breaking the Law et finalement Living After Midnight, avec un immense taureau qui prenait tout le côté gauche de la scène et par la suite, les musiciens sont venus prendre la photo de fin de concert, juste après avoir lancé une quantité astronomique de picks aux gens des premières rangées.

Glenn Tipton n’a pas fait d’apparition surprise sur les dates québécoises et maintenant, il faut se demander si cette présence de Judas Priest se voulait leur dernière en carrière. Même si l’image en fond de scène laissait présager le contraire, d’avoir vécu le stress médical des derniers mois/années nous confirme que nos idoles vieillissent, vraiment.

Et non, Judas Priest n’a rien joué de Nostradamus..

Photos : Mihaela Petrescu (Laval, 11 avril 2022)