Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?


Le choix de Jade Favreau

Dark Funeral- Where Shadows Forever Reign. En ce mois de mars très intensif pour ma part, ce fut au travers de quelques morceaux de Dark Funeral que j’ai su m’évader. L’album qui a le plus roulé dans mes écouteurs est sans aucun doute Where Shadows Forever Reign. Présentement en tournée européenne avec Cannibal Corpse, j’ai bien hâte de les revoir cet été à Chicago. Gens de Montréal, soyez-y le 26 mai au Club Soda! 

Where Shadows Forever Reign est définitivement mon album préféré du groupe suédois. En fait, pour moi, cet album serait le premier que je proposerais à quelqu’un qui n’a jamais écouté ce band, car il représente exactement ce que je crois que Dark Funeral est. Je trouve que les paroles de cette œuvre sont beaucoup plus profondes, significatives et puissantes.  

And when the sun turned black all weather froze to ice

and all remaining life was sent into the great unknown

I was alone, the king of kings but nothing was left there

to rule and nothing was there to destroy

I saw that day, that joyful day I conquered all

then walked away and now wait for my demise

Oh soon to come my glorious death

and I will be the last to leave

for the world will be returned to the night

Bref, c’est le temps de blaster du Dark Funeral pis ça presse.


Le choix de Geoffroy Dell’Aria

Finntroll – Ur Jordens Djup. Après plus d’un an chez Ars Media, vous devez sûrement commencer à me connaitre, moi et mon amour inconditionnel du folk metal qui n’égale que celui du black. Alors, quand je pose l’oreille sur des sorties qui combinent les deux, c’est gagné à tous les niveaux, d’autant plus quand la nostalgie vient s’inviter dans le tableau.

Vous l’aurez donc deviné, c’est dans cette optique que je vous propose ma sélection du mois, avec la quatrième offrande de Finntroll : Ur Jordens Djup.

Sorti fin mars 2007, cet album avait constitué, au moment où je l’ai découvert, l’une de mes premières approches d’un metal plus « extrême », dans laquelle je replonge toujours aujourd’hui avec autant de plaisir.

J’avais beau déjà connaitre quelques morceaux de l’excellentissime Nattfödd (2004), il s’agissait là de la première fois que j’écoutais un de leurs opus dans son entièreté. Et autant dire que pour moi qui gravitais à l’époque entre Epica et Rhapsody, la brutalité du premier titre, Sång, m’avait certes quelque peu déstabilisé… mais également beaucoup marqué. Et quand j’y repense, c’est finalement ça qui m’a autant plu et fasciné : cette bascule vers quelque chose de plus obscur que ce à quoi j’étais habitué. Une impression d’obscurité qui s’est d’ailleurs confirmée au fil des pistes, à l’image des explosifs Nedgång et Slagbröder.

Toutefois, si le combo finlandais a résolument assombri sa musique, pour un rendu final tirant bien plus sur le black metal que par le passé, ils n’en ont pas pour autant oublié les mélodies folk qui font leur spécificité, toujours aussi entrainantes et accrocheuses (mention toute spéciale à l’enchainement particulièrement efficace du trio En Mäktig Här/Ormhäxan/Maktens Spira).

J’oserais en fait même dire que nos trolls favoris semblent avoir trouvé là une certaine forme de maturité musicale, certaines pistes, tels que Ur Djupet ou le mélancolique Under Två Runor, s’orientant en effet vers une dynamique relativement épique et atmosphérique encore peu explorée auparavant.

Venu des profondeurs de la terre, cet album nous offre, à mon sens, une œuvre définitivement plus nuancée et contrastée que leurs précédentes, dotée d’une très belle richesse mélodique, d’une puissance à toute épreuve et parvenant toujours à me toucher avec autant de force que lors de ma prime écoute. Bref, une véritable réussite que cette nouvelle plongée dans les forêts ténébreuses du Grand Nord !


Le choix de Matrak Tveskaeg

Alda – Tahoma. L’album Tahoma de la formation américaine Alda est celui qui a le plus joué dans mes oreilles ce mois-ci. Mettons carte sur table, le groupe joue sur beaucoup de clichés, mais ce que j’aime, c’est que la recette clichée est bien interprétée et on se laisse rapidement bercer par le réconfort du Black métal atmosphérique classique. J’ai choisi cet album parce qu’il est mon préféré de la discographie du groupe, mais je dois mentionner que j’aurais très bien pu choisir une autre production parce qu’elles ont toutes un petit quelque chose d’intéressant. 

