L’impact que peut avoir une saison sur un album est tout de même un facteur à ne pas négliger. Surtout quand tu habites au Québec et que les 4 saisons fessent au maximum. En ce moment, avec l’automne qui est bien installé, je ne m’imagine pas en train d’écouter du power metal. C’est trop ensoleillant comme musique, j’ai vraiment besoin de death metal et de black metal. Par contre, du death metal, j’en prends à l’année mais la période automnale et celle plus hivernale sont souvent liées aux arts métalliques plus noircis.

C’est pour cela que le métal noir québécois se veut encore plus bénéfique lors d’une période comme celle-ci. Il y a cet effet de communion lorsque j’écoute le métal noirci de chez-nous car je sens que les saisons ont le même effet que l’auditeur pour ceux qui le produisent. Et je me demande même si le label Sepulchral Productions ne fait pas la même chose en lançant trois albums d’ici, lors de cette journée du vendredi 23 novembre.

Comme de raison, le tout coïncide à merveille avec la Messe des Morts mais au-delà de tout cela, pour ce qui est de mes habitudes d’un monsieur qui approche de la cinquantaine et qui se veut sensible aux saisons, d’aller prendre une marche en écoutant Aube Cannibale de Mêlée des Aurores se veut un match parfait.

Projet de Blanc-Feu et de Cadavre de Cantique Lépreux et Chasse-Galerie, j’apprécie leur approche déstabilisante sur le métal noir. Il y a des ambiances pernicieuses sur cet album, un effet d’étouffement et de malaise général… et c’est ce que j’apprécie sur cette production où une simple balade dans un chemin boisé de Terrebonne s’est avérée être une expérience anxiogène.

Sérieusement, je ne feelais pas à l’écoute des minutes musicales. Désorienté, j’ai appuyé sur PAUSE à quelques reprises, question de reprendre le dessus car lors de certains passages sur l’album, nous retrouvons des arrangements qui produisent des effets déroutants. Que ce soit des touches de piano créant un effet de gouttes d’eau ou des effets de guitares désunifiés, cette série d’arrangements musicaux avaient tout pour me foutre l’angoisse la plus totale. Surtout avec la fraicheur matinale, levant la tête pour y voir un ciel ennuagé.

La pièce Incubation ouvre l’album avec un effet lointain. On ne sait pas ce que c’est et la pétarade embarque. C’est vif sur la guitare et au niveau des percussions, ça fesse amplement. Sans avertissement, un effet de clavier vient s’interposer. Moi qui écoute mes nouveautés avec des écouteurs, je peux vous confirmer que j’ai été plutôt… surpris.

Cet effet perturbant revient, me confirmant que je risque d’avoir d’autres surprises du genre. Avec Soleil des Méduses, l’effet punitif continue grâce à une intervention rapide des instruments qui viennent se heurter à un effet désaccordant de la guitare alors que la voix maligne tente de te montrer une autre voie. Cela propose un flou, un effet de brouillard musical se continue avec les arrangements perturbants des musiciens. J’entends des coups de semonce, une touche de piano est entendue au loin… je nage en plein désarroi.

J’ai écouté l’album trois fois de suite. La dernière fois, j’étais de retour à la maison. Je me suis fait un cappuccino et je me suis enfoncé dans mon divan, écouteurs sur la tête. La pièce titre m’a fessé dans le dash avec ses désaccords incessants. Encore ce piano sur lequel on semble enfoncer un poing avec vigueur, la voix bien feulée avec d’autres couches vocales plus cauchemardesques et denses… Les percussions virevoltent avec fracas, comme si on laissait débouler le kit complet en bas des marches d’escalier… J’ai une boule dans l’estomac plutôt intense qui me pince, jusque dans le milieu du dos.

Oui, c’était mon troisième café de la journée mais cela faisait une méchante traite que je n’avais pas senti autant de malaises physiques en écoutant un album. La dernière fois était avec Ordo Ad Chao de Mayhem. Par contre, je dois avouer que la pièce Ignitus donne un certain répit mais l’effet oppressif reprend dès la première mesure de L’Éternel Retour avec les effets hallucinants sur la guitare. Le rythme est plus transporteur et un effet valsant est proposé, quoique la tourmente se repointe le pif avec la voix courroucée, les pointes tranchantes de la guitare et le tout s’éteindra lentement avec une montée aux percussions.

Expérience musicale consternante grâce à Mêlée des Aurores qui propose, rien de moins, qu’un désaccord complet. Dualité entre mon cerveau qui apprécie ce qu’il entend et mon corps qui réagit à cette surdose d’agitation anxieuse, créant en moi des dérangements au niveau de mes organes.

Donc, qu’une formation réussisse à créer une telle expérience musicale et physique prouve la grande compétence du duo qu’est Mêlée des Aurores.

Fortement recommandé!

Disponible le 23 novembre sur Sepulchral Productions.

www.sepulchralproductions.com