Quand tu écris dans le domaine métallique, tu dois faire des « affaires » avec des relationnistes de presse. Quand je dis affaires, cela n’a rien de pécunier car, comme je l’écrivais l’autre jour dans un groupe de métalleux sur Facebook, tu ne fais pas une cenne en tapant des mots métalliques pour un blogue quelconque.  Non, quand je dis faire des « affaires » c’est plutôt au niveau des relations avec eux, ce qui consiste à recevoir des courriels, les lire, y répondre ou tout simplement les éviter. De mon bord, je le fais depuis 20 ans et j’ai su développer de bonnes relations avec certains relationnistes.

Donc, quand un relationniste de presse m’envoie une nouveauté avec le dossier de presse mais qu’il m’écrit de nouveau, quelques semaines plus tard, pour voir si j’ai vraiment pris le temps d’écouter ce qu’il m’avait envoyé, c’est qui se passe quelque chose. Certains seraient irrités, trouveraient cela gossant et envahissant mais de mon côté, je lève un sourcil, bien haut.

Assez haut, comme ceux des mesdames qui rasent le duo de sourcils, qui en maquillent de nouveaux et qui exagèrent sur l’élévation de base. Mais de mon bord, quand je vois qu’Austin me récrit pour me demander si j’ai VRAIMENT entendu la nouveauté de tel groupe, c’est parce qu’il sait que cela atteint la cible. Ce gars commence à me connaitre, depuis le temps qu’il me garoche du stock et qu’il analyse ce que je couvre et surtout, ce que je ne couvre pas dans mes textes.

Je ne suis pas en train de dire qu’il me connait mieux que mon épouse, beeeennn non! C’est plutôt un service personnalisé, dans un sens, ce qui n’est pas donné pour tous les relationnistes de presse mais avec Austin, c’est dans LE très professionnel! C’est donc avec un certain entrain que j’ai écouté les trois premières chansons (j’écoute toujours les trois premières chansons d’un album avant de me décider de couvrir ou non) de cette nouveauté de la formation américaine de stoner/doom qu’est Leather Lung.

Album du nom de Graveside Grin, dès les notes initiales de Spit in the Casket, ce groupe tombait dans mes cordes et ce, en cimonaque. Mais c’est quand la voix caverneuse, de celui qui répond au sobriquet de Mike, s’est fait entendre que je me suis dit : « Ouais, ce gars me connait vraiment. Musicalement, parlant… »

L’effet de surprise a été d’une efficacité étonnante, il ne reste plus qu’à passer à la suivante qu’est Big Bad Bodega Cat qui possède, justement, un élan assez boogie woogie. Bien crottée, cette chanson se veut bien cadencée avec une attaque vocale qui me rappelle celle de Gene Simmons de KISS sur I Love it Loud.   

Deux en deux, j’ai les deux pieds dans la gadoue et je suis ravi. J’entame la troisième qu’est Freewheelin Maniac et la guitare bourdonne solidement. C’est possédé vocalement et tout est fuzzé au maximum, les percussions ne font que suivre l’élan de folie proposé par le reste de la bande. C’est avec une introduction de basse oléagineuse que débute Empty Bottle Boogie et si tu ajoutais quelques «Yeah!» à la fin de chaque couplet et refrain, tu pourrais te dire que c’est une pièce de Rob Zombie.  Sinon, il y a Macrodose Interlude qui nous démontre que le vieux Ministry est probablement dans la liste d’influences de Leather Lung.

La pièce La La Land se veut plus hypnotique en introduction, elle reprend en mode impétuosité par la suite. La voix claire est aussi une possibilité avec Leather Lung sur Twisting Flowers mais le tout restera bien poussiéreux pour le reste de l’album avec Headstone, Cornered Animal et Raised Me Rowdy qui se veulent aussi nauséabondes qu’un lipome éclaté par Docteure Bouton.   

Avec des élans me rappelant Weedeater, EyeHateGod et le vieux Clutch, cette formation est venue me chercher immédiatement avec sa sonorité qui propose des effluves de marée basse. C’est swompé, gras et le son de la basse est teinté de suif de porc.

Totalement impolies, les paroles du groupe fessent largement. Même en mode gueulard, nous entendons aisément les « fuck » et les « kiss my a** » car le message doit passer! C’est lourd mais pas lourd dans le sens « death metal » lourd; c’est juste pesant sur l’âme et sur l’esprit.

Bref, aussi santé qu’une lasagne à la chair de saucisse de chez Ils en Fument du Bon!

Disponible le 15 mars sur Magnetic Eye Records.

www.facebook.com/leatherlungcult

Photo : Raz Asraai