L’une des interprétations mentionnée sur le site metal-archives est que le nom du groupe signifierait “arbre” et proviendrait d’une des langues du monde de Tolkien, ce qui déjà est un cliché métallique en soi. D’autre part, je ne suis pas un grand spécialiste du “Cascadian black metal”, mais de ce que j’en sais, je trouve que leur son respecte ces standards du son caverneux, de l’alternance entre passages intenses puis posés, le reverb à fond pour donner une impression de grandiose, de majesté, etc. Nous sommes ici en présence d’un Black métal atmosphérique qui respire la nature et les grands espaces verts qui sont encore caractéristiques du Nord-Ouest américain… La production est juste assez floue pour amener ce côté chaleureux et organique qui vous donne parfois l’impression d’être avec le groupe quand on prend le temps d’écouter le tout à tête reposée avec une bonne paire d’écouteurs. Autre point fort de l’album : j’aime le mélange bien dosé des atmosphères acoustiques, des duo vocaux et des passages plus planants avec une distorsion grésillante appuyée par les blastbeat et c’est pourquoi je suis d’avis que Tahoma est un album qui s’écoute bien d’un trait et sans modération.


Le choix de Simon Rioux

Gravestone – Victim Of Chains. Vous le savez probablement maintenant, j’aime beaucoup les courants plus old school du Métal. J’apprécie souvent ce qui est Heavy speed, qui sort de l’Allemagne des années 1980 et qui possède pour une raison obscure presque toujours une pochette à l’illustration louche! J’avais envie de parler aujourd’hui de Gravestone, un groupe plus méconnu de cette période (séparé en 1986), et principalement de la pièce Fly Like An Eagle (qui n’est pas une reprise du Steve Miller Band!) qui possède plusieurs des caractéristiques que j’apprécie dans le style : des guitares au timbre acéré, des bons solos, un rythme upbeat, un chant suraigu, des mélodies accrocheuses (l’influence des Scorpions fin des années 1970-début des années 1980 n’est jamais bien loin)… Le reste de l’album officie dans un registre légèrement plus hard rock que cette première pièce, mais que je ne déteste pas du tout personnellement.


Le choix de Corinne Ainscow

Insomnium – Anno 1696. Pour ce mois de mars j’ai choisi quelque chose de plus calme que d’habitude. Le dernier album d’Insomnium « Anno 1696 » est sorti le 24 février dernier; il s’agit de leur 9e album studio. Mon préféré d’eux va toujours rester Winter’s Gate, que j’aime d’amour, mais ce dernier album est aussi très bien. J’envie très sérieusement ceux qui auront la chance de les voir en spectacle le 7 avril prochain à Montréal avec les légendes d’Enslaved, et Black Anvil en première partie!


Le choix de Nathaniel Boulay

Rx – Bedside Toxicology. D’abord, un peu d’histoire. Quand Skinny Puppy s’est séparé en 1995 dû, en bonne partie du moins, au décès de Dwayne Rudolph Goettle, les autres membres sont partis chacun de leur côté explorer de plus verts pâturages. cEvin Key s’est rabattu sur plusieurs projets variés: platEAU, Download, son album solo Music For Cats, etc. Ogre lui s’est tourné vers Martin Atkins de Pigface et Ministry avec qui il avait fait quelques tournées.

Le résultat de cette collaboration entre Atkins et Ogre est Rx, connu à la base sous le nom de Ritalin pour ensuite devoir changer pour cause de marque déposée, et l’album Bedside Toxicology. On y retrouve bien évidemment la voix immanquable de Ogre et les drums de Atkins. Quelques surprises inusitées font aussi partie du lot comme une reprise légèrement malsaine et malaisante de Scarecrow de Pink Floyd de l’époque de Sid Barett ainsi qu’une reprise quelque peu dérangeante du classique des années 60 Downtown, popularisée à l’origine par Petula Clark. Ça fait étrange tout ça mais c’est très cohérent et tellement agréable de se perdre dans toute cette confusion auditive. 

Tout ça pour dire que ce mois de mars et l’arrivée du printemps furent agrémentés d’une trame sonore ésotérique et ludique, déstabilisante et sombre. Drums à profusion dans are uptake, léthargie profonde et bizzare dans The Daze et Crackhead Waltz, il y en a pour tous les goûts et les humeurs!


Le choix de Kevin Bylinski

Whiskey Ritual – Kings. Avec plusieurs déplacements ce mois-ci, j’avais besoin d’un album qui me captive et qui maintienne mon niveau d’énergie au maximum. Quoi de mieux qu’un bon Black ‘n’ Roll de nos chers italiens de Whiskey Ritual! Ce nouvel album sorti en 2022 est le parfait équilibre entre un Black métal rapide et agressif en ajoutant juste la bonne quantité de groove du bon vieux Rock ‘n’ Roll avec des riffs qui nous rappellent quelquefois du Motörhead.  À découvrir et à écouter en boucle!


Le choix de Sarah Luce-Lévesque

Insomnium – Anno 1696. Malgré que je n’aie pas écouté beaucoup de Métal dans les derniers jours, le nouvel opus d’Insomnium n’est pas passé inaperçu depuis le mois dernier. C’est un album avec un début mystérieux, de bonnes transitions, un son très organique et une ambiance assez immersive. J’avais grand besoin de ce côté mélodique pour mes journées grises, mais aussi d’un vocal bien gras et puissant à titre de catharsis. Le choix des accords redore toute les pièces au long de l’album et les enchaînements sont vraiment respectables. En fait, ça faisait un bail que j’avais entendu tout ça, rassemblé, dans un album d’Insomnium. Qui plus est, la thématique de l’hérésie vient me chercher d’une façon assez désopilante… et que dire de l’imagerie! Chapeau, Insomnium! Je ne suis pas timide à l’idée de m’avancer sur le fait que cet album figurera probablement dans mon top 10 annuel… à suivre!


Le choix de PY Bédard

Quest Master – Sword and Circuitry. Ce n’est plus un secret pour personne. Quand je n’écoute pas du Black métal crasse, je plonge assez rapidement dans le Dungeon Synth. Quest Master est un groupe australien pour lequel j’éprouve une puissante admiration suite à ses quelques albums que je peux décrire comme étant de la musique légèrement fantastique inspiré des vieilles trames sonores de jeux vidéos. D’ailleurs, ma wantlist Discogs est parsemée de vinyles et de cassettes de la formation, mais à un moment donné, un gars est écoeuré d’payer, surtout quand les pièces valent autour de 100 US.

Pour sa toute dernière sortie qui a vu le jour le 17 mars dernier, le protagoniste balaye de la main sa thématique antérieure et plonge maintenant dans une musique qui est grandement inspirée de la musique Synth des années 80. Après plusieurs écoutes, je dois avouer que Lord Gordith vient confirmer qu’il est définitivement dans le tier supérieur des compositeurs du genre. Il maitrise à merveille l’art de la mélodie accrocheuse, le sens du détail et la capacité à raconter une histoire sans paroles.


Le choix de Stanislav Stefanovski

Razor – Shotgun Justice. Quand on pense à Razor, ce n’est pas le premier album qui nous vient en tête. Pourtant, c’est un album habituellement très apprécié par les amateurs du groupe et il est un des opus dont la note moyenne est la plus élevée sur Metal Archives. C’est aussi le premier album avec Bob Reid au micro. Une des choses qui marque le plus avec cet album c’est son niveau de violence et d’énergie, même pour son année de parution (1990). Toutes les pièces sont excellentes et il décoiffe à souhait. 


Le choix de Louis-Olivier BG

Blut Aus Nord – Disharmonium – Undreamable Abysses. Une nouvelle sortie de Blut Aus Nord signifie habituellement un nouveau coup de cœur pour moi et la dernière en lice ne fait pas exception. Effectivement, le trio normand nous livre sur sa dernière galette une démonstration de savoir-faire en Black métal atmosphérique original et authentique assez impressionnante. L’album se déguste telle une spirale délirante admirablement bien complémentée par le visuel de la pochette. Toutefois, ce qui m’accroche vraiment avec Blut Aus Nord, c’est la personnalité extrêmement particulière de leur musique glaciale dans un monde musical dominé par le formatage. Disharmonium – Undreamable Abysses confirme cette affirmation avec brio. À dévorer avec passion. 


Le choix de Méi-Ra St-Laurent

Moonspell – Tous les albums. Quand j’ai réalisé, il y a tout juste quelques semaines, que mon band de Métal portuguais préféré (aka Moonspell) venait le 21 mai à Montréal pour sa tournée anniversaire de 30 ans, j’étais vraiment (vraiment beaucoup) énervée! Ce n’est pas que je ne les ai jamais vu en show (ça sera ma 3e fois), mais étant une fan(atique) finie de ce groupe, je ne me tannerai jamais d’aller les voir live. Donc, comme toute fan qui se respecte, j’ai entrepris de réécouter l’entièreté de la discographie, soit les 13 albums (plus de 10 heures de musique) lancés depuis leur début en 1992. Pour être complètement franche (et pas du tout objective), leur album sont tous excellents et sont marqués par des chansons mémorables, qui allient noirceur gothique et voix rauque. Parmi les meilleurs (que je chante à tue tête chaque fois que je les entends), on retrouve “Vampiria” (Wolfheart, 1995), “Full Moon Madness” (Irreligious, 1996), “In and Above Men“ (The Antidote, 2003), “At Tragic Height” (Night Eternal, 2008), “Extinct” (Extinct, 2015), “En nome do medo” (1755, 2017), “The Greater Good” (Hermitage, 2021). Donc, pour vous mettre vous aussi dans le mood Moonspell pour leur prochain passage au Québec, écoutez-donc leur album Greatest Hits!


Le choix de Joé Calvé

Thrones of Blood – Sullivan King. Tout frais de ce mois-ci, la rockstar de la musique électronique Sullivan King nous livre un album qui rencontre toutes les attentes qu’un fan de l’artiste Métal/dubstep aurait. Thrones of Blood se veut être un retour à un style plus électronique si on le compare à Loud, la compilation précédente du compositeur dans laquelle on le voit collaborer avec plusieurs groupes Métalcore. Dans son dernier album, au contraire, tous les artistes collaborateurs sont de la scène dubstep. Malgré cela, on reconnait très bien le style et les accords de Sullivan King. Ses compositions solos comme Thrones of Blood et Watch the Crown Fall donnent majoritairement le caractère Métal à l’album, mais ses collaborations avec, entre autre, Vastive, Left to Suffer et Svdden Death offrent tout de même des morceaux intenses et agressifs qui nous offrent une version de Rocktronics propre à Sullivan King.


Le choix de Sonny

The Haunted – Revolver. The Haunted est né des décombres d’At The Gates, avec les jumeaux Anders et Jonas Björler, Patrick Jensen de Witchery et Per Möller Jensen ainsi que le retour de l’excellent chanteur Peter Dolving absent des 2 derniers albums du groupe. 

L’album ouvre sur les chapeaux de roues avec le bien nommé No Compromise suivi du danger pour les cervicales qu’est le déluge rythmique de 99. Le groupe fait dans un Thrash ultra moderne avec des touches de Death, de Hardcore (par le chant en particulier) et des touches alternatives, le tout bâti par des vétérans en quête d’exploration, comme le sombre et lent Abysmal le refrain hyper accrocheur de Burnt to a Shell.

Un album qui est toujours resté dans ma liste de classiques d’album phénoménal de A à Z et qui n’est pas prêt d’en débarquer. Allez écouter par vous-mêmes. 5/5


Le choix de David De Rosby

Igorrr – Spirituality and Distortion. Si l’arrivée du printemps est synonyme de ménage, aussi bien rendre l’utile à l’agréable en vous partageant ma trame sonore de torchage de planchers! Même si mes choix musicaux de corvées domiciliaires se résument habituellement en dehors de monde Métallique, tel la radio du jeux vidéo Fallout 4 inspirée des années 50 ou le Mambo de Radio Espantoso dans Grand Theft Auto: Vice City (Yup, i’m a fuckin’ geek), le dernier album de Gauthier Serre est absolument un chef d’œuvre d’un bout à l’autre et définitivement un régulier lorsque que j’ai une moppe en main. Rarement un album ne m’a semblé aussi bipolaire que mes propres goûts sonores, mélangeant le Death métal avec du Dubstep au travers de musique baroque teinté de chants d’opéra. Si la troupe française a fait jaser d’elle dernièrement en refusant de vendre de la marchandise en Angleterre dans une salle qui les forçaient à donner 25% de leur profit, espérons qu’il n’en soit pas ainsi pour leur spectacle à Montréal le 23 septembre prochain. Et on va se l’dire, nettoyer son bain en écoutant Parpaing, avec la collaboration George ‘’Corpsegrinder’’ Fisher de Cannibal Corpse, ça rentre en sale!